Mondial 2014: Ghana - Allemagne (2-2). André Ayew, le buteur qui redonne espoir au Ghana

Par Le Monde.fr | André Ayew, le buteur qui redonne espoir au Ghana.

Le joueur de l'Olympique de Marseille s'est de nouveau distingué, samedi 21 juin,en permettant aux « Black Stars » d'accrocher l'Allemagne à Fortaleza (2-2). | REUTERS/MIKE BLAKE.

Il est des équipes et des joueurs qu'on ne souhaite pas voir disparaître dès le premier tour. Ainsi du Ghana et de son attaquant relayeur, André Ayew, positionné sur le flanc gauche. Ils se sont distingués de la plus belle manière, samedi 21 juin à Fortaleza, en tenant en échec (2-2) l'Allemagne, une sélection qui avait frappé fort en écrasant d'emblée le Portugal (4-0).
Vifs, rapides et techniques, les « Black Stars », en jouant très habilement le contre, ont même été proches de réaliser un exploit, aucune équipe africaine n'ayant battu la Mannschaft depuis l'Algérie en 1982. Les quarts de finaliste de l'édition 2010 ont à nouveau conquis le public. Celui du stade Castelao de Fortaleza a même sans doute eu l'impression d'assister à la plus belle rencontre depuis le début du tournoi, un modèle d'intensité et d'équilibre quand les chocs annoncés (Pays-Bas-Espagne ou Allemagne-Portugal) ont dégénéré en raclées. Comme l'a constaté le sélectionneur allemand Joachim Low, tous les ingrédients du plaisir étaient réunis : « Une dramatique fascinante avec des coups de théâtre. »

Ses hommes pensaient pouvoir empocher leur billet pour les huitièmes de finale dès leur deuxième match. Au lieu de quoi, freinés dans leur élan, ils joueront leur qualification le 26 juin à Recife contre les Etats-Unis. « On saura alors si nous poursuivons ou quittons la compétition », a ajouté Low, une hypothèse que les supporteurs allemands n'avaient pas osé imaginer, confiants et sereins, en se rendant au Castelao. A la mi-temps, alors que le score était vierge, ils ne cachaient pas leur surprise et leur admiration pour l'opposition présentée par le Ghana. Au même moment, le 16 juin, le Portugal de Cristiano Ronaldo avait déjà encaissé trois buts.
BUT D'ANTHOLOGIE
La reprise a apporté vingt minutes de folie avec quatre buts inscrits dans cette intervalle. Après celui de Mario Goetze (51e), on craignit que le réalisme allemand ne finisse par s'imposer à la résistance ghanéenne. Mais André Ayew n'a pas mis trois minutes à réagir et à rétablir la parité d'une tête splendide au point de penalty. Un vacarme assourdissant a ensuite accompagné le deuxième but d'Asamoah Gyan (63e). Le fol espoir des supporteurs ghanéens (et dans une large mesure, brésiliens) et la frayeur de leurs homologues allemands n'aura pas duré huit minutes puisque le vétéran Miroslav Klose, à peine entré en jeu, a égalisé. A 36 ans, l'attaquant de la Lazio Rome, pour son quatrième Mondial, a ainsi égalé le record, détenu par le Brésilien Ronaldo, du nombre de buts inscrits en Coupe du monde : quinze.
Côté allemand, le défenseur Mats Hummels a résumé le sentiment général en déclarant : « Nous devons être contents avec ce nul ».
Fiers de leur performance, les Ghanéens étaient évidemment déçus, moins par le résultat que par ses conséquences. Leur faux-pas initial contre les États-Unis risque de leur coûter cher. Ils n'avaient pas démérité le 16 juin à Natal, seulement manqué de concentration lors des moments cruciaux, ce qui est impardonnable en Coupe du monde. Le premier but a été encaissé après trente secondes de jeu et le deuxième à quatre minutes de la fin du temps réglementaire. Entretemps, André Ayew avait déjà égalisé grâce à un but d'anthologie. « Il est beau mais il ne compte pas », avait-il déclaré, amer.
ÉPAISSEUR IMPRESSIONNANTE
Une casquette Batman posée à l'envers sur le crâne, le joueur de l'Olympique de Marseille a encore regretté, dans la zone mixte de Fortaleza, ce match contre les Etats-Unis que les Ghanéens, dominateurs en seconde mi-temps, n'auraient jamais dû perdre : « Cette défaite fait toujours mal. Du coup, on disait qu'on allait perdre contre l'Allemagne et on a bien rivalisé avec eux. Les Allemands ont eu beaucoup de réussite aujourd'hui, mais c'est le propre des grandes équipes. »
Déjà présent en 2010, le fils d'Abedi Pelé, qui fit les grands jours du Ghana et de l'OM dans les années 1980 et 1990, a pris à 24 ans une épaisseur impressionnante au sein des « Black Stars ». « J'ai beaucoup de responsabilités par ce que le coach et les joueurs me font confiance, reconnaît-il. Je prend de l'âge aussi, ça fait quand même sept ans que je suis en sélection. Ce rôle que l'ai ici, je l'ai déjà à l'OM. Donc ça ne change pas beaucoup mes habitudes. »
Reste qu'avec un maigre point récolté en deux matchs, les « Black Stars » ne sont plus maîtres de leur destin. Ils doivent certes nécessairement vaincre le Portugal le 26 juin à Brasilia. Mais si les Etats-Unis font de même quatre jours plus tôt à Manaus et ne battent pas l'Allemagne ensuite, les Ghanéens repartiront automatiquement à Accra. « L'espoir est toujours là, veut croire André Ayew. On va se battre et rester unis. C'est un groupe de la mort mais on est venu là pour se qualifier. »

Par Bruno Lesprit (Fortaleza, envoyé spécial)

NB: Le titre est de la rédaction.