Alassane Dramane OUATTARA à l’épreuve du pouvoir: Un pouvoir qui voit des coups d’Etat partout
Le 10 août 2012 par Correspondance particulière - « Je rendrai ce pays ingouvernable » Exit ADO ! Ce fut le « Brave Tchè » ; « ADO pissinci » ; « ADO Solutions ». Ce sont là d’autres
Le 10 août 2012 par Correspondance particulière - « Je rendrai ce pays ingouvernable » Exit ADO ! Ce fut le « Brave Tchè » ; « ADO pissinci » ; « ADO Solutions ». Ce sont là d’autres
slogans qui ont été servis aux Ivoiriens et aux observateurs attentifs de la politique ivoirienne. Mais les réalités sont là. Elles sont patentes. Le chef de l’Etat ivoirien doit les regarder en face. Nous notons par ailleurs que la difficulté de monsieur OUATTARA, c’est l’impossibilité de se mettre à jour. En effet, il a intégré un plan qu’il a imaginé à l’occasion d’un débat en 1992. Un plan dans lequel il voit une Côte d’Ivoire dont les frontières iraient au-delà du Burkina Faso et du Mali. Et monsieur OUATTARA ne veut pas comprendre qu’au 21è siècle, on ne plus gouverner avec des peurs. Il continue de penser qu’avec la chasse aux sorcières ; la logique de repeuplement de la Côte d’Ivoire ; la poursuite des partisans de Laurent GBAGBO – et tous ceux qui sont perçus comme tels – vers l’exil alors qu’il est inscrit dans la Constitution ivoirienne qu’« aucun Ivoirien ne doit être contraint à l’exil » ; l’épuration administrative et ethnique et les intimidations … peuvent tétaniser les Ivoiriens au point de lui laisser un blanc-seing. Non ! Monsieur OUATTARA, les Ivoiriens sont un peuple doux qui a une tradition de paix. C’est votre goût immodéré de la violence et votre inclination vers le cynisme qui vous posent problème. Certains par manque de courage politique et enclins à manger à tous les râteliers tentent de vous accompagner souvent au prix très fort voire inimaginable dans certains cas à savoir, livrer leurs régions en jouant les indicateurs. Mais monsieur le chef de l’Etat, il faudrait arrêter de vous faire en faisant peur. Ce sont vos méthodes, non empreintes de professionnalisme politique qui peuvent vous revenir dans la figure. Parce que ces méthodes s’essoufflent et gagnent très vite des limites. Après les massacres de Duékoué – qui répondent sans doute au « rattrapage ethnique », des attaques ont eu lieu à Yopougon, à Akouédo, à Abengourou et à Agboville. Il convient de rechercher les responsabilités dans le calme et avec les règles d’un Etat de droit. Vous jetez en pâture des Ivoiriens sans aucune preuve ; vous trouvez des coupables à chaque coin de rues. Et au lieu de rechercher les vrais raisons de l’instabilité dans votre gouvernance, vous vous défaussez sur Laurent GBAGBO. Mais monsieur OUATTARA, vous dites avoir gagné les élections. Que vous reprochez-vous alors ? Pourquoi vous en prenez-vous à Laurent GBAGBO au moindre incident – dont les raisons sont souvent à rechercher dans votre camp – ? Le journal « Le Jour » qui vous est proche titre : « GBAGBO était au courant de tout ». Ce n’est pas par hasard que ce journal titre à l’imparfait. Mais cette affirmation dénuée de tout fondement n’est pas seulement grave et ridicule. Elle est aussi triste, irresponsable et inacceptable. Le parcours politique de Laurent GBAGBO lui a toujours généré de la popularité. Car sa vision est « la transition pacifique à la démocratie ». Son slogan est « Asseyons-nous et discutons ». Et il est le père du multipartisme en Côte d’Ivoire. C’est un homme de paix malgré la violence qui s’abat toujours sur lui. La violence n’est donc pas son alliée. Il ne doit donc être mêlé à des tendances de déstabilisation de son pays. Monsieur le chef de l’Etat, vous êtes au pouvoir. Arrêtez de faire campagne et gouvernez. A l’occasion de la visite de monsieur OUATTARA à Paris, François Hollande a insisté sur « … La situation intérieure ivoirienne et le soutien de la France au processus de réconciliation et de reconstruction ... Le Président de la République a salué l'implication personnelle du Président ivoirien dans la restauration de la sécurité sur l'ensemble du territoire ainsi que dans la réforme de l'armée. Il a évoqué avec son homologue la question de la réconciliation nécessaire entre les Ivoiriens, qui passe par le dialogue, la lutte contre l'impunité et la justice. A cet égard, le renforcement de l'Etat de droit et du système judiciaire en Côte d'Ivoire fera aussi partie des priorités de la coopération bilatérale… ». Cette recommandation très claire doit être endossée par monsieur OUATTARA. Quand Hamed BAKAYOKO lance des accusations gratuites contre Abel NAKI et brandit des arrestations au pays, il verse dans la calomnie et dans la diffamation. C’est très grave car nous n’avons pas à disposition les preuves de telles accusations. La Communauté internationale a imposé OUATTARA par les bombes. Il lui revient après d’en venir à l’exercice de la démocratie pour ramener la paix dans notre pays. Les accusations sans fondement ne vont pas dans le sens de l’apaisement dont notre pays a besoin. Il est plus que temps que les tenants du pouvoir se rendent compte du grand gâchis qu’ils cultivent depuis des années. Il faut également rappeler qu’on « peut tromper une personne pendant longtemps ; on peut tromper certaines personnes quelque temps. Mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. » C’est pourquoi la coalition qui a porté OUATTARA au pouvoir se délite : « Dans une déclaration en date du 03 août 2012, largement reprise dans la presse écrite et sur Radio France Internationale (RFI), le Professeur Alphonse Djédjé Mady, Secrétaire Général du PDCIRDA s’est prononcé sur la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, suite aux incidents survenus dans plusieurs régions du pays. Le Secrétaire Général du PDCI-RDA note que « cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation ». Il en appelle donc à Monsieur le Président de la République et au Gouvernement pour la mise en œuvre urgente de mesures visant à garantir la sécurité des personnes
et des biens sur l’ensemble du territoire national ». C’est quand même Alphonse Djédjé Mady, Secrétaire général du PDCI-RDA qui parle ainsi. La Côte d’Ivoire va très mal. Il faut urgemment que les tenants du pouvoir l’intègre. OUATTARA doit observer une méthodologie réaliste et responsable. Les fichiers à l’aéroport ; la ligne de musèlement et d’assassinats d’opposants politiques et les intimidations, ne sont pas des mesures qui peuvent être de nature à ramener la sérénité et la confiance. Le dilatoire et la diversion sont plutôt digne d’un régime totalitaire. Ce n’est pas cela qu’il faudrait aux Ivoiriens. Monsieur OUATTARA, il convient de chercher les causes de l’instabilité de votre côté. Les Ivoiriens attendent de vivre en paix et en sécurité.
Le Représentant Adjoint Europe/Amérique de Laurent GBAGBO
Dr Claude KOUDOU