Silvio Berlusconi passe à l'arraché l'épreuve de confiance

ROME le 15 décembre 2010 par(AFP)- Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a remporté mardi à l'arraché la confiance du Parlement avec une très courte majorité à

Silvio Berlusconi le 14 décembre 2010 devant les députés italiens.

ROME le 15 décembre 2010 par(AFP)- Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a remporté mardi à l'arraché la confiance du Parlement avec une très courte majorité à

la Chambre des députés, un vote suivi à Rome par de violents heurts entre jeunes manifestants et policiers.
Dans la soirée, le président du conseil a admis "avoir une majorité risquée à la Chambre", mais s'est dit "certain de pouvoir l'agrandir" aux centristes, voire même des transfuges "démocrates chrétiens" actuellement au centre-gauche.
La motion de censure a été rejetée par 314 voix contre 311 alors que le Cavaliere avait facilement remporté plus tôt un vote de confiance à la Chambre haute par 162 voix favorables sur 308, grâce à l'appui de son allié, la Ligue du Nord.
Peu après le rejet de la motion à la Chambre, une manifestation étudiante a dégénéré à Rome où des groupes de jeunes se sont affrontés avec la police, à coups de fumigènes, pétards, et en incendiant voitures et fourgons de police. Bilan officiel: une quarantaine de blessés chez les protestataires et une cinquantaine au sein de la police, ainsi qu'une cinquantaine d'interpellations.
Interrogé lors de la présentation d'un livre à Rome, M. Berlusconi a estimé que des parlementaires pourraient "revenir dans le groupe PDL" (son parti), et que sa majorité pourrait être aussi "élargie à des centristes de l'UDC et d'autres partis".
Il a en revanche exclu toute discussion avec son ex-allié Gianfranco Fini, en rupture avec le Cavaliere depuis l'été et qui avait appelé à voter la motion de censure présentée par les centristes.
Tout en soulignant qu'il existe en Europe, au Canada ou aux Etats-Unis, des gouvernements en minorité dans l'une des chambres du parlement, il n'a pas écarté la possibilité d'élections anticipées avant l'échéance de 2013, se disant "convaincu de les remporter à la majorité aussi bien à la Chambre qu'au Sénat". Mais selon lui, le moment serait mal choisi en raison des tensions dans la zone euro et du fait que l'Italie ne fait que "sortir de la crise économique".
Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés, a reconnu avoir subi "une défaite" mais, selon lui, "il sera évident dans quelques semaines que Berlusconi ne peut pas dire qu'il a gagné du point de vue politique", vu sa très étroite marge de manoeuvre.
La réunion à la Chambre des députés a été extrêmement houleuse. Elle a même été brièvement suspendue après un début de rixe entre des élus de droite en raison de la défection de deux élues pro-Fini qui ont apporté leurs voix à Berlusconi.
"Que vous ayez une voix en plus ou en moins, vous n'êtes plus en mesure de garantir la stabilité du gouvernement", a lancé à Berlusconi, Pier Luigi Bersani, chef du Parti démocrate, la principale force d'opposition de gauche.
Ces dernières semaines, le gouvernement a été mis en minorité à de nombreuses reprises sur des projets de loi, dont la réforme de l'université ou le fédéralisme fiscal. Et Berlusconi a d'autres projets en cours d'élaboration dont une réforme de la justice à laquelle il est très attaché.
"Rien ne change, le gouvernement ne s'en sortira pas et la crise n'en est que plus aiguë", a pronostiqué M. Bersani, en ajoutant qu'"il y a un pays qui veut changer", faisant allusion aux dizaines de milliers de jeunes qui manifestaient dans toute l'Italie contre un projet gouvernemental de réforme des universités.
Pour les commentateurs, le vote du Parlement marquera quoi qu'il en soit la fin d'un chapitre de l'histoire politique de la Péninsule avec la rupture consommée entre Berlusconi et Fini, son ex-dauphin.
Les marchés ont peu réagi à la victoire du chef du gouvernement, à l'exception du groupe de télévision Mediaset, contrôlé par Silvio Berlusconi, dont l'action a fait un bond.