Royaume-Uni/ Aide aux réfugiés ivoiriens: Interview exclusive de la présidente de l'Alliance des Femmes patriotes
Le 23 septembre 2011 par IvoireBusiness - “La promesse est une dette”; nous avons promis et voici que les lecteurs n’ont pas attendu longtemps pour avoir ce que nous leur devons: en exclusivité, l’ interview de la
Le 23 septembre 2011 par IvoireBusiness - “La promesse est une dette”; nous avons promis et voici que les lecteurs n’ont pas attendu longtemps pour avoir ce que nous leur devons: en exclusivité, l’ interview de la
présidente de l’Alliance des Femmes Patriotes Ivoiriennes du Royaume-Uni. Elle, c’est madame Rachelle Dibopieu Djah. Contre vents et marrées, la Présidente et son équipe refusent de donner raison à leurs critiques. Car les missions qu’elles se donnent sont nombreuses, vitales et surtout nobles. Cette dame pleine d’énergie et d’idées, avec son équipe, veut porter le drapeau de la lutte pour l’indépendance réelle de l’Afrique á un niveau très élevé. Ces dames sont prêtes à tous les coups et cela même quand ces coups hypocrites viennent de leurs propres rangs, c’est-à-dire de la part de ceux qui sont supposés les soutenir et qui prétendent les accompagner dans leurs actions. Que la nature humaine est versatile et parfois médiocre.
Dans cette interview sans détours, nous avons parlé avec la Présidente. Nos questions, en cinq groupes, partent de sa vie privée en passant par ses autres vies. Il s’agit de madame Djah la syndicaliste et la politique. Enfin, nous avons abordé le ‘Fundraising’ qui est le noeud de notre rencontre et la situation socio-politique de son pays, la Côte d’Ivoire depuis le coup d’état franco-américano-ADO contre le président Laurent Gbagbo détenu dans l’illégalité absolue au nord de la Côte d’Ivoire.
Aux-delà des Frontières: Bonjour madame la présidente. Comme promis, vous avez tenu à votre promesse. Alors, sans tarder, voudriez-vous vous présenter aux lecteurs qui attendent certainement cette interview depuis un moment?
Madame Rachelle Dibopieu Djah: Merci pour l’occasion donnée pour que je dise au public ce que mon équipe et moi faisons et comptons faire dans le futur. Pour ma présentation, je serai brêve, car je pense que d’autres occasions seront trouvées pour parler un peu plus de cela. Ce qui importe aujourd’hui c’est la lutte qui nous appelle toutes et tous. Je me nomme Rachelle Dibopieu et depuis 1994 je suis devenue madame Rachelle Dibopieu Djah. Je suis une Ivoirienne et je vis en Angleterre depuis un moment.
A.F: Vous coupez tout de suite l’herbe sous le pied de plusieurs candidats qui nous ont contacté pour se renseigner sur votre état matrimonial.
R.D.D: Désolée pour les prétendants. Cela fait exactement 22 ans que je suis avec mon époux. Notre liaison a commencé en 1989 à l’université de Côte d’Ivoire lorsque nous étions tous les deux en faculté de droit. La route a été longue, pleine de formations sur tous les plans. Aujourd’hui, nous sommes un couple fortifié par l’amour, par nos expériences et surtout par le seigneur qui guide nos vies.
A.F: Qui est ce monsieur Djah, voudriez-vous nous parler un peu de lui?
R.D.D: C’est un Ivoirien comme moi. Je rends grâce à Dieu qui m’a donné un époux aussi compréhensible. Il me soutient dans ce que je fais. Lorsque je suis à terre, il est là pour me relever. Tout ceci pour dire que derrière la grande dame Rachelle que je pourrais être pour certaines personnes, il y’a un grand homme du nom de Lucien Djah. Comme dit plus haut, nous nous sommes rencontrés à l’université en 1989. C’est lui qui m’a convaincue sur la nécessité de faire la politique. C’est vraiment un grand homme qu’il faut saluer. Il sait s’effacer et il sait aussi quand il faut intervenir. Il ne parle pas pour l’envie de parler. Il parle pour donner sens à ce qui n’en a pas.
