Alliance des houphouétistes: Qui veut rompre le pacte ?
Publié le mardi 13 novembre 2012 | Nord-Sud - Le dernier défi à relever par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) avant le «parti unifié» est la participation en
rang serré aux prochaines élections locales, avec des listes unifiées. Ces joutes seront déterminantes pour l’avenir de la coalition, née en 2005.
Publié le mardi 13 novembre 2012 | Nord-Sud - Le dernier défi à relever par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) avant le «parti unifié» est la participation en
rang serré aux prochaines élections locales, avec des listes unifiées. Ces joutes seront déterminantes pour l’avenir de la coalition, née en 2005.
Chez les houphouétistes, c’est toujours le suspense à la veille des élections. La question que les acteurs de cette plate-forme inspirent à l’opinion nationale, c’est quel sera l’avenir de la coalition une fois le vote terminé? Si pour la présidentielle le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) s’en est bien sorti, permettant à l’un de ses candidats (Alassane Ouattara) d’être élu président, ce ne fut pas le cas pour les législatives. Les héritiers d’Houphouet-Boigny ont été contraints, au dernier moment, d’aller à ces joutes électorales en rangs dispersés. Pourtant, ils avaient convenu d’ «aller en Rhdp» aux urnes. Mais le plan a foiré à la dernière minute. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) a été accusé d’avoir remis en cause le principe d’une participation «en Rhdp». C’est que, de sources proches de l’alliance, le parti d’Henri Konan Bédié n’était pas d’accord avec le principe qui sous-tendait la répartition des candidatures avec les listes uniques.
La victoire, la léthargie ensuite
Le Pdci estimait que son allié du Rassemblement des républicains (Rdr) se taillait la part du lion dans la conquête des postes électifs. Soit, le scrutin a eu lieu. Chacun est parti avec ses listes. Même si finalement les houphouétistes ont tenté de minimiser le froid qui les a secoués en indiquant que la majorité des sièges revient à leur coalition, c’est une évidence que leur cohésion n’en est pas sortie indemne. Les réunions du directoire ont mis du temps avant de reprendre. De façon sporadique. La conférence des présidents ne se réunit plus. Elle est désormais réduite au président du Rdr et son «aîné» du Pdci. Et voici les municipales et les régionales ! Ce n’est certes pas encore la tension mais tous les ingrédients sont réunis pour d’autres hésitations de nature à menacer l’avenir de l’alliance. Officiellement, les alliés annoncent qu’ils iront à la conquête des électeurs avec des listes communes. Mais en coulisse… La base des ‘’républicains’’ est réfractaire à l’idée. Au ‘’parti doyen’’, on prépare activement la stratégie pour un combat solitaire. «Nous sommes dans la disposition d’aller en Rhdp. Cependant, nous sommes en politique et rien n’est acquis. Nous nous préparons donc en conséquence. Si au dernier moment, nos responsables ne s’accordent pas avec nos alliés, nous serons déjà prêts pour aller seuls à la bataille», confie off record un cadre du Pdci.
Des frustrés menaçants
Les deux poucets de l’alliance, le Mouvement des forces d’avenir (Mfa), eux, ruminent la «frustration» dont leurs militants disent être victimes. Ils pointent sans ambages un doigt accusateur vers les ‘’grands‘’, le Rdr et le Pdci, leur reprochant un «abus» de la loi du plus fort à leur encontre. Au Mfa, le président, Innocent Anaky Kobenan est blasé, marginalisé qu’il dit être dans le partage des postes. L’atmosphère n’est pas différente à l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci). A l’occasion de leur convention du 3 septembre à Abidjan, les partisans d’Albert Mabri Toikeusse lui ont dit leurs quatre vérités concernant ce qu’ils considèrent comme une servitude de leur président à ses «aînés». «Nous avons reproché au président de se plaire dans sa position d’envoyer et de porte-parole du président. Nous lui avons fait comprendre que ce n’est pas pour cela qu’il est au gouvernement. Il est notre président. Notre parti aspire à plus et non à accompagner les autres. Surtout que cette situation lui profite à lui seul, à ses proches et non au parti», rapporte un responsable qui a participé aux débats, à huis clos. Notre interlocuteur précise que les représentants du parti arc-en-ciel ont prévenu leur président qu’ils n’accepteraient pas longtemps de jouer les seconds rôles au sein de la coalition. Pourtant, le deal autour duquel devrait avoir lieu la participation «en Rhdp» aux futures élections ne leur garantit nullement mieux que ce qu’ils ont déjà. Autant de signaux prémonitoires d’un lendemain non enchanteur pour les houphouétistes. Ajoutée à cela la dislocation – qui ne dit pas son nom – de la jeunesse (Rjdp) de la plate-forme du Rhdp. Kouadio Konan Bertin (KKB) de la JPdci et Karamoko Yayoro du Rjr, élus députés, semblent ne plus être concernés par les affaires de la jeunesse houphouétiste. Ce d’autant que leur nouvelle fonction ne leur permet pas de s’y intéresser véritablement et l’enjeu de retrouvailles «en Rjdp» est nul en l’état actuel des choses. Dire que c’est la jeunesse qui a souventes fois forcé la main au directoire et la conférence des présidents du Rhdp à reprendre du poil de la bête.
Bamba K. Inza