1An de EDS/ Pr George-Armand Ouegnin, président de EDS: « Rien ne pourra nous arrêter ». « Nous ne décevrons pas les ivoiriens »
Par IvoireBusiness - 1An de EDS/ Pr George-Armand Ouegnin, président de EDS: « Rien ne pourra nous arrêter ». « Nous ne décevrons pas les ivoiriens ». « Nous allons contraindre le pouvoir sur la CEI».
1An de EDS/ Georges-Armand Ouégnin (président de EDS), sur de la réforme de la CEI : «Rien ne pourra nous arrêter !»
Née le 20 avril 2017, Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS) a un an aujourd’hui. A cette occasion, le Professeur Georges-Armand Ouégnin, président de cette plate-forme politique, qui regroupe des partis politiques, des organisations de la société civile, des personnalités, des mouvements patriotiques et des partenaires, fait, dans l’interview qui suit, le bilan après un an d’existence. Il dévoile aussi les perspectives pour les années à venir.
M. le président, 20 avril 2017 - 20 avril 2018. Cela fait un an que la plate forme politique Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (Eds) est née. Quels commentaires à ce jour anniversaire ?
On peut dire que le temps passe vite. On pourrait dire aussi qu’un an c’est peu, mais également assez. Et c’est tellement vite passé qu’on ne s’est pas rendu compte qu’il y a déjà un an que nous existons en tant que structure. Alors j’espère que nous nous reverrons dans 20 ans et plus pour célébrer les 20 ans d’existence d’EDS.
Quel bilan après un an d’existence ?
C’est un bilan qui est globalement positif. En un an on a réussi à nous positionner sur l’échiquier politique ivoirien. C’est notre vocation certes, mais en un an, on a réussi à nous faire entendre. Parce qu’aujourd’hui, les ivoiriens savent ce que c’est qu’EDS et ce qu’il a été capable de faire en une année d’existence, c’est très important.
Un an après quel est le parcours, qu’est-ce que vous avez fait ?
Effectivement nous sommes nés le 20 avril 2017. Nous sommes 6 partis politiques, 12 mouvements de la société civile, des personnalités politiques, des structures patriotiques. Ce sont là les membres fondateurs. Par la suite, après que nos paires nous aient fait l’honneur de nous mettre à la tête de cette structure, nous sommes allés rencontrer le Président Laurent Gbagbo à La Haye. Puisque c’est notre référent politique, il était important pour nous d’aller recevoir son onction, ses conseils. Fort de cela, à notre retour nous avons organisé notre première sortie dans son village à Mama où nous avons lancé un appel au rassemblement de tous les ivoiriens. Parce que la vérité est que le Président Laurent Gbagbo est un homme de paix et un homme de dialogue. La consigne qu’il nous a donnée c’est de rassembler tout le monde autour d’un même idéal de démocratie, de paix, de justice et de liberté dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. C’est cet appel au rassemblement que nous sommes allés lancer à Mama au nom du président Laurent Gbagbo. Après cela, nous avons entrepris de visiter chaque structure qui compose EDS. Parce qu’après notre désignation, avant d’avancer, il était important pour nous de savoir comment nous avançons avec nos hommes. Il fallait donc faire la revue des troupes, et donc des structures et voir comment nous avançons. C’est ce que nous avons fait de septembre à décembre 2017. En suite, nous avons établi des partenariats au début de cette année 2018. Parce que nous sommes ouverts à tous ceux qui sont disposés à nous suivre pourvu qu’ils se reconnaissent en notre référent politique qui est le président Laurent Gbagbo. C’est ainsi que nous avons tissé un partenariat avec l’Union Républicaine pour la Démocratie (URD) de la ministre Danièle Boni-Claverie. Nous avons aussi établi un partenariat avec le MFA du ministre Anaky Kobenan. Il y a encore d’autres structures en attente. Dans très peu de temps vous allez voir une coalition d’une dizaine de partis politiques de très grande importance qui vont nous rejoindre dans cette grande plate forme démocratique que sommes en train de mettre en place. Vous voyez qu’on n’a pas chômé du tout. Par la suite, nous avons entamé la lutte pour la réforme de la CEI. Dans ce cadre, nous avons animé un grand meeting à Yopougon, qui a rassemblé toutes les forces vives de la Nation. Meeting que le pouvoir avait tenté de réprimer. Mais grâce à la vigilance de nos militants qui voulaient se faire entendre, ce projet a avorté. C’est pourquoi je suis très heureux d’affirmer que pour la grande majorité des ivoiriens, EDS représente un espoir. Il reste entendu que nous nous sommes toujours prononcés sur des sujets d’intérêt national et international.
