Côte d'Ivoire: Déclaration de la Coordination du FPI en exil suite à la déportation du Président Laurent Gbagbo

Le 08 décembre 2011 par IvoireBusiness - DECLARATION DE LA COORDINATION FPI EN EXIL SUITE A LA DEPORTATION DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO

Assoa Adou.

Le 08 décembre 2011 par IvoireBusiness - DECLARATION DE LA COORDINATION FPI EN EXIL SUITE A LA DEPORTATION DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO

Le 29 Novembre 2011, aux environs de 18H GMT, le Président Laurent GBAGBO a été enlevé et déporté par voie aérienne à la cour pénale internationale de la Haye.
Selon le procureur Ocampo, Laurent Gbagbo aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité à raison de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles, d’actes de persécution et d’autres actes inhumains, qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences post électorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.
Ce faisant, le procureur de la CPI, qui est resté sourd, muet et aveugle à la requête introduite par le Président Laurent GBAGBO depuis le 18 Avril 2003 pour enquêter sur les crimes commis en Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002, retrouve sa science et ses sens en juin 2011, pour répondre à la requête de M. OUATTARA faite le 3 mai 2011, soit 7 ans après celle du Président GBAGBO.
Or, la déportation de Laurent Gbagbo à la CPI est l’épilogue d’un long processus commencé dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 et émaillé de crimes odieux documentés par de nombreux rapports et témoignages des Nations Unies et des organismes nationaux et internationaux.
En effet, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est attaquée par une horde de rebelles sous la direction de SORO Guillaume et cause plusieurs victimes dont le massacre de 61 gendarmes, 61 enfants et 7 civils à Bouaké au tout début du conflit, l’extermination de 5 femmes danseuses traditionnelles d’Adjanou à Sakassou le 21 décembre 2002, l’exécution et l’étouffement de 99 personnes à Korhogo, les viols, vols, exécutions sommaires, rites sacrificiels avec des personnes égorgées ou réduites en esclaves sexuels sur toute la partie centre, nord et ouest de la Côte d’Ivoire. Tous ses faits sont l’objet de rapports circonstanciés des organisations humanitaires notamment Amnesty international et Human Wright Watch dont Ocampo a les copies. C’est à cette crise grave que les élections de 2010 étaient sensées mettre un terme en application de l’accord politique de Ouagadougou à l’initiative du Président Gbagbo.
Suite à la victoire du président Gbagbo proclamée par le Conseil Constitutionnel de la Côte d'Ivoire à l'issue du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010, M. Ouattara refuse de reconnaitre cette victoire et décide de prendre le pouvoir par la force avec l’aide des rebelles de SORO Guillaume, de la France, de l’ONUCI et de la CEDEAO. Pour se faire il lance plusieurs attaques sur Abidjan pour occuper les sites stratégiques avec les rebelles et un commando invisible installé à ABOBO au nord d’Abidjan, faisant plusieurs victimes dont 32 éléments des forces de l’ordre et une trentaine de civils dans le village d’Anokoua Kouté à ABOBO.
Malgré une médiation de l’Union Africaine, préconisant une solution négociée à la crise, acceptée par le Président Laurent Gbagbo, M. OUATTARA transforme par une ordonnance prise le 17 mars 2011 la rébellion en Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et attaque la ligne de front ouest le 28 mars 2011 avec l’appui de mercenaires de la CEDEAO, de l’ONUCI et de la licorne. C’est ainsi que le contentieux électoral est devenu une guerre.
Des villages entiers furent détruits à l’ouest et au centre-ouest, des civils exécutés ou brulés, l’ethnie wè subit un véritable génocide avec plus de 800 personnes tuées. Devant l’impossibilité des rebelles à prendre les sites stratégiques après leur progression jusqu’à Abidjan, la France intervient directement et procède à des bombardements massifs de la Résidence du chef de l’Etat à partir du 31 mars 2011, qui occasionnent le massacre d’une centaine de jeunes patriotes et procède à l’arrestation du Président Laurent GBAGBO le 11 avril 2011 pour installer M. OUATTARA au pouvoir.
A la lecture de ce qui précède, il est évident que s’il s’agit de rechercher des responsables ayant commis des meurtres, des viols, des persécutions et des traitements inhumains, les suspects sont connus, avec à leur tête : Mrs. SARKOZY, BAN KI MOON, SORO Guillaume, Alassane OUATTARA. Aucun mandat de l’ONU ni aucune décision de l’Union Européenne ne peuvent justifier des crimes contre l’humanité. Les vraies raisons de la déportation du Président Gbagbo sont ailleurs.
LES VRAIS RAISONS DE LA DEPORTATION DU PRESIDENT GBAGBO.
