Après l’évasion à la Maca : Des têtes vont encore tomber
Publié le 11 juillet 2012 | Le Mandat - La saignée continue au niveau des établissements pénitentiaires. L’évasion des prisonniers y est désormais un fait ordinaire. Et ce ne
Publié le 11 juillet 2012 | Le Mandat - La saignée continue au niveau des établissements pénitentiaires. L’évasion des prisonniers y est désormais un fait ordinaire. Et ce ne
sont pas les sanctions prises récemment par le gouvernement contre certains directeurs des maisons d’arrêt qui ont pu changer quelque chose. A preuve, le dimanche 8 juillet dernier, une dizaine de prisonniers se sont évadés de la Maca. Reste à savoir si pour cette énième fois les sanctions vont atteindre la haute échelle de la hiérarchie dans la chaine des responsabilités. On se souvient que le chef de l’Etat avait mis en garde tous ses collaborateurs sur les défaillances qui pourraient intervenir dans leur département. Un conseil des ministres se tient aujourd’hui et des décisions importantes sont attendues, du moins si s’en tient aux informations qui circulent déjà dans les couloirs de la Présidence. Début mai, une cinquantaine de prisonniers avaient réussi à se soustraire à la vigilance des responsables du pénitencier d’Abidjan après avoir forcé les grilles. D’autres évasions de prisonniers avaient également été signalées, dans le courant de ce même mois, dans des prisons d’autres localités, à l’exemple d’Agboville. Les évasions récurrentes des détenus des prisons du pays constituent une préoccupation pour les autorités, les organisations telles que l’Onu et les populations riveraines qui craignent pour leur sécurité. Pour faire face à cette défaillance du système carcéral, le gouvernement ivoirien a révoqué deux directeurs de prison, dont celui de la Maison d`arrêt d`Abidjan et d’Agboville. « En quelques mois, 240 évasions de prisonniers ont eu lieu dans huit maisons d`arrêt et de correction, dont 52 à la Maca le 4 mai 2012 », indiquait le communiqué du conseil des ministres du mercredi 10 juin 2012. A en croire le porte-parole du gouvernement, le ministre Koné Bruno, ces évasions s`expliquent principalement par le manque d`armes, l`insuffisance du personnel de surveillance, mais aussi, dans certains cas, les dysfonctionnements internes de l`administration pénitentiaire. Le gouvernement annonce avoir pris "des mesures immédiates" pour renforcer la sécurité des prisons du pays et "a décidé de relever de leurs fonctions" les directeurs des prisons d`Abidjan et d`Agboville. Mais, cette série de mesures n’a pas empêché une autre évasion à la Maca. L’opinion nationale et internationale a les regards rivés sur le gouvernement attendent la position qu’il va tenir face à cette défaillance. Va-t-on se limiter à dénoncer des « défaillances humaines » et des « défaillances matérielles » ? Le gouvernement trouvera-t-il une solution à ce véritable phénomène social ? Voici autant de questions sur lesquelles le peuple attend les dirigeants. Le ministre ivoirien en charge de la Défense, Paul Koffi Koffi, qui effectuait une visite sur le site de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), le lundi 9 juillet, a fait état d’actions futures visant à renforcer le matériel et le dispositif de surveillance. « Les gardes pénitentiaires chargés de surveiller les détenus ne sont pas armés », a déploré Paul Koffi Koffi. A en croire celui-ci, les forces de sécurité ont fait retourner huit prisonniers dans les cellules, sur les 12 qui s’étaient évadés dimanche de la prison d’Abidjan. Pour sa part, la ministre déléguée à la Justice, Mato Loma Cissé, a relevé des « défaillances humaines » et des « défaillances matérielles » qui ont occasionné la fuite d’une douzaine de prisonniers de cette structure pénitentiaire, et promis des mesures correctives pour le retour de la sérénité dans les prisons ivoiriennes.
