Audience de Gbagbo: La CPI ressuscite le concept de l’Ivoirité et enfonce le RHDP

Le 22 février 2013 par Event News: La CPI ressuscite l’Ivoirité et enfonce le RHDP.

La communication du bureau du procureur qui a commencé mercredi 20 février va se poursuivre jusqu’au vendredi 22, selon le calendrier de l’audience de confirmation des charges. Mais avant, c’était au bureau du conseil public pour les victimes de défendre les intérêts des 182 victimes qui participent à cette affaire. Dans son réquisitoire, Mme Paolina Massidda, l’avocate des victimes a fait l’historique de la crise ivoirienne. Pour elle, le drame que vivent les ivoiriens aujourd’hui trouve ses origines dans la guerre de succession à Houphouêt-Boigny, décédé en 1993. Et qui a opposé Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara
Cette guerre des héritiers donnera naissance au concept de l’Ivoirité en 1994, prôné par Bédié dans le but d’exclure son rival du jeu politique pour les présidentielles de 95. L’avocate des victimes soutiendra également que cet affront va déboucher sur un coup d’Etat manqué qui se muera en rébellion, venue du Burkina Faso en septembre 2002. Une rébellion qui luttait contre l’exclusion de M. Ouattara du jeu politique. Cette rébellion, toujours selon Palolina Massidda, consacrera la partition de la Côte d’ivoire avec son cortège de victimes. Désormais, en Côte d’Ivoire on parle des ivoiriens du nord et des ivoiriens du sud. Mieux, des musulmans du nord et des chrétiens du sud. Elle expliquera que ce concept a inspiré les partisans de Laurent Gbagbo lors de la campagne électorale de novembre 2010.
A plusieurs reprises, elle fera allusion aux slogans de campagne de la LMP : « On gagne ou on gagne », « Il n’ y a rien face , devant c’est maïs ».
Pour Mme Paolina Massidda, tous ces slogans avaient pour but de maintenir le président Laurent Gbagbo au pouvoir quelque soit l’issue des élections. Elle avancera que le slogan « Il n’ y a rien face , devant c’est maïs » est un mépris pour tous les planteurs, vendeurs et consommateurs de maïs, essentiellement venus du nord de la Côte d’Ivoire. Commentant les propos liminaires du bureau du procureur, l’avocate des victimes contestera les chiffres avancés par ce dernier. Pour elle, il y a eu plus de victimes que celui annoncé par le procureur. Elle fera allusion aux nombreux « dioulas » résidant dans les quartiers de Doukouré et Mami Faitai sis à Yopougon, fief du président Laurent Gbagbo. Pour finir, elle fera un détour sur le dernier meeting de la JFPI organisé le 16 février 2013. « C’est de la provocation, alors que la Côte d’Ivoire amorce une phase de réconciliation », dira l’avocate des victimes.
Autant d’allégations que la défense se réserve de répondre dans son exposé à partir du lundi 25 février prochain. Mais avant, Me Barouan Agathe Bahi de l’équipe de défense, a tenu à faire quelques mises au point. « Il n’a jamais existé de musulmans du nord et de chrétiens du sud. Les Ivoiriens ont toujours vécu en harmonie et justement jusqu’au déclenchement de la rébellion du 19 septembre 2002, comme le rappelle l’avocate des victimes. En outre, celle-ci aurait dû se pencher sur l’ensemble des victimes, car les victimes ont une seule chose en commun, c’est la douleur, c’est la souffrance. Aussi, autant des musulmans ont été tués, autant des chrétiens l’ont été également. »
En tout cas, les débats qui ont commencé à la CPI depuis l’ouverture de cette audience sont l’expression de la profonde fracture sociale qui secoue la Côte d’ivoire et qui risque de laisser une tache indélébile dans la conscience collective.
La question reste de savoir si cette audience de confirmation des charges ne va-t-elle pas raviver les tensions dans une Côte d’ivoire en quête de stabilité ?

De P.kouhon/ Envoyé spécial à la Haye (Eventnews Tv)