ADO REÇU A L’ELYSEE HIER: Les vérités crues de Hollande à son hôte

Le 27 juillet 2012 par IVOIREBUSINESS - Réconciliation en panne, justice des vainqueurs, arrestations chronique des pro-Gbagbo, insécurité

préoccupante, GENOCIDE des WÊ le 20 juillet dernier au camp de réfugiés de Nahibly à Duekoué avec l’assassinat de 211 civils wê (12 morts selon l'ONU) par les FRCI et les DOZOS au nez et à la barbe de l’ONUCI, arrestations de journalistes et de professionnels de l'information, etc...

ADO ET HOLLANDE, HIER 26 juillet 2012, à l'Elysée.

Le 27 juillet 2012 par IVOIREBUSINESS - Réconciliation en panne, justice des vainqueurs, arrestations chronique des pro-Gbagbo, insécurité

préoccupante, GENOCIDE des WÊ le 20 juillet dernier au camp de réfugiés de Nahibly à Duekoué avec l’assassinat de 211 civils wê (12 morts selon l'ONU) par les FRCI et les DOZOS au nez et à la barbe de l’ONUCI, arrestations de journalistes et de professionnels de l'information, etc...

C’est dans cette ambiance délétère que s’est tenue la première rencontre entre Alassane Ouattara et François Hollande à l’Elysée.
En effet, le chef d’Etat ivoirien a été reçu hier en fin de matinée par le Président français François Hollande, après une attente qualifiée de bien longue. Laquelle a alimenté les rumeurs de froideur des relations entre Paris et Abidjan, là où elles étaient très fortes et historiques avec Nicolas Sarkozy.
Pour rappel, Ouattara est reçu à l’Elysée après Mahamadou Yssouffou du Niger, Yayi Bony du Benin, Alpha Condé de Guinée, Ali Bongo du Gabon, Macky Sall du Sénégal, et Moncef Marzouki de Tunisie, la semaine dernière.
Arrivé deux jours auparavant, Alassane Ouattara pourtant en visite officielle, n’a été accueilli par aucun officiel français à l’aéroport du Bourget. On se rappelle que du temps de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, alors ministre de l’intérieur, l’avait accueilli à ORLY avec un détachement de la Garde républicaine et un passage en revue des troupes. Cette fois, il n’en a rien été. ADO a été mis à la diète totale.
Même hier à l’Elysée, strict minimum. Aucun tapis rouge déballé comme au temps de Nicolas Sarkozy.
François Hollande, par courtoisie, l’a juste accueilli sur le perron de l’Elysée, avec un sourire dont il ne se sépare jamais.
Une fois à l’intérieur, après la série de photos des deux délégations et les sourires de convenance, les deux hommes se sont retirés pour un aparté de près d’une heure.
Selon plusieurs sources, le Président français n’a pas mâché ses mots envers son hôte.

D’abord la question des français qui pullulent dans tous les ministères ivoiriens du régime Ouattara, comme au temps des colonies a été au menu des échanges. François Hollande aurait demandé à Ouattara de s’en débarrasser au plus vite, car le temps de la colonisation est passé.
L’actualité brulante a également été passée au peigne fin. Les récents massacres de Duekoué ont attiré l’attention de Président français, qui a demandé à son interlocuteur que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Dans le même élan, les questions de sécurité et d’exactions des populations civiles par les FRCI et les DOZOS ont été abordées. Pour François Hollande, il est temps, avant même que les enquêtes aboutissent, que les FRCI et les dozos impliqués dans les massacres de populations civiles, et nommément identifiés par toutes les ONG, soient déjà traduits devant les tribunaux. Il y va de la crédibilité du gouvernement Ouattara. Surtout que seuls les pro-Gbagbo sont jusqu’à présent inquiété par le régime Ouattara. 120 jusqu'à présent.
Sur le plan politique, François Hollande a demandé à son hôte plus de démocratie, plus de respect des droits de l’homme, plus d’ouverture politique envers l’opposition.
Il s’est inquiété que la réconciliation nationale soit grippée, voire au point mort.
Au plan économique, le "contrat de désendettement-développement" (C2D) entre les deux pays a été abordé et l'annulation de la dette ivoirienne envers Paris, signée mardi soir en présence d'Alassane Ouattara. Sur 20 ans, 2,85 milliards d'euros saluée. Il a été décidé que cette manne soit juste affectée à des projets de développement.
Au plan international, les deux hommes se sont entretenus de la crise au Mali de façon approfondie. Alassane Ouattara est l’actuel Président de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), laquelle a donné jusqu'au 31 juillet à Bamako pour former un gouvernement d'union nationale.
La Cedeao envisage d'envoyer une force régionale pour aider l'armée malienne à reconquérir le Nord, mais attend un mandat de l'ONU et une aide extérieure, notamment logistique.
La France est prête à apporter un soutien à une éventuelle intervention africaine, mais uniquement sous couvert des Nations unies, a dit Hollande à Ouattara .
Au sortir de l’audience, les deux chefs d’Etat se sont soumis aux questions des journalistes sur le perron de l’Elysée. Alassane Ouattara y cachait mal une mine des mauvais jours, visage fermé. Signe de la vitalité des échanges et du recadrage dont il a été l’objet de la part de son hôte.
Idem pour son ancien Ambassadeur à Paris, Ally Coulibaly, devenu aujourd’hui ministre de l’intégration africaine, le visage tendu à l’extrême derrière ADO et Hollande.
A la fin des échanges, comme avec Nicolas Sarkozy, François Hollande s’est rétiré sans demander son reste, laissant Ouattara aller à sa voiture, d’un pas désemparé.
Malgré cela, du côté du RDR et du régime ivoirien, on qualifie la visite de Ouattara en France de fastueuse et de véritable succès diplomatique.

Nous y reviendrons.

Christian Vabé,
Envoyé spécial