Affairisme médiatique: Ben Soumahoro épingle Alain Foka, RFI, Diagou Kacou Jean et la BIAO-NSIA
Le 16 mai 2012 par IVOIREBUSINESS - COMMUNIQUE DE MAMADOU BEN SOUMAHORO, EX-DEPUTE DE CÔTE D'IVOIRE, EXILE POLITIQUE
Le 16 mai 2012 par IVOIREBUSINESS - COMMUNIQUE DE MAMADOU BEN SOUMAHORO, EX-DEPUTE DE CÔTE D'IVOIRE, EXILE POLITIQUE
Je vis dans un pays anglophone où la source la plus importante d’informations internationales reste Radio France Internationale (RFI), radio officielle de la République française et voix officielle incontournable de la France dans le monde. Les prises de position de cette radio aux ordres de la République et du gouvernement français sont parole d’évangile pour la plupart des francophones du monde qui finissent par trouver leur compte dans ce qu’on peut appeler sans risque de se tromper de la propagande néo-colonialiste. Radio France Internationale est assurément un instrument de protection de l’influence française dans le monde sans compter son rôle touchant directement à la défense nationale dans les cas d’implication du gouvernement français dans des conflits comme ceux du Tchad, de la Lybie, de la Côte d’Ivoire et bientôt du Mali et de la Guinée Bissau, par le truchement de son bras armé : la CEDEAO.
Chacun sait ici et là-bas que la radio française, comme un appui aérien nécessaire aux fantassins et autres marsouins est une puissante arme de destruction mentale et de déstabilisation des Etats (notamment africains) qui ont la malchance de se trouver dans le collimateur de la diplomatie agressive et déraisonnable de la France. Il ne faut pas s’y tromper. La puissance de cette diplomatie interventionniste et destructrice d’unités nationales en Afrique repose essentiellement sur la puissance des émetteurs de la ‘’radio mondiale’’. Dès lors, il appartient à chacun de comprendre qu’il est nécessaire que cet instrument de ‘’guerre psychologique’’ d’un autre temps soit entouré de toutes les attentions par le pouvoir français qui a choisi ce type de coopération avec les pays anciennement colonisés, plutôt que d’aider ces derniers à bien s’équiper pour mieux répondre aux besoins de leurs populations en matière de communication.
L’objet de cette note n’est pas de critiquer RFI en tant que telle, encore que cela ne manquerait ni d’intérêt, ni de raisons, mais de relever quelques incongruités du fonctionnement de la Maison du 116, Avenue du Président Kennedy à Paris. La direction de RFI appelle chaque matin les auditeurs de tous les mondes à se pâmer devant la compétence, le savoir, l’intelligence et le professionnalisme de milliers de correspondants polyglottes dans le monde, qui sont autorisés à donner des leçons dans tous les domaines et à tous les peuples de la terre. Entre le facétieux Juan Gomez qui s’accorde plus de temps qu’à ses interlocuteurs à l’antenne et qui se permet de couper sans ménagement tous ceux qui ne vont pas dans le sens des instructions qu’il a reçues de ses ‘’red-chefs’’ et Christophe Boisbouvier dont les invités ne sont pas forcément les plus proches de l’actualité, ni même les mieux indiqués pour servir véritablement cette actualité, il y a des personnages d’un type nouveau que la «Radio mondiale» a décidé de recruter pour se donner bonne conscience. Et pour sans doute satisfaire un besoin politique de discrimination positive galopante en France mais qu’aucun pays africain ne réclame à l’ex puissance colonisatrice.
Parmi ces nouveaux rois de l’antenne de RFI, le prolifique, l’éclectique et le fumeux Alain Foka détenteur de plusieurs types d’émissions allant du magazine à la chronique historique en passant par des grands reportages inclassables et des interviews de Chefs d’Etat d’Emirats pétroliers d’Afrique dont la générosité est bien connue sur le continent. Le talent et le professionnalisme de M. Alain Foka ne sont pas mis en cause. C’est son activité débordante et trop voyante dans des domaines qui partent de l’audiovisuel au commerce international qui intrigue plus d’un. En dehors de ce qui est visible et évident, comment RFI peut-elle expliquer que M. Alain Foka s’arroge des initiatives du type ‘’coffret des grands hommes d’Afrique’’ dont il se trouve être le principal animateur, le représentant de commerce et le distributeur agréé sous l’autorité déclarée de la Radio française ? Comment expliquer d’autre part l’activité commerciale d’une radio entièrement financée par le contribuable français, activité qui concurrence et s’oppose à l’existence et au développement de l’entreprise privée ? La vocation de RFI est-elle de fabriquer des coffrets de CD, de les distribuer elle-même sous son label, à un prix exorbitant et de se payer le luxe de les faire financer par un sponsor privé ? On sait par ailleurs que les tournées de promotion de cette activité commerciale plutôt suspecte sont prises en charge par le sponsor qui se trouve être la BIAO-NSIA.
Cette affaire pose à chaque homme du monde, un problème éthique qui vient de vous être exposé. Que RFI et BIAO décident de faire commerce en dehors et au dessus de toutes les règles établies par leurs statuts est leur problème et le problème des contrôleurs d’Etat Français. Mais qu’un journaliste exerçant à temps plein son métier sur une chaîne de ce type se transforme en recherchiste de sponsor et distributeur de produits dérivés de la chaîne sur tout le continent Africain pose à l’évidence un problème de déontologie. Tout le monde sait et la Direction générale de RFI sait que le financier des coffrets de CD des grands hommes de l’Afrique est le président du groupe de banques et assurances BIAO-NSIA de Côte d’Ivoire. Tout le monde sait également que ce curieux partenariat Sud-Nord n’a été possible que grâce à l’extraordinaire entregent de M. Alain Foka, ami personnel du PDG de BIAO-NSIA, M. Diagou Kacou Jean.
A ce stade des choses, la Direction générale de RFI pourrait rétorquer qu’il n’y a pas de quoi «fouetter un chat». Soit. Mais comment la Direction générale de RFI explique-t-elle que le même Alain Foka soit à la fois journaliste, chroniqueur historique, grand reporter, interviewer émérite à RFI, accessoirement vendeur de cassettes pour RFI et Directeur de la communication du groupe BIAO-NSIA, rémunéré à grands frais en tant que cadre salarié de cette entreprise ivoirienne compromise avec RFI dans des activités commerciales frisant le délit d’initié ? Comment peut-on croire qu’un tel laxisme n’implique pas d’autres responsables dans la hiérarchie de la Radio Mondiale ? Les rétrocommissions étant une pratique courante exercée au plus haut sommet de l’Etat français sarko-balladurien, qui peut empêcher RFI d’user sans modération de cette excuse ?
J’entends d’ici quelques responsables grincheux et probablement coupables de RFI s’indigner : de quoi se mêle-t-il celui là ? Oui certes, de quoi je me mêle ? Je me mêle uniquement de ce qui me regarde. D’abord, auditeur de RFI, je me considère comme un sociétaire obligé de la Radio Mondiale, parce que je n’ai pas le choix là où je réside aujourd’hui. Ensuite, je vous prie de croire que j’ai eu le privilège d’exercer ce métier magnifique pendant plus de 40 années dans mon pays la Côte d’Ivoire. A ce double titre, il m’insupporte de voir et même de subir des dérapages du type : Alain Foka /RFI /Diagou Kacou Jean-BIAO-NSIA.
Sans appel d’offre et avec des dessous malsains.
*Ex-député de la République de Côte d’Ivoire
Mamadou Ben Soumahoro