Augustin Kouadio Komoé, DDC à Koun-Fao: "Entre le Zanzan et Laurent Gbagbo, quelque chose se passe"
Le 23 septembre 2010 par Notre Voie - Le ministre Augustin Komoé, directeur départemental de campagne du candidat Laurent Gbagbo à
Le 23 septembre 2010 par Notre Voie - Le ministre Augustin Komoé, directeur départemental de campagne du candidat Laurent Gbagbo à
Koun-Fao, jauge l’implantation du Front populaire ivoirien dans une région réputée bastion du Pdci-Rda. Mais en même temps, il explique les nouveaux rapports entre les populations du Zanzan et le chef de l’Etat ivoirien. Notre interview. Notre Voie : Monsieur le directeur départemental de campagne (Ddc) du candidat Laurent Gbagbo, depuis 2009, vous avez été porté à la tête du département de Koun Fao. Quel est aujourd’hui l’état de santé du Fpi dans ce nouveau département ? Augustin Komoé : Merci, mais je trouve qu’il faut aller au-delà de 2009. Je suis directeur départemental de campagne du président Gbagbo dans la zone Tanda-Koun-Fao depuis 2005 en réalité. Parce qu’à l’époque, les deux départements d’aujourd’hui faisaient un seul. Et donc, j’ai géré pendant 2 ou 3 ans cet espace là en tant que Ddc. Et nous avons réussi à rétablir certains équilibres. Déjà, à l’époque, sachez que dans cette région du Zanzan réputée favorable au Pdci, il y a un cadre influent de ce parti qui avait pris pratiquement tous les parents en otage à Tanda. Et en arrivant à la tête de la direction départementale de campagne (Ddc), j’ai essayé d’équilibrer les forces sur le terrain de sorte à donner confiance à nos camarades sur le terrain pour qu’ils puissent militer de façon active sans craindre des répressions quelconques. Et puis lorsque le département de Koun-Fao a été créé, la direction du parti a nommé un Ddc à Tanda et m’a confirmé comme Ddc de Koun-Fao. En réalité depuis lors, j’ai continué de me comporter comme le Ddc de tout l’espace puisque je suis le seul ministre du gouvernement issu de notre parti dans la région. Et donc, tout ce qui se passe dans la région et qui touche notre parti m’intéresse surtout que j’ai géré l’espace avant. Pour ce qui concerne Koun-Fao de façon spécifique, là aussi, c’est le sud de la région du Zanzan, réputé bastion du Pdci, on n’a eu aucun élu dans cette partie- là ; le travail était effectivement difficile. Le Fpi n’était pas suffisamment implanté, nous avons dû user de beaucoup de stratégies pour pouvoir implanter le parti. Nous avons sillonné les 115 villages du département et nous avons le retour du terrain. Nous savons qu’un travail a été fait. Là où on nous fermait les portes, il y a quelques années, aujourd’hui, ce sont les populations elles-mêmes qui nous invitent à parler de Laurent Gbagbo, à parler de son programme. Et partout, nous avons des structures de base du Fpi. Comme nous avons pratiqué l’ouverture prônée par le président de la République lui-même, beaucoup de personnes, qui étaient réticentes au départ et qui avaient quelque gêne pour abandonner le Pdci afin de militer au Fpi, nous ont rejoints sans être forcément militants du Fpi. N.V. : N’y a-t-il pas de grincements de dents au sein de votre formation politique avec l’arrivée de tous ceux qui forment aujourd’hui avec vous la Majorité présidentielle ? En d’autres termes, comment les militants du Fpi ont-ils accueilli ces nouveaux venus ? A.K. : Il y a forcément une réticence de la part des militants, et surtout les vieux militants qui ne voient pas toujours d’un bon œil l’arrivée d’autres personnes au moment où nous allons aborder les échéances électorales. Souvent, les militants pensent que ces personnes-là sont des opportunistes qui veulent exploiter le fruit de leur longue lutte. Mais nous avons dû expliquer de façon méthodique à nos camarades militants que dans une période électorale, on ne va pas en campagne avec ses seuls militants. Aucun parti politique ne peut gagner aujourd’hui des élections en Côte d’Ivoire avec ses seuls militants. Il suffit de regarder l’échiquier politique national et les statistiques par parti politique et de comparer ces statistiques-là à la liste électorale que nous venons d’avoir et vous comprendrez que tous les partis réunis n’ont pas 3 millions d’adhérents. Et donc si un parti veut compter uniquement sur ses militants pour faire élire son candidat, il se trompe. C’est cette analyse-là que nous avons partagée, depuis un certain temps, avec nos camarades sur le terrain et qui a permis aujourd’hui d’avoir avec nous des cadres importants et influents d’autres partis politiques. Je sors d’une tournée dans le département, et j’ai eu une étape importante dans la sous-préfecture