Mais l’objectif d’EDS n’est pas d’être reconnu sur l’échiquier politique ivoirien, c’est de mener des combats en vue de la libération des prisonniers politiques, mais surtout pour obtenir la réforme de la Cei. En un an avez-vous eu ces résultats escomptés ?
Je pense que nous avons des résultats. Puisqu’il fallait se faire connaitre d’abord. On s’est fait connaitre. C’est un fait. Il est vrai que nos objectifs c’est la conquête du pouvoir, contribuer à la réconciliation nationale par la libération de nos prisonniers politiques. En premier lieu le président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Simone Gbagbo, Assoa Adou, Lida Kouassi Moïse, Samba David, Tchéidé Gervais et tous les autres anonymes ou connus. Qu’ils soient civils ou militaires. Le retour sécurisé de tous les exilés. C’est un objectif très important pour nous. C’est vrai qu’ils ne sont pas encore libres, mais nous avons posé le problème et nous continuons d’insister là-dessus. L’autre objectif, c’est d’obtenir l’organisation des élections transparentes, justes, crédibles, inclusives. Pour cela, nous insistons pour obtenir la réforme de la CEI. C’est un élément très important aussi de nos objectifs. Parce qu’on ne peut pas aller aux élections en 2020 avec cette CEI. A ce sujet, on a réussi à faire savoir à l’opinion publique nationale et internationale notre position. A savoir que nous exigeons les conditions d’élections transparentes afin que les personnes qui seront élues à l’issue de ces élections soient véritablement l’émanation du peuple. Et en ce sens-là, je pense que, notre combat pour une commission électorale indépendante juste et équitable est su aujourd’hui de tous. C’est peut-être peu, mais on a tout de même réussi à affirmer notre volonté d’avoir des élections claires, des élections qui peuvent contribuer à la réconciliation nationale.
Au moment où vous vous battez pour obtenir la libération des prisonniers politiques, leur nombre vient d’augmenter avec l’arrestation d’autres militants de l’opposition dont Tchéidé Jean Gervais, le porte-parole d’EDS. Quels commentaires ?
C’est justement ce que nous dénonçons et que nous ne cesserons jamais de dénoncer. C’est une arrestation de plus qui démontre que ce régime n’est pas vraiment démocratique. Nous sommes dans un combat juste et légitime, qui mérite d’être soutenu par l’opinion publique nationale et internationale. Cela fait partie de la lutte et nous allons continuer de dénoncer cela.
Après la répression de la marche du 22 mars dernier sanctionnée par des arrestations, les ivoiriens espéraient une réplique avec une autre marche dans les 24 ou 48 heures qui ont suivi. Mais ils n’ont pas eu ce qu’ils attendaient. N’est-ce pas démotivant ?
Ils ont raison de s’attendre à une réplique. Mais vous savez, dans toute lutte, il y a des stratégies qu’il faut mettre en place face à une telle situation. Nous avons lancé un mot d’ordre en invitant les ivoiriens à une marche le 22 mars dernier. Le pouvoir a réprimé cette marche avant même qu’elle ait lieu. Cela veut dire que le pouvoir a peur de cette plate forme qui n’avait pas encore un an. C’est donc une victoire importante. Deuxièmement, après cet évènement, nous avons maintenu le mot d’ordre ! Nous allons forcement répliqué, mais une phase qu’on ne voit pas. C’est la phase de lobbying où nous procédons à des consultations diplomatiques pour faire comprendre. Cela est très important.
Mais cette phase peut ne pas satisfaire aux attentes.
Alors là, nous seront obligé de prendre nos responsabilités ! Mais ce qu’il faut savoir concernant le motif de cette marche, qui est la réforme de la Cei, c’est que nous n’allons pas baisser les bras. Nous allons poursuivre jusqu’à ce qu’on obtienne la réforme effective de la Commission électorale indépendante. Cela dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Et quand il s’agit de l’intérêt de la Côte d’Ivoire, nous sommes prêts à tous les sacrifices. Parce que la prison ne nous fait pas peur. De toutes les façons nous sommes habitués à cela désormais.
