Arts et ShowBusiness: A la rencontre de Commandant Atsé, un adepte du reggae francophone

Par IVOIREBUSINESS - A la rencontre de Commandant Atsé, un adepte du reggae francophone.

"COMMANDANT ATSE" EST SEMBLE-T-IL, LA REVELATION DU REGGAE
SUR FOND D'HUMOUR SARCASTIQUE DANS L'HEXAGONE.
NOUS L'AVONS RENCONTRE RECEMMENT A PARIS.
BREF ENTRETIEN.
"LA GALERE N'A PAS DE FRONTIERE, NI DE PAYS"...

"IVOIREBUSINESS": Vous vous positionnez davantage comme la révélation du reggae francophone avec ce brin d'humour en cette période estivale. Pouvez-vous nous parler
de votre musical?

CA: j'étais un militant associatif responsable d'activité culturelle dans les quartiers dits sensibles en France, là ou j'ai passé une grande partie de ma vie , là avec mes amis et mes collègues on faisait la musique pour notre plaisir personnel et pour nous amuser , jusqu'à ce qu'un jour un ami qui est directeur artistique chez "Universal Music France", me dise dans son bureau, alors que j'y étais pour lui parler d'un groupe de jeunes rappeurs de la région Parisienne: Tu sais, tu devrais me faire un truc ... .Etonné, je lui dis : De quoi tu parles ? il me dit - tu devrais me faire une démo de toi .
Je ne l'avais pas pris au sérieux.
Un autre jour, je passe le voir dans son bureau à "Universal Music" et il me fait une surprise , il me tend une feuille de réservation d'un studio d'enregistrement , c'était un bon de commande et il me dit - je t'ai réservé une journée d'enregistrement dans un studio, formes ton équipe, tu leur donnes une date et tu m'enregistres un truc... s'il te faut plus de jours tu me le dis.
Ensuite, il me donne une autre feuille en me disant celle- ci, c'est pour engager des musiciens pour t'accompagner , tu leur fais remplir ça , ils y mettent leur nom , leur prénom ,leur numéro de sécurité sociale , leur adresse et tu me la renvoies pour qu'ils soient payés.
Je finis donc par accepter la proposition et donc j'appelle "Aboubasse", le bassiste "d'Alpha Blondy" , la chanteuse "Monique Séka" qui est une cousine , qui contacte son guitariste "Vieux Dodo" .Puis, j'appelle d'autres musiciens que je connaissais et fréquentais pour m'aider et m'accompagner dans mon aventure en studio ce jour- là. Je fais donc une chanson que j'envoie à mon ami à "Universal Music", celui- ci est agréablement surpris et trouve le morceau au top, il me dit - je m'attendais à ça!
j'avoue que c'est plus tôt, moi qui suis le plus surpris, car la chanson était un vrai tube.
Ensuite, par malchance quelques jours après , "Universal Music" a décidé, fort de de la crise du disque de licencier son personnel: Mon ami est donc passé à la trappe.. .
Aujourd'hui la musique est ma vie , je ne fais plus que ça. je me rappelle souvent les images foudroyantes de l'artiste "Burning Spear" pleurant sur scène a "l'Hippodrome de Vincennes" à Paris pendant les concerts de "SOS racisme", sans oublier, l'effet que m'a fait, la vue sur scène du grand "Féla Anikoula KUTI", un grand artiste musicien Africain impressionnant et très engagé.
Je me suis promis de créer , de chanter et d'incarner mes oeuvres avec autant de sincérité que ces grands artistes.
Mon parcours de militant associatif et ma galère en France m'aident beaucoup pour mon style d'écriture et ma musique.
je prends de la hauteur et beaucoup de recul pour écrire des chansons engagées avec divers degrés de lecture pour embarquer et pour faire plonger les gens dans mon Univers , un univers dans lequel je raconte avec une pointe d'humour les travers de la société et de la nature humaine.

"IVOIREBUSINESS": Qu'est-ce-qui a favorisé le déclic en vous musicalement parlant?
CA:

- j'ai été bercé toute mon enfance par la musique Africaine et le reggae Jamaicain de "Bob Marley" , "Peter Tosh", "U Roy" etc......
En France, j'ai découvert le rock et le hard rock ensuite je tombe dans la déferlante Hip Hop qui débarque sur la France.
Mais le vrai déclic musicalement parlant que j'ai eu un jour d'été lors d'un concert de "SOS racisme" a été sans aucun doute la vue sur scène de l'artiste "Burning Spear". je ne comprenais pas tout se qu'il racontait dans la chanson, mais ses pleurs, ses larmes et la puissance de l'émotion qu'il nous faisait partager était si intense et en plus la musique reggae dans sa structure rythmique et ses mélodies douces, portait et mettait tout cela en valeur avec puissance sans précédent , à tel point qu'au fond de moi je savais de quoi il parlait , même si je ne comprenais pas bien l'anglais à cette époque. Sans oublier le même jour le père "Féla Anikoula KUTI" qui incarne et assume son engagement aussi bien pour sa musique que pour sa vie au quotidien , je ne pouvais pas qu'être sensible et fasciné.

