Éditorial / PPTE : du «tout cuit» pour Ouattara !

Publié le lundi 2 juillet 2012 | Soir Info - Ça y est ! C’est fait ! La Côte d’Ivoire est admise à l’initiative Ppte depuis le 26 juin 2012. C’est la nouvelle qui met le gouvernement dans

Alassane Dramane Ouattara, chef de l'Etat.

Publié le lundi 2 juillet 2012 | Soir Info - Ça y est ! C’est fait ! La Côte d’Ivoire est admise à l’initiative Ppte depuis le 26 juin 2012. C’est la nouvelle qui met le gouvernement dans

une intense joie, au point de «sabler le champagne» lors du Conseil hebdomadaire tenu à Yamoussoukro, la semaine écoulée et du baume au cœur de nombreux Ivoiriens. La Côte d’Ivoire, rejoint ainsi, le «club» très fermés des «42 Ppte» dans lequel, se sont déjà installés, l’Ouganda, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger, le Honduras, le Malawi, le Nicaragua, Sao-Tomé, Principe, etc. Mais, depuis l’annonce de la «bonne nouvelle», ouf de soulagement, interrogations et railleries s’entremêlent. Tout est parti de cette déclaration de Philippe Egoumé, ancien Représentant du Fonds monétaire International (Fmi) en Côte d’Ivoire, à l’issue d’une audience avec le chef du gouvernement, Guillaume Soro, le lundi 30 mars 2009. Il était accompagné de feu Paul-Antoine Bohoun-Bouabré, Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du Développement, et de M. Charles Diby Koffi, alors Ministre de l’Economie et des Finances.

Ce jour-là, avec Soro Guillaume, nommé Premier ministre par Laurent Gbagbo, deux ans plus tôt, l’initiative Ppte était au centre de l’audience. «Je suis venu annoncer officiellement que le vendredi 27 mars 2009, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé le programme économique de la Côte d’Ivoire appuyé par la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance. C’est un programme de trois ans, qui permettrait à la Côte d’Ivoire d’avoir accès à des ressources qui s’élèveront à 570 millions de dollars, soit environ 260 milliards de Fcfa. Il faut noter que sur ce montant, 60 milliards de Fcfa seront utilisés pour rembourser les appuis financiers reçus dans le cadre du Fonds d’appui d’urgence post-conflits. 200 milliards de Fcfa seront ensuite décaissés sur trois ans», avait déclaré M. Egoumé. On comprend donc que l’arbre dont les fruits sont récoltés aujourd’hui par le nouveau pouvoir a été planté par le régime déchu sous des pluies de bombes et de missiles, le 11 avril 2011 de Laurent Gbagbo. S’il est vrai que les hommes passent et que le pays reste, que le pouvoir est une continuité, il aurait été à l’honneur du gouvernement d’Alassane Ouattara, de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui lui revient. Que perdrait le pouvoir Ouattara en reconnaissant, ne serait-ce que la paternité de l'initiative du dossier Ppte au régime Laurent Gbagbo, surtout que ceux qui, techniquement, l’ont porté à bout de bras, lui ont donné corps et esprit, depuis 2009, sont encore aux affaires? Il s’agit du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, alors Premier ministre et Charles Koffi Diby, Ministre de l’Economie et des Finances.

Ce dossier était donc «du tout cuit» ou presque pour Ouattara et son gouvernement… Ils n’avaient plus qu’à s’en servir… Mais, à en juger par cette absence d’hommage, voire cette simple marque de reconnaissance «pour service rendu» à l’endroit de l’ancienne équipe dirigeante, qui, il faut le rappeler, portaient encore la légitimité des suffrages des Ivoiriens, l’on pourrait être tenté de croire que Ouattara a une dent bien aiguisée contre Laurent Gbagbo. Quoi qu’il en soit, il faut tirer le chapeau au chef de l’Etat, dont l’entregent a été pour beaucoup dans la décision des dirigeants des Institutions de Breton Woods où il a débuté, à 27 ans, sa carrière d’économiste. Mais, les Ppte, c’est quoi au juste ? Cette question est sur toutes les lèvres depuis quelques jours.

Si l’on en croit Jean Charles, économiste financier, interrogé sur la question par un confrère de la place, les avantages attendus au point d’achèvement du Ppte (au titre du Ppte et de l’Iadm) sont les suivants : «Allégement de la dette à travers une baisse du service et une réduction du stock de la dette/amélioration des ratios de la dette (stock de la dette sur Pib, exportations et revenus ; services de la dette sur exportations et revenus), grâce à l’annulation des intérêts et l’annulation partielle et la restructuration du stock. L’on va assister à un encouragement aux Ide (Investissements directs étrangers), accélération des investissements en général et stimulation de la croissance pouvant se traduire par une forte réduction de la pauvreté». Pour le ministre Charles Koffi Diby (…) Les ressources Ppte se situent entre 400 et 500 milliards de Fcfa par an pendant plusieurs années. Mais il s’empresse d’ajouter : «Quoique fortement attendues par les uns et les autres ces ressources ne sauraient constituer, à elles seules, l’ensemble des moyens financiers nécessaires au pays pour se relancer vigoureusement et durablement. Ces ressources nous ouvrent les portes; elles sont une étape primaire nécessaire. Parce qu’elles permettront à l’Etat d’avoir une marge de manœuvre aussi bien au niveau budgétaire qu’au niveau de la trésorerie publique. Si cette marge est bien utilisée, le secteur privé nous accompagnera dans le processus de relance.

Motivés aussi par l’utilisation judicieuse du gap dégagé grâce aux ressources Ppte, des bailleurs de fonds comme la Banque africaine de développement (Bad), l’Union européenne, l’Agence française de développement (Afd) et bien d’autres partenaires au développement viendront nous assister par le biais des appuis budgétaires, des prêts souverains octroyés à l’Etat ou par le financement du secteur privé». Voilà l’intérêt direct et les avantages liés aux Ppte. Il y a donc de quoi pavoiser, psalmodier, à porter un toast… C’est le jackpot ! Souhaitons seulement que la gestion de ce programme (Ppte) qui porte les espoirs de tout un peuple réponde aux nombreuses attentes allant des plus irréalistes aux plus légitimes à travers « des investissements accrus dans les différents secteurs sociaux et donner un meilleur environnement de vie aux populations », comme promis par le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, lui-même.

COULIBALY Vamara