de Kouassi Datèkro qui fait partie du département. Et je peux vous dire que le succès que nous avons enregistré est en partie dû au travail que nous avons fait depuis toujours, mais également à l’arrivée dans nos rangs d’un cadre non militant du Fpi qui a été directeur de campagne d’Anaky Kobena en 2000. N.V. : Qui est ce cadre et comment s’appelle-t-il ? A.K. : C’est un cadre de Kouassi Datèkro. Il s’appelle Kouamé Kader. Il a compris depuis lors qu’il ne pouvait plus continuer à faire chemin avec Anaky Kobena et ayant vu la manière de gouverner et la manière d’opérer du candidat Laurent Gbagbo, a décidé de travailler pour lui. Et il m’a rejoint et je l’ai même nommé comme Ddc adjoint. Et je puis vous dire qu’en si peu de temps, il a réussi à retourner une bonne partie du peuple Bini. C’est avec beaucoup de satisfaction que j’ai constaté le travail de fond qui a été fait. Je ne dis pas que nos militants n’ont pas travaillé, mais ils avaient atteint une limite. Il fallait avoir quelqu’un de l’autre côté pour faire venir ceux qui sont de l’autre côté justement. Et c’est ce que nous avons fait. N.V. : Vous avez aussi décidé de lutter contre la pauvreté dans le département de Koun-Fao en créant un fonds pour la jeunesse. Est-ce à dire que cette frange de la population est désœuvrée dans cette partie de la Côte d’Ivoire ? A.K. : Nous sommes dans une région qui fait partie des régions les plus pauvres de la Côte d’Ivoire. Le taux d’analphabétisme est très élevé ; les jeunes filles ne vont pas à l’école ; et puis le chômage pour ceux qui ont fait l’école qui ne sont pas allés très loin, est tellement criard que les discours ne suffisent plus à apaiser ces populations-là. Et en tant que financier, je pense qu’il faut mettre en place un instrument qui puisse les aider à pouvoir se prendre en charge. C’est pour cela que je me suis proposé à mettre en place le Fonds pour les projets de la jeunesse du département de Koun-Fao. Je vais également mettre en place une structure, qui va les aider à monter les projets de façon bénévole et de façon gratuite. Parce que leur problème, c’est le manque de moyens. N.V. : Ce projet prend-il en compte les femmes ? A.K. : Quand je parle de jeunes, c’est y compris les jeunes filles. Dans le département, j’ai également encouragé les femmes à se mettre en coopérative pour exploiter qui des maraîchers, qui toutes sortes de produits vivriers qui peuvent leur procurer quelques revenus. Et progressivement, ce mouvement aussi est en train de prendre. A Kouassi Datèkro, il y a une grande coopérative de femmes. A Koun-Fao même, il y a une coopérative de femmes dont le siège se trouve dans le village de N’Goratto et que j’encourage. N.V. : La formation est un paramètre important pour une meilleure gestion d’un projet. Or, comme vous le dites, les jeunes de votre département ne sont pas suffisamment allés à l’école. Avez-vous pensé à la pérennisation du fonds pour la jeunesse du département de Koun-Fao ? A.K. : Comme je le disais tout à l’heure, l’instruction a été le maillon faible des politiques de notre région de sorte que beaucoup de jeunes, soit ne sont pas allés à l’école, soit ont arrêté très tôt l’école. Et il est difficile dans ces conditions- là d’espérer qu’ils puissent gérer des affaires et les faire prospérer. C’est pour cela qu’on va adjoindre à ce fonds une structure qui va les former à la gestion du projet pour qu’ils apprennent à investir et à retirer des bénéfices sans confondre le chiffre d’affaires et le bénéfice. Qu’ils soient allés à l’école ou non, il y a des techniques aujourd’hui qui permettent des à gens qui n’ont jamais été à l’école de savoir gérer une affaire. C’est ce que nous allons essayer de faire pour eux. N.V. : La mise en place de ce fonds pour la jeunesse est-elle la seule action que vous avez entreprise dans votre Ddc ? A.K. : Depuis que nous nous sommes repliés sur le département de Koun-Fao, nous avons essayé de donner des outils de combat à nos militants et à nos sympathisants sur le terrain par la formation notamment. Cela s’est traduit par un séminaire que nous avons organisé l’année dernière et cette année, comme nous sommes à quelques semaines des élections, nous avons également un séminaire sur les stratégies électorales au cours duquel nous avons appris à nos camarades, comment approcher les électeurs à cette phase cruciale du processus électoral. Et nous leur avons dit également de soigner le message, le discours qu’ils véhiculent dans les différents villages. Nous leur avons demandé de parler de notre candidat, de parler de l’homme, de ses qualités et de ses réalisations. Et