Après l'attaque de Sakré à l'ouest de la Côte d'Ivoire: Des milliers de réfugiés dans la localité de Taï

Le 28 avril 2012 par RFI - Une enquête est en cours en Côte d'Ivoire après l'attaque du village de Sakré, dans l'ouest du pays, dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25

Populations civiles fuyant les combats.

Le 28 avril 2012 par RFI - Une enquête est en cours en Côte d'Ivoire après l'attaque du village de Sakré, dans l'ouest du pays, dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25

avril 2012. Huit personnes ont été tuées par des hommes armés venus du Liberia voisin, selon le ministère de la Défense. Cette attaque intervient juste après la visite du président Ouattara dans la région, particulièrement touchée par les violences post-électorales de 2010-2011. Des milliers de personnes ont fui Sakré et ses environs pour se réfugier à Taï, 27 kilomètres plus loin.
Ils sont partis à pied, parfois à moto, le plus souvent sans bagage. De Sakré, mais aussi des villages environnants. Selon l'Onuci, environ 3 000 personnes se sont déplacées dans l'ouest du pays depuis mercredi.
La grande majorité s'est réfugiée à Taï, dans la cour de la mairie. Joseph Dezahi, le deuxième adjoint au maire, est débordé. « Nos besoins sont énormes, confie-t-il, la mairie n’avait pas prévu ça. Il n’y a que deux toilettes, le courant n’est pas permanent et ce n’est pas sécurisant ».
Une cinquantaine de gendarmes sont arrivés ce jeudi à Taï. La mairie est aussi sécurisée par les éléments de l'Onuci. Mais les réfugiés ont peur de rentrer dans leurs villages, ils n'ont pas confiance.
Sakré est le 3e village de la région attaqué par des hommes armés depuis le mois de septembre. La frontière est très poreuse avec le Liberia voisin. Il est facile de s'y cacher, la forêt y est très dense. Les déplacés pointent aussi du doigt l'état des routes, qui rend les patrouilles difficiles.
Source RFI

EN CÔTE D’IVOIRE, LE DEFI SECURITAIRE RESTE ENTIER

Attaque dans l’ouest ivoirien – Les vieux démons semblent se réveiller en Côte d’Ivoire. En effet, le Sud-ouest ivoirien vient d’essuyer une attaque perpétrée par des hommes armés, qui a ôté la vie à huit personnes dans le village de Sakré.
Cet acte ignoble et répugnant intervient un an après l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo, à la veille de l’entrée en fonction du parlement ivoirien dirigé par l’ex-Premier ministre Guillaume Soro et quelques heures seulement après la tournée du président, Alassane Dramane Ouattara, dans l’Ouest du pays. Une tournée qui devrait sceller la paix, la réconciliation et bien sûr la sécurité. C’est dire que cette attaque vient contrarier la bonne parole prêchée par ADO dans cette région. A vrai dire, elle constitue une douche froide pour la paix.
En tout cas, elle vient modérer le langage de tous ceux qui pensaient que la Côte d’Ivoire avait retrouvé une paix totale. Il est évident que les auteurs de cette attaque cherchent à installer un climat de terreur, de sorte à semer le doute dans les esprits des Ivoiriens et à casser la dynamique du processus de paix enclenché. Tout bon observateur du paysage sociopolitique ivoirien sait qu’il y a un enthousiasme général naissant dans le pays de Houphouët-Boigny. Car l’économie nationale a repris, le processus de réconciliation piloté par Charles Konan Banny semble également porter, lui aussi, ses fruits. Pour tout dire, cette attaque est un grain de sable dans cette mécanique de la réconciliation.
La paix, dit-on, n’est jamais définitive. Et ADO devrait en être conscient. Plus que jamais, il doit être sur ses gardes. Si malgré le dispositif sécuritaire mis en place des hommes ont réussi à endeuiller des familles, c’est que la situation est encore fragile et qu’il ne faut pas baisser la garde. Dans cette zone frontalière du Libéria, il y a une réalité qu’il serait vain de méconnaître : l’insécurité. Qu’on ne s’y trompe pas, les criminels de la pire espèce s’y trouvent et sont prêts à faire feu de tout bois pour mettre le pays sens dessus dessous. Autant dire que le défi sécuritaire reste entier. En tout cas, le président ivoirien ne doit pas dormir sur ses lauriers en pensant que l’arrestation des 4 présumés coupables de cette barbarie suffira à mettre fin à l’insécurité à l’Ouest.
S’il veut régner sur une Côte d’Ivoire unie et paisible, il se doit de prendre des mesures fortes pour mettre hors d’état de nuire ces fossoyeurs de la paix. Le travail de réconciliation doit aussi se poursuivre, avec pour axe majeur la justice pour tous les Ivoiriens, tous bords confondus, victimes de la crise post-électorale. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le régime d’ADO gagnerait à défendre, à consolider et à préserver ce qu’il a obtenu de haute lutte : les valeurs démocratiques. C’est seulement à ce prix qu’il pourra garantir aux Ivoiriens paix, progrès et sécurité.

Dabadi ZOUMBARA
Le Pays