Afrique Digne: Ernest Ouandié, un Héros Camerounais !
Le 06 août par Correspondance particulière - Né en 1924, Il a été exécuté le 15 Janvier 1971 à Bafoussam, par la France et le régime d’Ahidjo.
Il obtient son diplôme de moniteur indigène de l’école supérieure de Yaoundé en 1943.
En qualité de fonctionnaire il est affecté à plusieurs reprises dans les villes du pays. Il rencontre beaucoup des camarades du parti et particulièrement son épouse Marthe Eding quand il est en poste à Edéa.
Le 06 août par Correspondance particulière - Né en 1924, Il a été exécuté le 15 Janvier 1971 à Bafoussam, par la France et le régime d’Ahidjo.
Il obtient son diplôme de moniteur indigène de l’école supérieure de Yaoundé en 1943.
En qualité de fonctionnaire il est affecté à plusieurs reprises dans les villes du pays. Il rencontre beaucoup des camarades du parti et particulièrement son épouse Marthe Eding quand il est en poste à Edéa.
Déjà reconnu par les autorités coloniales comme agitateur public, il milite pour l’Union des Confédérés Camerounais, un groupe syndical de l’époque. Il rejoint les rangs de l’UPC lors du congrès d’Eséka de 1952. Il est élu vice-président de l’UPC en charge des organes de presses, notamment le journal de l’UPC « La voix du Kamerun ».
Le 13 juillet 1955 l'UPC est interdite. Ouandié et ses camarades, Moumié, Kingué et les autres se réfugient en zone Anglophone, notamment à Kumba. Il fait partie de la vague qui est déportée vers le Soudan par les autorités du Cameroun britannique. Ouandié se retrouve au Ghana, où il établit sa base d'exil à Accra sous le parrainage de Kwame Nkrumah. Il voyage régulièrement entre le Soudan, la Guinée et l'Egypte où les autres leaders de l'UPC vivent en exil. Il y rencontre aussi les leaders locaux pour demander du soutien pour l'UPC.
Apres les assassinats de Um Nyobe en 1958 et de Mounié en 1960, Ouandie décide de revenir au Cameroun poursuivre la résistances armée. Ouandie et ses camarades livrent une résistance farouche aux troupes françaises dans la zone de l'Ouest et celle du Moungo.
A partir des années 1965, la résistance est considérablement affaiblie, à cause du manque de ressources, les troupes de Ouandie ne reçoivent plus d'aide de l'extérieur, ils sont pratiquement coupés de tout apport en munition et ravitaillement par les circuits étrangers. La tactique de la terre brulée et destruction totale par la France ont un effet dévastateur sur le moral des populations locales. La guerre s'enlise et les populations sont à bout de souffle.
Monseigneur Ndongmo est nommé évêque de Nkongsamba en 1964, une zone au cœur même du maquis dans le Moungo. Il offre de négocier la fin de la guerre et faire sortir Ouandié et ses combattants du maquis. Il entreprend des pourparlers avec Ahidjo et Enoch Kwayeb alors Ministre de L'administration territoriale. Il obtient de ces derniers que la vie de Ouandié et ses compagnons soit épargnéés comme condition préalable à leur sortie du maquis.
Ayant compris que le gouvernement n'avait aucune intention de tenir parole, Ndongmo a changé d'avis et convaincu Ouandié de quitter le pays pour l'Algérie. Ndongmo s'est engagé à lui procurer un passeport pour qu’il puisse sortir du pays. Rendez-vous a été pris entre les deux parties pour un jour de départ. Entre temps le gouvernement a eu vent du plan et a visiblement bloqué la procédure du passeport. Etant donné les difficultés de communications et les préparatifs d'un voyage imprévu au Vatican, Ndongmo n'a pas pu alerter Ouandié du changement de plan.
Ouandié s'est présenté à la résidence de Ndongmo le jour du rendez-vous et a été placé devant les faits: Le passeport n'était pas prêt, Ndongmo partait à Rome, et pour compliquer les choses, des sœurs de l'église devaient occuper le domicile en l'absence de Ndongmo. Dans l'incapacité d'héberger Ouandié et ses camarades, Ndongmo les a envoyé trouver temporairement refuge chez son catéchiste dans les environs de Mbanga. A son arrivée à Mbanga, le catéchiste a refusé d'aider Ouandié et a alerté les forces de l'ordre.
Ouandié et ses compagnons se sont dispersés dans la foret, en fuite. Apres plusieurs jours dans la foret, désorienté et affaibli par la faim et la soif, Ouandie est forcé de sortir pour rechercher de l'aide. Il aperçoit les rails et pense être arrivé à Nkongsamba, il pense pouvoir passer inconnu, il ignore alors qu’une ligne ferroviaire a été établie entre Mbanga et Kumba ; en fait il est encore à Mbanga. Il aperçoit un passant et lui demande de l'emmener chez le chef du village. Suivant l'homme il s'est soudain aperçu qu'il le conduisait à la gendarmerie. Ouandié s'est résolu à se rendre sur le champ, il a devancé l'homme et est entré lui-même à la gendarmerie où il s'est présenté en ces termes: "Je suis Ernest Ouandié".
Ouandié a été arrêté le 20 Août 1970 à Mbanga et transféré à la BMM à Yaoundé, prison redoutable du régime Ahidjo. Il va subir ce que les historiens qualifient de simulacre de procès de Décembre 1970 au 5 Janvier 1971. Sentencé, il est condamné à mort avec 2 de ses compagnons. L'évêque Ndongmo fera partie de ce procès et sera lui aussi condamne à mort, peine qu'Ahidjo va commuer en prison à vie avant de lui rendre la liberté 5 ans plus tard.
Le 15 décembre 1971, Ernest Ouandié, Raphael Fotsing (le présumé complice et liaison avec Ndongmo), Gabriel Tabeu dit Wambo le Courant (accusé d'avoir fomenté un coup d'état spirituel contre Ahidjo) sont exécutés à Bafoussam. Ouandié refuse qu'on lui voile les yeux et fait face au peloton d'exécution.
Différentes sources décrivent la séance d'exécution de Ouandié en ces termes:
Après les premiers coups de feu, Ouandié a crié "Vive le Cameroun!" avant de s'effondrer. Un officier français s'est approché du prisonnier mourant, retiré son arme de l’holter, tiré sur Ouandié à bout portant. Un officier français a donné le coup de grâce à Ernest Ouandié, signant ainsi le forfait Français.
La France a donc arrêté, jugé et exécuté Ernest Ouandié, un homme qui s'est battu inlassablement pour la liberté, la dignité et l'indépendance du Cameroun. Ouandié est ainsi exécuté publiquement 11 ans après que le Cameroun a accédé au semblant d’indépendance.
Correspondance particulière d’un patriote camerounais