surtout ses réalisations au plan local. Et puis, pour permettre à nos camarades d’être mobiles, nous avons doté toutes les sections des 5 sous-préfectures d’engins motorisés. Nous avons aussi offert un véhicule à la fédération du département de Koun-Fao. Mais nous sommes allés au-delà, pour faire bénéficier au département de Tanda de moyens de déplacement. N.V. : Quelles sont les réalisations du président Gbagbo en faveur de votre région ? A.K. : Le président de la République a fait beaucoup pour la région. Sur le plan de l’aménagement du territoire, nous sommes passés de 3 départements à 9 départements aujourd’hui sous Laurent Gbagbo. Voyez dans le département un outil de développement puisqu’il va être doté d’un conseil général. Et c’est un acte très fort qui est apprécié par la population. Le président a communalisé toute la Côte d’Ivoire. Dans le Zanzan, cette politique de communalisation est palpable. Et mieux, lorsque vous prenez les régions du Moyen Comoé et du Zanzan, après Adzopé, le seul membre du gouvernement, c’est moi et je suis de Koun-Fao. Je suis du Zanzan. Il n’y a qu’au deuxième remaniement qu’on a eu un deuxième ministre. Mais qui est encore de Koun-Fao. Le président de la République vient de nommer un cadre influent du Pdci comme Haute autorité de développement de la partie nord du Zanzan en la personne de Palé Dimaté. Tous ces éléments militent en faveur de notre candidat. N.V. : Dans quelques jours, le président de la République sera dans la région du Zanzan pour le début de sa campagne présidentielle. Peut-on déjà avoir une idée de la mobilisation des populations sur le terrain à l’annonce de cette nouvelle ? A.K. : Depuis quelques années, il y a quelque chose qui se passe dans le Zanzan dans ses rapports avec le chef de l’Etat. Toutes les fois que le chef de l’Etat s’est rendu dans cette région, ce sont les populations qui ont demandé à le voir en plus de ce qu’elles se déplacent à Abidjan pour le rencontrer. C’est vrai qu’aux dernières élections de 2000, nous n’avons pas eu beaucoup d’élus pour le président, mais j’ai l’impression que mes parents regrettent un peu leur vote de 2000 et ils veulent se racheter. Ils ont dû se laisser tromper. Et maintenant qu’ils ont vu l’homme à la tâche, ils se disent : “Mais c’est l’homme qu’il nous faut. Non seulement à la Côte d’Ivoire, mais également pour notre région. Parce que c’est lui qui prête attention à notre région plus que tous les autres dirigeants qui sont passés”. Et donc, les populations du Zanzan sont mobilisées pour accueillir encore une fois, le président Laurent Gbagbo, cette fois-ci, en précampagne électorale. N.V. : Monsieur le Ddc, avant cette visite du chef de l’Etat dans le Zanzan, avez-vous un appel à lancer à l’endroit de la population ? A.K. : Je voudrais, dans un premier temps, m’adresser aux militants du Fpi. Si aujourd’hui la région s’ouvre au président Gbagbo, c’est parce que les militants, depuis 1990, ont travaillé dans des conditions très difficiles. Il y en a qui ont perdu leurs emplois. Il y en a qui ont perdu leurs femmes, il y en a qui ont perdu leurs biens pour implanter le Fpi. Mais aujourd’hui, le combat prend une autre tournure, il a atteint une autre dimension. Le président Laurent Gbagbo n’appartient plus au seul Fpi. Il convient que les militants le comprennent pour accepter que d’autres personnes qui n’étaient pas avec eux au départ, puissent s’adjoindre à eux, pour la victoire du président. Même si ces personnes qui arrivent maintenant ont été leurs bourreaux par le passé, au nom de l’élection et de la victoire de Laurent Gbagbo, il faut qu’ils acceptent ça. A toutes les populations, notamment les populations rurales avec les notables et tous ceux qui ont de l’influence sur les populations, je leur dis simplement qu’ils ont une occasion de comparer la manière de gouverner la Côte d’Ivoire de plusieurs leaders. Et ils savent que l’avenir de la Côte d’Ivoire et l’avenir de la Région du Zanzan se trouvent entre les mains de Laurent Gbagbo parce qu’il a une approche pragmatique, une approche empreinte d’humanité qui fait qu’il comprend les problèmes des Ivoiriens et il s’attelle à les régler. A toute la population du Zanzan, je dis que notre région est l’une des plus pauvres de la Côte d’Ivoire. Mais le président Laurent Gbagbo n’est pas à la base de cette pauvreté. Nous étions déjà dans cet état avant qu’il n’accède au pouvoir. Et je pense même que c’est la mauvaise gouvernance de ceux qui ont précédé le président Gbagbo qui a entraîné ce déséquilibre que Laurent Gbagbo s’attelle à corriger. Interview réalisée par Robert Krassault et Vincent Deh