Bceao : Panique à Dakar depuis le silence radio d’Abidjan. Va-t-on vers une dévaluation du Fcfa?

Le 03 février 2011 | IvoireBusiness - Abidjan ne décroche plus Dakar. Tel pourrait être le titre du dernier feuilleton du film à rebondissements désormais appelé « affaire signature d’Alassane Ouattara à la Bceao ».

Spécimens de la future monnaie ivoirienne, la MIR.

Le 03 février 2011 | IvoireBusiness - Abidjan ne décroche plus Dakar. Tel pourrait être le titre du dernier feuilleton du film à rebondissements désormais appelé « affaire signature d’Alassane Ouattara à la Bceao ».

En effet, depuis la réquisition de la Bceao par le gouvernement du Président Laurent Gbagbo, le 25 janvier dernier, le siège d’Abidjan désormais appelé Banque nationale, ne répond plus aux injonctions et aux instructions du siège de l’institution situé à Dakar, a-t-on appris de source proche du président en exercice du Conseil des ministres de ladite banque.
"La situation est grave", a déclaré le président en exercice, José MarioVaz, ministre bissau-guinéen des Finances, lors de son discours d`ouverture d`un Conseil des ministres extraordinaire de la Banque centrale des Etats d`Afrique de l`ouest (BCEAO) à Dakar.

Il a rappelé que le 26 janvier "les locaux de la Banque centrale (à Abidjan) ont effectivement été investis et le personnel qui s`y trouvait a été retenu pour effectuer différentes opérations relevant de la Banque centrale (...) en présence de la force publique".

"Le personnel de la Banque est pour sa part astreint aux obligations de la réquisition", ordonnée par le gouvernement du président ivoirien Laurent Gbagbo, pour l’instant non reconnu par la communauté internationale.

"Depuis lors, l`agence principale d`Abidjan ne répond plus aux injonctions et aux instructions du siège", ajoute M. Vaz, dont copie de la déclaration a été transmise à IvoireBusiness.

Pour lui, les actes de réquisition des installations et du personnel des agences de la Bceao sur le territoire ivoirien, posés par le Président Laurent Gbagbo, sont "très graves" ainsi que la nomination d’un directeur par intérim à la tête de la direction nationale de la Bceao, rebaptisé banque nationale.

"Ces actes sont sans précédent" dans l`histoire de l`Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) dont la BCEAO est la banque émettrice, et "sont commis en violation des dispositions" du traité de l`Union.
M. Vaz a rappelé qu`ils "font suite" à la décision de l`Uémoa et de la BCEAO "de ne permettre qu`aux représentants désignés par le gouvernement" du rival de M. Gbagbo, Alassane Ouattara, reconnu président à l`étranger, "d`effectuer les mouvements sur les comptes de la Côte d`Ivoire" à la BCEAO.
Selon des proches du Président Laurent, la décision de donner la signature de la Bceao à Alassane Ouattara est sans précédent et irresponsable, et le gouvernement du Président Gbagbo n’a fait que prendre des mesures conservatoires pour préserver les interêts du peuple ivoirien et de la Côte d’Ivoite, détentrice de 45% des avoirs au sein de l’Uemoa.

Toutes choses qui alimentent les rumeurs d'une éventuelle dévaluation du Fcfa au cas, très probable, ou la Côte d'Ivoire sortait de l'Uemoa et battait sa propre monnaie.

M. Vaz estime que le Conseil des ministres devra prendre des "décisions" destinées à préserver "les acquis de notre union monétaire, vieille aujourd`hui de cinq décennies". Le Conseil devra également "accorder une attention particulière à la création des conditions de sécurité nécessaires pour le personnel et les installations" de la BCEAO en Côte d`Ivoire.
Nous y reviendrons

Eric Lassale