Côte d’Ivoire : Bohoun Bouabré est décédé hier à Jérusalem, dans le dénuement total

Le 12 janvier 2012 par IvoireBusiness – Paul-Antoine Bohoun Bouabré, puissant argentier de la Présidence de Laurent Gbagbo et initiateur du budget sécurisé grâce auquel la Côte d’Ivoire vécu sur fonds propres pendant près d’une

Paul-Antoine Bohoun Bouabré.

Le 12 janvier 2012 par IvoireBusiness – Paul-Antoine Bohoun Bouabré, puissant argentier de la Présidence de Laurent Gbagbo et initiateur du budget sécurisé grâce auquel la Côte d’Ivoire vécu sur fonds propres pendant près d’une

décennie, sans apports extérieurs, est décédé le 11 janvier 2012 dans un hôpital israëlien.
En effet, Bohoun Bouabré est mort à Jérusalem à l’hôpital HADASSAH EIN –KEREM, d’une longue maladie. Selon sa famille et ses proches, il souffrait d’une insuffisance rénale. Il s’était rendu pour des soins en Israël au mois de mars 2011, soit un mois avant la chute du Président Gbagbo. Il n’avait, de toute évidence, pas prévu une issue fatale à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, car il est décédé dans le dénuement le plus total, n’ayant plus d’argent pour faire face à ses soins très couteux. Ses comptes ayant été gelés par l’Union européenne et par le gouvernement d’Alassane Ouattara. Bohoun Bouabré avait envoyé une mission humanitaire auprès de Ouattara pour un dégel de ses comptes afin qu’il puisse se faire soigner, mais celle-ci a essuyé un refus catégorique de ce dernier.
Il y a quelques mois, un journal ivoirien, l’Intelligent d’Abidjan, avait lancé un appel pour lever 100 millions de Fcfa en sa faveur, afin qu’il puisse se soigner. Mais cet appel n’avait également pas été entendu par les ivoiriens, qui depuis hier sont tombés des nus à l’annonce de son décès.
Hier, la rédaction d’IvoireBusiness avait dû faire face à une avalanche d’appels d’ivoiriens et d’amis de la Côte d’Ivoire, afin d’avoir la confirmation de sa mort.
C’est la mort dans l’âme que nous les avons informés de la mort mercredi matin du ministre, qui aura lutter dignement contre la maladie.
Que la terre lui soit légère.
Ses parents et proches, accourus à Jérusalem à l’annonce de son décès, s’activent pour le retour dans les prochaines heures de sa dépouille mortelle en Côte d’Ivoire à Niakia, dans la prefecture d'Issia.
Le décès Niaka, de Paul-Antoine Bohoun Bouabré, professeur d’Economie à l’Université d’Abidjan, ministre de l'Économie et des Finances de Laurent Gbagbo d’octobre 2000 à décembre 2005, puis ministre d'État chargé du Plan et du Développement, appelle quelques remarques.
La quasi-simultanéité entre l’annonce de la découverte des restes du journaliste Guy-André Kieffer à Issia par le juge Patrick Ramaël et sa mort à Jérusalem, ne laisse personne indifférent.
Surtout que le ministre était accusé par le juge Ramaël d’avoir trempé dans l’assassinat du journaliste franco-canadien. D’où, selon des analystes, la découverte contre toute attente du corps de Kieffer le 06 janvier dernier, sur les terres natales de Bohoun Bouabré à Issia, au campement baoulé Yaokro.
Cela en ramant à contre-courant des aveux d’un des tueurs de Kieffer, Gorge profonde, le 04 janvier dernier au quotidien « Le nouveau Courrier », selon lesquels Kieffer avait été assassiné par lui et son commando par étouffement, et enterré sur l’autoroute du Nord, entre Abidjan et Sikensi.
Jusqu’à ce jour, ni le tueur Gorge profonde, ni le quotidien l’ayant interviewé, n’ont été entendus par le juge Patrick Ramaël.
Certains analystes penchent pour l’assassinat de Bohoun Bouabré par les services d’une puissance occidentale. Ils brandissent la thèse selon laquelle, ayant été blanchi par les révélations de « Gorge profonde », dont les aveux mettent directement en cause le camp Ouattara, et par une note confidentielle de la DGSE publiée le 10 janvier dernier par IvoireBusiness, et portant la mention « Document SECRET de la DGSE de type A1, daté du 07 avril 2004, DOSSIER N°4810/DGSE/PD/04 », mettant en cause directement l’Elysée dans l’opération SATANIC2, opération d’assassinat de Guy-André, Bohoun Bouabré devenait très gênant.
Des lors, pour ces analystes, il fallait précipiter sa mort pour l’empêcher de parler et se blanchir de la mort de Kieffer. Et la maladie dont il souffrait à Jérusalem donnait l’occasion à ces services occidentaux, de précipiter sa mort.
On a encore en mémoire la mort d’Omar Bongo, de Yasser Arafat, de Sarata Ottro Touré, de Mallam Bacaï Sana, etc, tous par maladie en Espagne ou en France.
Sans verser dans la polémique et tout en respectant le deuil de sa famille et de ses amis, nous pensons qu’Israël n’était pas le lieu indiqué pour un ministre de la trempe de Bohoun Bouabré pour aller se faire soigner. Ce n’était pas une destination « Safe », c'est-à-dire une destination de sûreté, vu que le régime Ouattara maintien au plus haut niveau, des liens avec l’Etat d’Israël.
Des pays comme l’Afrique Sud, l’Angola, le Ghana, la Guinée équatoriale pouvaient valablement accueillir l’ homme intègre que fut Bohoun Bouabré.
Sa mort est une grande perte pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique.
Avec le décès de Bohoun Bouabré, la ville d’Issia vient encore de perdre un autre de ses illustres fils, après l’assassinat le 11 avril 2011 de Désiré Tagro, puissant ministre de l’Intérieur de Laurent Gbagbo, et originaire également d’Issia.
Les deux hommes, c’est vrai, avaient eu maille à partir, mais dit-on, c’était pour l’amour qu’ils portaient tous deux pour Issia.
Que les nouvelles autorités permettent maintenant qu’il soit enterré dignement parmi les siens à NIAKIA, son village natal.

Christian VABE