"IVOIREBUSINESS": Vos chansons s'abreuvent à la source du vécu quotidien, en fustigeant les maux de la société contemporaine avec ce brin d'humour!Etes-vous une sorte de nouveau "Coluche" du reggae francophone?

CA": - Le nouveau "Coluche" du reggae francophone je ne sais pas , mais en tout cas la référence me plait, j'adore et respecte beaucoup ce qu'a fait "Coluche", j'essaie de coller au plus près de ma personnalité dans ma démarche artistique et cette manière d'écrire et de raconter les choses à travers mes chansons me correspond bien, car je chante ma galère, les maux de notre société contemporaine et les travers de la nature humaine avec cette pointe d'humour parce que j'ai compris depuis toujours qu'avec l'humour on peut tout passer et en plus, cela reste dans la mémoire des gens , parce qu' en général quand on entend une histoire qui nous fait rire, on a toujours le réflexe de la tenir dans sa mémoire pour pouvoir ensuite la partager avec les autres .
on se souvient encore des oeuvres de "Coluche", je suis très fière et très honoré de la comparaison à "Coluche".
Quand tu parles d'espace Européen , j'avoue que c'est l'environnement que je connais le mieux mais je m'efforce de m'adresser à tous les humains parce que la galère n'a pas de pays et ne connait pas de frontières.

"IVOIREBUSINESS": Dans le tube une vie de chien, quel est le message que tu veux renvoyer aux politiques?

"CA": Oui, c'est une histoire dramatique qui m'a inspiré cette chanson " une vie de chien " je la raconte avec un peu d'humour, mais le fond du problème est là , des situations absurdes qui n'ont pas de sens pour des humains normaux , mais des humains normaux, est-ce qu'il en reste? .
Me voilà en galère tout seul avec un chien, un rottweiler dans mon appartement, dans une cité de la région Parisienne. Moi, je me retrouve tout seul parce que ma femme vient de me quitter en embarquant tous les meubles de l'appartement et le chien, lui c'est parce que son maître vient de se faire rapatrier en Afrique, parce qu'il est sans papiers et pourtant il était engagé pour surveiller toute la nuit les entrepôts d'une gare "SNCF" de la région Parisienne avec son chien. Imaginez le pauvre jeune homme qui n'a pas de papiers, mais qui essaie de s'en sortir et trouve une société de gardiennage qui l'engage et l'envoie surveiller toute la nuit, les entrepôts de la "SNCF", la société nationale de chemin de fer Français .
Le matin, éreinté , son chien et lui prennent le train pour rentrer chez eux , ils tombent sur une patrouille de policiers dans le train qui lui demande ses papiers et comme est sans papiers, alors il se fait arrêter et rapatrier, par contre le chien lui est resté au commissariat parce que le jeune homme avait en sa possession les papiers du chien! Donc en gros, le chien reste sur le territoire Français parce qu'il a des papiers.... Allez-y comprendre quelque chose....
je suis réveillé tôt le matin , c'est a dire vers midi , car à cette époque , ma femme m'avait quitté et donc je n'avais pas de raison de me lever tôt, mais j'avais beaucoup de raison de me coucher tard, enfin bref le commissariat m'appelle et me demande de passer chercher le chien parce que son maître avait été rapatrié et avait demandé aux policiers de me confier le chien.. . J'étais furieux , je les ai traités d'abrutis et d'inhumains , ils ont donc menacé d'euthanasier le chien . Le verbe "euthanasier" au téléphone m'a calmé : j'ai donc ravalé ma colère et suis allé récupérer le chien .
Le soir arrive, je me fais à manger et je prends soin du chien . Je n'ai pas pu manger parce que le chien ne mangeait pas et il me regardait assis en face de moi , je t'assure que je sentais dans son regard qu'il voulait qu'on retourne au commissariat chercher son maître ... j'avoue que sur le moment j'avais pas le choix, j'étais obligé de lui expliquer la situation , crois- moi aujourd'hui je comprends l'approche de vieilles blanches qui parlent avec leur chien dans les rues Parisiennes...
j'avoue que j'ai pleuré cette nuit- là. Le chien a fini par manger et moi j'ai fini mon repas .
quelques jours plus tard, j'ai écrit cette chanson et à chaque fois que je la chante , à chaque fois que je l'entends, ça me rappelle cette nuit- là .

(PROPOS RECUEILLIS PAR YVES T BOUAZO)