Quelle est la position des chancelleries que vous consultez ?
Permettez que je n’entre pas dans les détails en dévoilant le contenu de nos échanges, pour des problèmes diplomatiques. Mais une chose est sûre, c’est que nous allons nous faire entendre. Pour faire en sorte que les conditions d’élections justes et transparentes soient réunies. Parce que nous ne voulons plus de conflits postélectoraux ici en Côte d’Ivoire. Et s’agissant de la Commission électorale, nous pensons que les élections doivent être un facteur de réconciliation nationale. C’est ce que nous faisons comprendre aux chancelleries. Parce qu’il faut que nous ayons des élections transparentes pour qu’on ait une alternance pacifique en Côte d’Ivoire. Notre volonté de paix, nous l’affirmons à tout le monde. Partout où nous sommes passés, nous avons été très bien reçus et nous avons passé nos messages. Notre message de paix, de volonté de réconcilier les ivoiriens. Je pense qu’ils ont compris ce message. Mais nous n’allons pas nous arrêtés là. Nous allons poursuivre dans ce sens.
Malgré cette volonté de paix affichée, le régime reste apparemment fermé à vos revendications. La preuve, elle a organisé les sénatoriales.
C’est vrai que nous contestons la mise en place de cette institution. Mais en réalité, les sénatoriales ne nous concernaient pas. En tout cas au regard du collège électoral, qui est composé des élus, conseillers municipaux et régionaux totalement acquis au pouvoir. C’est le principe de l’organe qui est illégal. Parce que pour nous la CEI est illégale depuis novembre 2017. Cela veut dire que tout ce que la Cei actuelle fait comme activité est totalement entachée d’illégalité. C’est vrai que le pouvoir nous a ignoré et a organisé les sénatoriales. Mais cela s’est fait dans l’illégalité totale. Chacun en tirera les conséquences. En ce qui nous concerne, nous allons toujours maintenir la pression en organisant des manifestations d’envergure pour nous faire entendre. Car il ne faut pas l’oublier, l’un de nos objectifs c’est de voir la CEI réformée et nous y tenons !
Comment allez-vous y parvenir avec ce pouvoir qui est prêt à tout ?
Nous savons comment nous allons contraindre le pouvoir à accepter cela. Nous n’allons pas dévoiler notre stratégie. Mais il faut savoir que nous n’allons pas abandonner cette lutte-là ! Il faut que le pouvoir le retienne une fois pour toute. Et rien ne pourra nous éloigner de cet objectif principal. Parce que, je le répète, il y va de l’intérêt de la Côte d’Ivoire ! Il y va de la paix en Côte d’Ivoire. Pour la Côte d’Ivoire, nous obtiendrons la réforme de la Cei. Et nous avons raison parce que le droit nous donne cette raison. Quand le droit vous donne raison, vous êtes obligé d’utiliser ce droit. En dehors du fait que l’opposition s’est insurgée depuis longtemps contre cette commission électorale dite indépendante, un arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples nous donne raison dans ce combat. Cette cour à travers cet arrêt exige que la Cei soit réformée ! Et cet arrêt doit être exécuté ! l’Etat de Côte d’Ivoire refuse d’exécuter cet arrêt. Malgré ce refus, nous allons continuer à nous battre pour que cet arrêt soit exécuté.
Quand est-ce que vous allez attaquer l’intérieur du pays parce qu’on a l’impression que vous vous cantonnez sur Abidjan seule.
Nous avons déjà commencé avec l’intérieur du pays. Après Mama où nous avons lancé nos activités, nous étions à San-Pedro il y a quelques semaines. Dès demain samedi 21 avril 2018, nous serons à Abengourou pour des activités où nous allons animer un grand meeting. Et progressivement nous allons investir tout le pays. Il ne s’agit donc pas pour nous de nous cantonner à Abidjan. Il s’agit pour nous d’être au contact de la population. Etre au contact des préoccupations des populations. Parce que notre objectif aussi c’est de traduire en acte les quotidien des Ivoiriens. Donc cette année, nous irons au contact des ivoiriens tout en maintenant nos objectifs spécifiques, c’est-à-dire la libération de tous les prisonniers politiques, la réforme de la CEI, les élections transparentes et justes pour que nous ayons une alternative crédible en Côte d’Ivoire.
