Business: Un milliardaire nommé Vincent Bolloré

Le 13 février 2011 par IvoireBusiness – Le milliardaire Vincent Bolloré avait fait beaucoup parler de lui grâce à son yacht emprunté

Le milliardaire français Vincent Bolloré dit "Bollo".

Le 13 février 2011 par IvoireBusiness – Le milliardaire Vincent Bolloré avait fait beaucoup parler de lui grâce à son yacht emprunté

par un certain Nicolas Sarkozy, tout juste élu Président de la République en 2007, pour une croisière de luxe qui avait beaucoup défrayé la chronique. Les médias avaient alors fustigé un Président Bling bling, ami des riches et pas proche du petit peuple.
Tout commença pour Vincent Bolloré à partir des papeteries familiales en perdition. Ensuite, l'homme d'affaires bâti en 25 ans, à coups de raids de haute volée et de choix audacieux un groupe diversifié de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et de 30 000 salariés. Son appétit s’étend aujourd’hui à la télévision, à la presse gratuite, à la publicité ou à la voiture électrique. "Bollo", qui a pour beau-frère Gérard Longuet, sait cultiver les amitiés politiques de tous bords, de Sarko à l'ancien ministre RPR Michel Roussin, Monsieur Afrique de son groupe, son groupe en passant par le député européen socialiste Bernard Poignant. Portrait d’un patron charismatique et conquérant.
De son bureau vitré au 17e étage de la tour qui porte son nom, Vincent Bolloré a une vue imprenable sur la Tour Eiffel et sur la Seine. Mais, le patron du groupe Bolloré tient les rênes d’une entreprise née sur les rives de l’Odet en Cornouaille. Ce petit dernier d’une famille de cinq enfants élevés dans les quartiers chics de l’ouest parisien débarque à Ergué-Gabéric en 1981. « Je n’ai pas hérité d’un capital, mais de relations », reconnaît Vincent Bolloré, sixième génération à diriger l’entreprise qui perd alors un million de francs par mois. Sitôt redressées les papeteries, il introduit Bolloré Technologie en bourse en 1983 et diversifie à tous crins. « Lorsque je suis arrivé à la tête de ce groupe, j’ai décidé de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier pour durer », explique l’industriel. Parrainé par le financier d’exception Antoine Bernheim, Vincent Bolloré entreprend une irrésistible ascension. En 1991, surgit cet homme blond, riche et audacieux qui emporte une bataille épique pour prendre le contrôle de l’armateur Delmas Vieljeux. Dans le gotha des affaires, il occupera désormais une place à part, celle du raider flamboyant qui défie les règles de l’establishment.
Magnat insatiable
Il se fait une spécialité de mettre le pied dans la porte de groupes puissants mais à la valeur boursière décotée et au capital ouvert. Chez Bouygues et Pathé, il entre et sort du capital avec des plus-values respectives de 1,5 et 1,6 milliards de francs en poche. Une irruption inopinée au capital de Rue Impériale de Lyon, filiale de Lazard, lui permet d’encaisser 1,9 milliards de francs. Enfin, des prises de participation chez la banque Rivaud, Mediobanca, le champion des tubes sans soudure Vallourec et le leader des terminaux de paiement Ingenico. Ces raids lui valent le surnom de « petit prince du cash-flow ». Jamais auparavant, hormis peut-être François Pinault, un grand patron breton n’a fait à ce point fait parler de lui, ni aimanté le regard de ses pairs. « Vincent Bolloré est doté d’un incroyable sens de la communication personnelle, décrit Jean Bothorel. Il dégage une grande énergie et un vrai charisme. » Avec un modèle économique hors normes, son groupe gagne de l’argent grâce à des positions dominantes acquises dans les papiers fins, les films plastiques, les condensateurs, la distribution d’énergie et les plantations. Mais, Bolloré, c’est d’abord un grand de l’armement maritime et de la manutention portuaire, principalement en Afrique. Ces deux métiers contribuent l’essentiel du résultat d’exploitation de ses activités. L’an dernier, le groupe a affiché un résultat net historique de 640 millions d’euros. « Notre groupe s’est hissé parmi les 500 premiers mondiaux sans jamais lever de capitaux en bourse », assène fièrement Vincent Bolloré.
Médias, Publicité, Blue Car, Télécoms, etc…
Depuis quelques années, ce magnat, aussi fascinant que puissant, aussi calculateur que séduisant, tente l’incroyable pari de transformer un empire financier, maritime et papetier en un groupe de communication. « Nous souhaitons y investir 10 % de nos actifs du groupe, soit environ 500 millions d’euros », annonçait-il en 2004. Le voilà maintenant présent sur l’ensemble des activités clés pour la communication : télévision numérique terrestre avec la chaîne Direct8 dont son fils Yannick est le directeur des programmes, radio, cinéma (Mac-Mahon et participation dans Gaumont), production audiovisuelle (Euro Média Télévision), Internet et même publicité. L’homme d’affaires devrait monter d’ici fin juin à 31 % chez Havas, le numéro six mondial de la publicité qu’il préside après sa prise de contrôle homérique de l’été 2005. Insatiable Vincent Bolloré qui a également jeté son dévolu sur le britannique Aegis où il cherche à imposer ses vues et acquis en septembre 40 % du holding de l'institut de sondages CSA. Décidément de plus incontournable dans les médias, Bolloré s’impose dans la presse écrite. Après le lancement en juin 2006 du quotidien Direct Soir diffusé dans 34 villes à 600 000 exemplaires, il récidive en février avec MatinPlus, autre gratuit conçu en partenariat avec Le Monde, puis avec BretagnePlus. On lui prête un intérêt pour les Échos et l’intention de créer un hebdomadaire féminin gratuit. Dans les télécoms, il a investi dans le haut débit sans fil en déboursant plus de 78 millions d’euros pour douze licences Wimax et dans une nouvelle technologie mobile, le Wifi. Et ce n’est pas tout. « Vincent Bolloré croit énormément dans la voiture électrique », complète Jean Bothorel. L’industriel breton a annoncé début mars le rachat de la société canadienne Avestor, son seul concurrent sur ce marché où il se positionne avec la BlueCar équipée de batteries Lithium-Métal-Polymère produites dans l’usine de Penn Carn. La voiture électrique dessinée par Pininfarina, couturier des Ferrari, a reçu l’homologation pour pouvoir emprunter les voies de circulation automobile. Vincent Bolloré espère voir ses BlueCar rouler en ville « à partir de 2010-2011 » avec un plein de « 2 ou 2,50 euros » avec une autonomie de 250 km.
Classé 16e fortune de France par Challenges, Vincent Bolloré a programmé son départ pour 2022. Il aura alors 70 ans. Les quinze années qui nous séparent du bicentenaire du groupe devraient voir de nombreux autres projets aboutir et l’éblouissante ascension de « Bollo » se poursuivre. La Bretagne tient décidément un patron éclatant dont l’étoile n’est pas prête de pâlir.
Ronan LE FLÉCHER