JERÔME N’DRI
Evasions répétées dans les prisons : 227 évadés en 1 mois
Publié le 11 juillet 2012 | Notre Voie
La Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca) a été le théâtre d’une deuxième évasion le dimanche 8 juillet dernier en moins de 3 mois. Selon des sources pénitentiaires, il y a eu 12 évadés dont 3 ont été rattrapés le même jour par les gardes. Sur les 9 prisonniers en cavale, 3 ont été repris hier et ramenés en cellules. Ainsi, après l’évasion de 46 détenus le 4 mai dernier dans ce pénitencier, l’on enregistre encore 6 criminels condamnés à 10 et 20 ans de prison fermes en cavale. Face à cette situation préoccupante, des sources pénitentiaires ont tiré la sonnette d’alarme hier à cause des 227 évadés dans les prisons ivoiriennes en un mois environ. C’est-à-dire du 1er mai au 8 juillet 2012. C’est d’abord la maison d’arrêt et correction d’Agboville qui a ouvert la triste série des évasions pendant la fête du travail avec 96 caïds dans la nature. Ensuite, ont suivi les prisons d’Abidjan (46, les 4 et 6 mai et le 8 juillet), de Korhogo(45 en mai), de Dimbokro(18),de Katiola(7), de Danané(3), de Tiassalé(3), de Séguéla(2) et Divo(1). « Le gouvernement doit nous doter en armes. Nous ne comprenons pas pourquoi il refuse de le faire depuis que nous avons soumis au ministre de la justice, à l’ouverture de la Maca en 2011, le manque d’armes, de menottes, de grenades et même de treillis et de chaussures rangers dont nous souffrons cruellement. Nous sommes à la merci des prisonniers qui peuvent à tout moment nous agresser et s’évader. Car nous n’avons rien pour les en dissuader. Les autorités préfèrent donner des armes aux Frci pour sécuriser les prisons. Mais quand il y a évasion, ces autorités et l’opinion publique nous voient d’abord et nous accusent. On emprisonne même nos collègues comme à Korhogo et à Danané. Nous avons été formés pour surveiller les détenus et sécuriser les prisons. Les gendarmes, les Frci et autres policiers qui sont postés dans les miradors de surveillance dans les prisons n’ont pas l’aptitude et la compétence. Même si on envoie un bataillon de l’armée pour surveiller une prison et qu’on laisse les gardes pénitentiaires sans armes, il va toujours avoir des évasions. » a indiqué un garde pénitentiaire qui a par ailleurs révélé que des agents ont été menacés par le pouvoir et taxés de pro-Gbagbo lorsqu’ils ont évoqué les problèmes auxquels ils sont confrontés après la 1ère évasion à la Maca. Concernant l’évasion de dimanche dernier, des gardes pénitentiaires ont soutenu que l’absence du gendarme de service au mirador (poste de surveillance) du bâtiment des mineurs a été à l’origine de la fuite des prisonniers. Pis, les éléments des Frci qui devaient être aux alentours de la prison n’y étaient pas. « Ils sont régulièrement en train de faire barrage sur la grande voie. Pour contrôler les pièces des véhicules et racketter les usagers de la route alors que ce n’est pas leur mission ici à la Maca. C’est donc logiquement que les évadés sont passés par la porcherie qui est près de la route et ont pris la tangente sans être inquiétés par les Frci. Les gendarmes qui sont détachés à la Maca pensent que c’est une punition car il n’y a pas d’argent à racketter dans les miradors. Le mal est profond. » a accusé un autre garde pénitentiaire sous le couvert de l’anonymat qui estime qu’il ne faut pas jeter la pierre au nouveau régisseur de la Maca, Bandama Yobouet et aux surveillants. Selon des sources pénitentiaires, les éléments des Frci commis à la sécurisation de la maison d’arrêt et de correction de Bouaké sont absents de leurs postes depuis dimanche pour des raisons inconnues. Laissant seuls, les gardes sans armes face aux dangereux détenus. Hier, les ministres délégués à la Défense et à la Justice ont effectué une visite de travail à la Maca en compagnie des patrons de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police. Il a été annoncé la création prochaine d’une Force inter-armée(Armée, Gendarmerie et Police) pour sécuriser toutes les prisons du pays.
Didier Kéi