« Affaire Coups De Feu A Agban » : Les précisions d`un Gendarme
Publié le mercredi 19 octobre 2011 | L'Inter - Le silence troublant des autorités
Dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 octobre dernier, des coups de feu ont été entendus au camp de la Gendarmerie d`Agban, à Abidjan. Depuis, les supputations vont bon train. Certaines sources évoquent une tentative de coup d’État qui aurait été déjouée.
Publié le mercredi 19 octobre 2011 | L'Inter - Le silence troublant des autorités
Dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 octobre dernier, des coups de feu ont été entendus au camp de la Gendarmerie d`Agban, à Abidjan. Depuis, les supputations vont bon train. Certaines sources évoquent une tentative de coup d’État qui aurait été déjouée.
D`autres pensent que ces bruits de canon sont le fruit d`un complot orchestré par le pouvoir pour mener une répression contre des gendarmes et militaires étiquetés comme étant des pro-Gbagbo. Et il y a ceux qui font état d`un mouvement d`humeur de certains gendarmes qui ont voulu, à travers cette pétarade, manifester leur mécontentement contre le nouveau commandant de la Gendarmerie nationale, le Général de Brigade Kouassi Gervais, jugé très « dur » envers les troupes. D`ailleurs à ce propos, un officier de gendarmerie qui a souhaité garder l`anonymat, nous a joint hier au téléphone pour faire les précisions suivantes : « Nous (les gendarmes) ne sommes pas là pour faire un coup d’État, ce n`est pas de la nature de la gendarmerie ; il ne s`agit pas de ça. Ce que nous dénonçons, c`est le comportement de notre Commandant supérieur. Il ne nous traite pas comme des humains, et si c`est comme cela qu`il veut nous commander, nous disons non ! Donc pour nous, ce qui s`est passé à Agban est un signal que nous envoyons au président de la République pour lui dire que nous ne sommes pas contents de notre Commandant. Il faut que le président regarde de ce côté-là ».
Le gendarme n`a cependant pas voulu nous faire part de la nature des traitements que leur ferait subir le Général Kouassi Gervais et qu`il dénonce. Soit.
Mais avant que des enquêtes crédibles ne viennent établir les raisons exactes de ces détonations dans la plus grande caserne de gendarmerie de Côte d`Ivoire, on s`interroge sur le mutisme des autorités jusqu`à ce jour. Un silence troublant, pourrait-on dire. En effet, le samedi 15 octobre, une réunion avait été annoncée dans la matinée entre le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi et la hiérarchie militaire, à son cabinet au Plateau. La presse avait dans un premier temps été conviée à cette rencontre. Mais la réunion avait été reportée pour l`après-midi, au motif que le ministre de la Défense serait reçu en audience par le chef de l’État dans la même matinée. Puis, plus rien au sujet de ce « staff meeting » au bureau de Paul Koffi Koffi. De sources militaires, cette « réunion de crise » a bel et bien eu lieu au cabinet du ministre, mais rien n`a filtré de cette rencontre. Aucun communiqué officiel n`a été produit pour informer les populations sur ce qui s`est réellement passé à Agban. Ni le porte-parole du ministre de la Défense, Léon Allah Kouakou, d`ordinaire si prompt à se présenter sur le petit écran, ni le commandement supérieur de la gendarmerie nationale n`ont fait la moindre déclaration à ce sujet. Bruits de bottes confirmés ou pas, les populations ont besoin de quiétude. Et aussi de savoir. C`est donc le lieu d`interpeller les autorités sur la nécessité de rassurer les citoyens, les partenaires de la Côte d`Ivoire et les investisseurs. Il faudra éviter de retomber dans la psychose des coups d’État, fondés ou infondés, ou dans la paranoïa de complots qui ont rythmé les deux premières années de gestion du pouvoir de l`ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Il ne se passait quasiment pas de semaine ou de mois sans qu`une tentative de coup d’État ne soit signalée ou qu`un complot contre l`ancien régime ne soit avortée. Les populations ont vécu la peur au ventre jusqu`à ce que ce qui devait arriver dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, arrivât. Les nouveaux dirigeants ne doivent pas retomber dans les mêmes travers.
Anassé Anassé