A.F: Vous avez été une syncaliste (FESCI), vous êtes une politique d’une grande envergure, vous êtes également fonctionnaire et une femme de foyer. Comment gérez-vous tout cela?
R.D.D: Oui, c’est difficile de combiner tout ce que vous venez de citer. Mais, lorsque dans votre vie vous êtes positif. On peut dire que tout marche pour vous. Je suis convaincue de ce que je peux donner à ma communauté, à mon pays et toute l’Afrique. M’asseoir et ne rien faire serait pour moi synonyme de lâcheté et de démission pure et simple. Dans ma qualité de syndicaliste, j’ai commencé avec le camarade Eugène Djuhé dans l’ONEECI qui était une des organisations estudiantines qui ont fusionné pour former la FESCI où j’ai été aussi membre jusqu’à mon départ pour l’Angleterre en 1994. Au plan politique, j’ai milité à la cité universitaire de Yopougon et dans ma région natale de Danané. Des détails seront donnés au moment venu. Je souligne un peu tout ce qui précède pour ramener la balle à certaines personnes qui pensent que mes actions donnent l’impression de quelqu’une qui veut taper dans l’oeil des leaders. Je suis politique depuis la Côte d’Ivoire et je compte donner ce que je peux tant que mon énergie me le permettra et tant que mon époux et mes vrais amis me soutiendront. Au niveau du foyer, il n’y a pas de problème. Je joue pleinement mon rôle de femme et mon époux pourra le confirmer si cela s’averait important.
Enfin, il faut souligner que c’est aussi une question d’organisation personnelle.
A.F: N’avez-vous jamais eu le sentiment de tout abandoner et opter pour une vie simple qui consiste en boulot-dodo?
R.D.D: Bien sûr, cela m’est arrivé plusieurs fois. Avec tous les ragots, les contre-vérités, les injures personnelles pour un point de vue politique, les pièges venant de ceux que vous croyiez être avec vous et avec l’impression que personne ne veut se lever avec vous, j’ai eu envie de tout laisser tomber.
A.F: Mais, l’on vous voit toujours partie comme si vous puisiez votre élan, votre énergie dans un endroit secret?
R.D.D: Au-delà des convictions personnelles, il y’a le soutien des parents et des amis, les vrais, j’insiste là-dessus. Mon époux est la source première d’où j’obtiens cette envie de toujours continuer. Il me fouette le moral lorsque celui-ci est bas.
A.F: Qui porte la culotte à la maison, monsieur Djah ou vous?
R.D.D: En ma qualité d’enfant d’Afrique éduquée par mes parents de façon stricte, dans ma position de femme africaine et de chrétienne, je n’oserai jamais porter la culotte. Même si elle m’était offerte, je la refuserai. Je connais ma place auprès de mon époux. Nous nous complétons, mais je n’ose pas le remplacer dans son rôle naturel. L’émancipation n’est pas synonyme de renversement de rôles, pas du tout.
A.F: Avez-vous le sentiment que votre omniprésence vous crée des ennemis ou des jalousies dans les milieux que vous servez?
R.D.D: Le fait d’être partout n’est pas facile. Mais lorsqu’on a des capacités, je crois qu’on doit les mettre au service de sa communauté et c’est cela que je fais.
Ecoutez, on n’est pas jaloux de quelque chose qui n’est rien. On est jaloux de vous lorsqu’on constate qu’on ne peut pas faire ce que vous faites. Les jaloux doivent me juger sur les faits, les actes posés. Une jalousie sans fondement est un cancer dand la cité. Mais, je fais avec et l’histoire nous jugera tous.
“Je fais la politique parce que je pense avoir des qualités qui pourront servir ma communauté et toute l’Afrique”.
A.F: La politique, le syndicalisme au plus haut niveau, est-ce une affaire de famille. Votre jeune frère Jean-Yves a dirigé la FESCI et il est aujourd’hui un politique très connu en Afrique et au-delà des frontières dudit continent?
R.D.D: Nous avons certainement hérité de l’éloquence de la part de notre père. Il était très écouté et très sage. Il était un leader partout où il se trouvait. En tant qu’enseignant, il nous a également inculqué l’importance du savoir.
