Armée nationale: Ça grogne au sein des FRCI
Le 28 mars 2013 par L'INTER - LES FRCI EN COLÈRE.
Des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) à San-Pedro et sur l’île Boulay, grognent. Plusieurs d’entre eux ne cessent de nous interpeller sur la conduite de leurs supérieurs hiérarchiques qui, selon eux, »leur mènent la vie dure ».
A San Pédro, des éléments fulminent contre le patron du bataillon de sécurisation du Sud-ouest (BS-SO), le Capitaine Delta. Deux faits lui sont reprochés. Primo, selon eux, le patron du BS-SO ferait des nominations en dehors de la structure militaire et secundo, il serait en train de remplacer ceux qui attendent d’être réinsérés, par ses »petits » à lui. « Depuis qu’il a été affecté à ce poste, il procède à des nominations en dehors des règles militaires, créant ainsi la frustration au sein des militaires chargés de sécuriser la zone », a indiqué un militaire que nous avons rencontré.
Pour en savoir davantage, nous avons joint par téléphone, le lundi 25 mars 2013, un gradé de l’armée dans la zone. Celui-ci s’est voulu prudent sur la question, avant de déclarer qu’il y a effectivement des éléments mécontents. « Quand il a été affecté ici, il a procédé à des nominations qui n’ont pas du tout plu aux soldats. A San-Pedro par exemple, il a dégommé un sous-officier au profit d’un sans matricule qui lui est proche. A Sassandra, il a remplacé un officier par un sous-officier. Il place les gens en fonction de ce que ceux-ci lui rapportent », nous a soufflé cet élément, requérant l’anonymat, non sans prévenir en ces termes : « plusieurs éléments ici attendent d’être réinsérés. En les mettant sur la touche, il leur donne l’impression qu’ils seront éjectés. Du coup, ceux-ci le soupçonnent de vouloir les écarter et menacent en sourdine de réagir. Surtout que le nouveau patron, chaque fois qu’il vient à Abidjan retourne avec des éléments pour remplacer ceux qui sont sur place ».
En tout cas au sein de la grande muette, l’affaire fait grand bruit en ce moment. Surtout que des militaires estiment que le patron du bataillon de sécurisation du Sud-ouest devrait être à la retraite depuis le 31 décembre 2012. « Il devait aller à la retraite comme le Colonel Coulibaly Adama du Groupement des sapeurs pompiers militaires (GSPM), l’Adjudant Brou Kouassi l’Adjudant d’Abdoulaye Bakayoko. Mais il est toujours sur place », pestent ces militaires, qui ont invité le Chef d’état-major général (CEMAG) des FRCI, le Général Soumaïla Bakayoko, à se pencher sur leurs difficultés. « Le Général était ici, et il nous a demandé de patienter. Aujourd’hui, tout porte à croire qu’on veut nous laisser tomber. Nous ne sommes pas d’accord », a soutenu un militaire. Pour en savoir plus, nous avons tenté de joindre le patron du BS-SO. Nous avons pu avoir au téléphone un de ses proches collaborateurs, hier mardi 26 mars 2013. Il a semblé étonné de ce qu’il a qualifié »d’allégations de la part de délateurs ».
Cassure de l’ordre ancien
Pour lui, ceux qui accusent le Capitaine Delta sont, en fait, des éléments qui s’étaient constitués pour racketter les populations en leur faisant subir des traitements humiliants. « Depuis que le patron est arrivé, un travail important a été abattu ici à San-Pédro. On ne rackette plus n’importe comment et la discipline militaire est de retour au sein de la troupe », nous a indiqué le collaborateur de Delta. Qui a rappelé que trois soldats ont été récemment radiés parce qu’ils auraient extorqué 300.000 FCFA à des populations à Grand Béréby. « Il y avait des seigneurs de guerre ici, constitués de chasseurs traditionnels qui rackettaient des entreprises. Le patron les a chassés et rétabli l’ordre. C’est tous ceux-là qui lui en veulent au point de le dénigrer », a-t-il soutenu.
Avant de relever qu’à l’arrivée du Capitaine, le bataillon qui n’existait que de nom a été organisé en cinq (5) compagnies commandées par des militaires de carrière. « On ne nomme pas en fonction du grade, sinon, le capitaine lui-même ne serait pas nommé chef de bataillon de sécurisation. On nomme en fonction de la compétence », a précisé notre interlocuteur, comme pour répondre aux détracteurs de son patron. Il a révélé par ailleurs qu’à la tête de la compagnie de Béreby, Delta a nommé le sergent-chef Amouzou, tout comme à Sassadra où il a nommé le Sous-lieutenant Soro. « Aujourd’hui, le travail abattu par le Capitaine est salué partout. Récemment, il a obtenu des numéros matricules pour plus de 200 soldats. Il y a quelques jours, l’Etat-major lui a envoyé des véhicules tactiques, 200 lits et 200 matelas pour l’épauler », soutient-il.
Avant d’ajouter qu’actuellement, il y a 400 éléments en stage. « C’est cet ordre qui dérange. Sinon, au fond, il n’y a rien. Souvenez-vous des rumeurs autour du Commandant supérieur de la Gendarmerie. Il est victime de sa rigueur », fait-il savoir. « On vous invite à venir ici. Vous verrez qu’il n’y a rien ! », martèle-t-il. La même situation est vécue par des combattants volontaires sur l’île Boulay à Abidjan.
Depuis deux ans, ces éléments assurent la sécurité sur cette île. Mais depuis, ils accusent leurs responsables hiérarchiques d’intégrer dans l’armée, ceux qui n’y ont pas droit. Certains parmi eux nous ont montré leur numéro de profilage. « Jusqu’à présent, nos numéros matricules ne sont pas encore sortis. Et pourtant, ça fait près de deux ans qu’on nous fait faire le travail de vrais militaires. Tantôt on nous demande d’envoyer des armes pour être réinsérés, tantôt on nous demande d’attendre encore parce que nos numéros matricules sont à l’état-major. Comme nous sommes fatigués et que nous voulons savoir la vérité, nous souhaitons que le CEMAG nous dise la vérité. Mais nous n’accepterons pas d’être utilisés et jetés comme des objets », nous ont indiqué deux des combattants volontaires qui crient indignations.
Y.DOUMBIA