Où en êtes-vous pour l’organisation interne au sein d’EDS ?
Maintenant qu’on se connait véritablement, nous allons, dans très peu de temps, mettre en place les structures d’EDS. C’est-à-dire les comités départementaux. De sorte qu’EDS soit déployé sur toute l’étendue du territoire national. Cela est en cours. Et puis nous allons désigner les responsables des structures spécialisées. Déjà nous avons désigné le jeune Koua Justin du FPI au poste de président des jeunes d’EDS. Nous venons de désigner la présidente des femmes d’EDS Mme Kasset Josée Mélanie de l’UNG. C’est donc vous dire que nous sommes en train de structurer la plate-forme pour qu’elle soit forte, dynamique comme une armée de combat. Cela nous a pris le temps, mais c’est normal. Parce qu’on dit «qui veut aller loin ménage sa monture.» Il faut aller doucement mais sûrement.
L’un des membres d’EDS organise les 28 et 29 avril prochain, la Fête de la liberté à Gagnoa. Quelle sera la place d’EDS lors de cet évènement ?
Tout comme nous avons été l’année dernière à Akouré, nous seront aussi à Gagnoa cette année. Et nous y prendrons toute notre place pour marquer notre solidarité à ce membre de la plate-forme et pour lancer notre message de pais, de réconciliation nationale et surtout un appel au rassemblement de tous les ivoiriens.
Après cet anniversaire, sous quel signe placez-vous la suite de votre combat ?
Nous sommes assis et nous avons fini de faire les quatre pattes, après cela, nous allons maintenant marcher. C’est pourquoi cette année, nous allons placer nos activités sous le signe de la reconquête de l’intérieur du pays et même de l’extérieur. D’ailleurs nous avons déjà des représentants à l’étranger. Il y a un engouement à l’extérieur qui est tel que nous sommes en train d’étendre l’implantation au niveau de toute la diaspora ivoirienne partout dans le monde. Parce que les ivoiriens attendent beaucoup de nous. Et nous n’allons pas les décevoir. Et nous allons les impliquer dans la plate-forme.
Avez-vous les nouvelles de votre porte-parole, Tchéidé Gervais et les autres personnes arrêtés?
Oui ils sont là et ils vont bien. Tout récemment nous sommes allé les rencontrer à la MACA. Nous étions à leur procès également. Nous avons de bonnes nouvelles d’eux par l’intermédiaire de nos avocats.
Il y a vraiment un mandat d’arrêt contre lui ?
C’est ce que dit le pouvoir ! En tout cas pour nous c’est surprenant ! Parce que voilà quelqu’un qui n’est même pas parti en exil, qui était en permanence sur le territoire ivoirien, qui vaquait tranquillement à ses occupations professionnelles et politiques. Il était même le représentant d’EDS lors des rencontres avec les autorités préfectorales et policières dans le cadre de l’organisation de la marche du 22 mars dernier. Et curieusement au moment où il doit être libéré on lui tend un mandat d’arrêt qui daterait de 2013. Est-ce sérieux ? Je vous laisse apprécier. Mais une chose est sûre, c’est que c’est une autre lutte que nous allons mener et nous avons beaucoup d’espoir.
Que répondez-vous aux ivoiriens qui estiment qu’il n’y a pas d’opposition en Côte d’Ivoire ?
Je pense que c’est une impression. Mais ce n’est pas vrai. Les ivoiriens qui le pensent se trompent. Il existe bel et bien une opposition en Côte d’Ivoire et elle est forte. EDS est là pour les rassurer dans ce sens. Chaque jour nous allons leur montrer que l’opposition existe à travers EDS qui est et sera la seule alternative crédible face à ce pouvoir. Les ivoiriens entendront parler d’EDS de plus en plus. Parce que nous serons de plus en plus présents à leurs Côtés. Et que le pouvoir sache qu’il y a une opposition en Côte d’Ivoire. Que le pouvoir sache qu’il n’est pas seul ! EDS qui est l’émanation du peuple sera toujours là. Nous ne décevrons pas les ivoiriens. Que les ivoiriens continuent de nous faire confiance. C’est le lieu pour nous de dire un grand merci aux ivoiriens pour leur forte mobilisation chaque fois que nous leur avons fait appel. Qu’ils continuent de nous faire confiance.
Interview réalisée par Gbané Yacouba et Ferdinand Bailly