Célébration de l’après Gbagbo – La louange du diable
Notre confrère Le Patriote est formel : « 30 jours sans Gbagbo et le Fpi, la Côte d’Ivoire vit mieux ». C’est sa Une du mercredi 11 mai 2011, rappelant qu’il y a un mois (11 avril – 11 mai 2011) que
Notre confrère Le Patriote est formel : « 30 jours sans Gbagbo et le Fpi, la Côte d’Ivoire vit mieux ». C’est sa Une du mercredi 11 mai 2011, rappelant qu’il y a un mois (11 avril – 11 mai 2011) que
Laurent Gbagbo a été renversé du pouvoir. Notre confrère se complait dans un regard jouissif d’une réanimation de façade de la vie économique et sociale de la Côte d’Ivoire pour conclure que 30 jours après la chute de l’ancien Président de la République, ce pays vit mieux. Vraiment ! Mais n’oublions pas que ce quotidien est le même qui, en son temps, avait théoriquement divisé la Côte d’Ivoire en deux, avec un Nord coupé du Sud, qui avait promu dans la conscience nationale l’idée des coups d’Etat, de la rébellion jusqu’à ce que cette rébellion soit une réalité affligeante. Et l’auteur de l’article est formel : « la Côte d’Ivoire vit mieux ». Or, l’actualité ne cesse de démontrer qu’il n’y a plus de place dans les morgues et que les cadavres jonchent encore les rues de certains quartiers d’Abidjan.
De nombreux charniers sont découverts à Yopougon et ailleurs. Les exactions et les exécutions sommaires continuent de jeter l’effroi sur les survivants. C’est tout cela qui est réjouissant pour le confrère qui jubile. C’est vrai, entre celui qui porte le coup et celui qui reçoit le coup, la sensation ne peut être la même. Le premier jouit et le second gémit. Le confrère, comme d’habitude, se trouve dans le camp de ceux qui portent le coup. C’est pourquoi il célèbre les assassinats. Il loue la violence. Il magnifie le sang. Il loue donc le diable. Et l’auteur de cette louange du diable mettra sa main au feu pour prouver qu’il est Ivoirien. Qu’il aime ce pays. Qu’il aime les êtres humains. Y compris ceux tués lâchement. Qu’il est chrétien ou qu’il est musulman. Qu’il croit en un Dieu vivant. Et qu’il a la crainte de ce Dieu. C’est fort de cette logique qu’il se réjouit et affirme que ce pays vit mieux depuis la chute de Gbagbo. Des familles entières disparaissent jour et nuit. Des hommes et des femmes, traqués pour leur opinion, comme jamais cela a été vu sous le régime Gbagbo. Et notre confrère, certainement loin des larmes et de la douleur, qui ne sait pas ce que cela signifie que de devoir changer de couchette tous les jours, estime que « la Côte d’Ivoire vit mieux » après Gbagbo. On se rend donc compte qu’il existe deux Côte d’Ivoire. Celle qui jouit et celle qui gémit. Mais il est malheureux de constater que la France, l’Onu et l’Union européenne sont complices de cette louange du diable. Puisque ce sont elles, à travers la Licorne et l’Onuci, qui organisent ces massacres. De même, les organisations des Droits de l’homme, qui devraient être indignées par de telle promotion de l’horreur et du non-droit se terrent, pour ne pas dire pire. La louange du diable, qui a divisé deux fois la Côte d’Ivoire, la plonge de plus en plus dans la guerre civile et même les génocides. Sous les yeux de la communauté internationale. Dommage !
Suzanne Assalé