En réalité c’est l’insoumission du Président Laurent GBAGBO et de son parti au nouvel ordre de domination concocté par l’impérialisme occidental en faillite qui justifie la déportation du Président GBAGBO. L’histoire est riche des conquêtes impérialistes de l’occident suite à des crises économiques, religieuses ou politiques : C’est le cas de la conquête de l’Amérique et de l’esclavage à partir du 17°siècles, qui ont décimé la population des autochtones américains (qui est passé de 100 millions d’habitant à 4.5 millions en l’espace d’un siècle) et fait 42 millions de victimes de la traite négrière, dont seulement 11 millions sont arrivés à destination, le reste étant jeté à la mer aux requins au cours des traversées. L’objectif de tout ceci était l’approvisionnement en sucre, tabac, coton, or et épices, c'est-à-dire en matières premières.
C’est également le cas de la colonisation à partir de la conférence de Berlin de 1885, toujours pour assurer l’approvisionnement des usines européennes en matières premières. La colonisation fut décidée en mettant en avant une mission civilisatrice en Afrique pour se mettre à l’abri de l’opinion publique Européenne hostile aux crimes de la période esclavagiste. Les pratiques esclavagistes prirent le nom de travaux forcés, de code de l’indigénat. La lutte que les peuples africains ont menée contre la colonisation nous donne de nombreux exemples de massacres sans nom (décapitation de l’UPC et extermination des résistants camerounais, enlèvement et assassinat de Patrice Lumumba, DEPORTATION loin de leurs terres de nombreux chefs africains jugés rebelles) perpétrés par les colonialistes. Cette lutte a conduit aux indépendances des années 1960 sans mettre fin aux besoins en matières premières et aux visées impérialistes en Afrique sous la forme du néocolonialisme.
C’est dans le prolongement du projet néocolonial qu’il faut rechercher l’hostilité de l’impérialisme français envers Laurent Gbagbo, qui se manifeste dès son élection et qui ne faiblira point jusqu’à son renversement le 11 avril 2011 et aujourd’hui à sa déportation à la CPI.
L’impérialisme occidental, notamment Français, sentant la fin de plusieurs siècles d’exploitation des richesses africaines et notamment ivoiriennes à son seul profit, a attaqué le pouvoir du Président GBAGBO par rebelles interposés en 2002, soit deux ans seulement après son accession au pouvoir. Les tentatives de récupération du pouvoir par tous les moyens ont échoué de 2002 à 2010. Suite à la réélection du Président GBAGBO en 2010, un autre coup d’Etat, cette fois-ci direct, est organisé par la France en mettant en avant une nouvelle mission civilisatrice de l’occident pour mieux se cacher de son opinion publique: Installer la démocratie.
Pour fermer la porte à toute tentative de récupération du pouvoir parlementaire par Laurent GBAGBO via son parti, la France décide avec le pouvoir OUATTARA d’éloigner le président Laurent GBAGBO du sol ivoirien et d’écarter le FPI de toute compétition électorale. Ainsi, il sera possible de donner une assise au pouvoir OUATTARA. Le parlement qui sortira donc de ces élections permettra de mettre au pas le peuple ivoirien avec un nouvel accord militaire entre la France et la Cote d’Ivoire et de voter les lois antiéconomiques et antisociales nécessaires pour arracher les terres aux paysans, privatiser toutes les richesses et secteurs stratégiques, bradés à l’impérialisme occidental, notamment français, et barrer la route à la convoitise des pays émergeants. Comme au cours des siècles passés, la survie de l’impérialisme occidental a un prix à payer par le sang, la soumission et les matières premières, qu’il est prêt à faire supporter aux africains de gré ou de force. L’exemple de la Côte d’Ivoire et de la Libye et leur violence extrême a un but pédagogique pour tous les peuples africains : se soumettre ou périr.
Les pays émergeant nous enseignent une autre voie : Lutter pour se libérer.
CONCLUSION
La déportation de Laurent GBAGBO, fait hautement politique et stratégique, au-delà des arguments présentés par OCAMPO pour distraire l’opinion publique occidentale, doit interpeller chaque citoyen du monde. Elle s’inscrit dans l’offensive actuelle d’un occident en faillite pour renforcer son contrôle sur les Etats faibles d’Afrique, dont le malheur est d’être riches en matières premières également convoitées par les pays émergents.
Tout comme au 17ème siècle avec l’esclavage ou à la fin du 19ème siècle avec le partage de l’Afrique et la colonisation, aujourd’hui des crimes abominables sont commis au nom de principes moraux douteux, « imposer la démocratie », qui masquent la volonté des pays occidentaux de soumettre dans le sang s’il le faut, dominer et exploiter les pays africains, riches en matières premières.
Démocrates ivoiriens, africains et progressistes du monde entier, unissons nous et mobilisons nous partout dans le monde pour l’accomplissement des nobles idéaux contenus dans la charte des nations unies : souveraineté, coopération pacifique et règlement pacifique des conflits.
Levons-nous partout pour réclamer la relaxe pure et simple de Laurent Gbagbo par la CPI, et la libération de tous les prisonniers politiques en Côte d’Ivoire, la libération des domiciles et des plantations occupés par les rebelles.
Ivoiriennes et ivoiriens,
Levons-nous pour le boycott pacifique des élections législatives (non participation aux meetings et au vote), pour réclamer le retour de l’Etat de droit, la sécurité et la démocratie inclusive en Côte d’Ivoire.

Dr ASSOA ADOU
PRESIDENT ET PORTE PAROLE DE LA COORDINATION FPI EN EXIL