Quand au reste, c’est la conviction personnelle comme dit plus haut et surtout la situation politico-sociale de Côte d’Ivoire qui m’ont poussée sur la scène politique. Mon cadet a été certainement choqué comme moi par la situation de notre pays et donc il s’est aussi engagé dans la politique après avoir dirigé la FESCI comme vous venez de le dire. Sinon, notre père a toujours refusé de faire de la politique comme nous la faisons aujourd’hui. Il a opté pour le social et l’aide spontanée apportée à autrui.
A.F: Pourrez-vous faire, laconiquement, une comparaison entre ce que nous appellons la FESCI originale et la FESCI de maintenant?
R.D.D: La FESCI originale avait un travail très difficile. Le terrain était occupé par le MEECI, le PDCI et leurs loubards. Nous avions donc contre nous toutes les forces de destruction. Il fallait occuper le terrain et faire passer notre idéal. Pas facile pour des étudiants et élèves que le PDCI présentait depuis comme les grands bénéficiaires du gâteau ivoirien. Des parents en voulaient terriblement à leurs enfants pour leur appartenance à la FESCI. Tout semblait être contre nous. Mais, nous avons travaillé et je dirai que notre mission a porté des fruits très positifs. La majorité des leaders politiques et autres actuels de notre pays sont issus des rangs de la FESCI. Il est vrai que tout ne nage pas dans de l’huile, mais je suis fière du travail accompli. Nous avons libéré la conscience et l’énergie des générations d’Ivoiriens. Nous avons poussé le pion pour la démocratie chez nous, même si ce n’est pas encore à du parfait que nous assistons, je dirai que ça vient. La FESCI de 1989-1993 a fait un énorme travail.
Ce qui a suivi après nous, a connu beaucoup de faits négatifs. Mais, que peut-on faire? L’histoire se construit sur du bon et du moins bon. Nous avons aujourd’hui monsieur Soro Guillaume ex-leader de la FESCI, qui est devenu premier ministre après avoir pris le fusil contre ses frères et soeurs Ivoiriens. C’est très malheureux. En gros, je dirai qu’il y a eu une dégradation morale et idéologique au niveau de la FESCI. A quoi est dû cela? L’histoire nous le dira.
A.F: Peut-on dire que la FESCI a été prise au piège par les politiques?
R.D.D: Sans doute oui. Je dis oui parce que nous voyons aujourd’hui monsieur Soro qui justifie ses actes criminels dans son livre “Pourquoi je suis devenu un rebelle” avec des arguments sans fondement. Toute son idéologie passe par la machette. Nous voyons aussi d’anciens de la FESCI dans les autres partis politiques. Mais, je tiens à souligner que la prise en otage d’un syndicat par les politiques ne saurait justifier ce que monsieur Soro et ses Dozos font en Côte d’Ivoire.
A.F: Pourquoi avez-vous choisi le F.P.I de monsieur Laurent Gbagbo?
R.D.D: D’abord, la vie est faite de choix. Je ne pouvais pas être partout à la fois dans ce cas précis. J’ai adhéré au parti du président Gbagbo pour plusieurs raisons et je cite par exemple le charisme, l’intégrité du leader, les idéologies du parti et le projet de société du parti. Voilà des points très importants qui m’ont conduite à me mettre du côté du F.P.I.
“Je ne suis pas une disciple d’un dirigisme notoire quelconque, j’aime me rendre utile”.
A.F: Vous êtes arrivée à Londres avec toute votre énergie de syndicaliste et de militante. Vous êtes la présidente des femmes F.P.I et aujourd’hui, vous êtes la présidente d’une nouvelle organisation du nom de l’Alliance des Femmes Ivoiriennes Patriotes du Royaume-Uni. N’est-ce pas là une charge de trop?
R.D.D: Je ne pouvais pas croisser les bras et laisser les choses se faire toutes seules. Voici pourquoi je me suis mise au travail dès mon arrivée ici à Londres pour mon parti. J’ai toujours travaillé pour le F.P.I que j’ai choisi librement. J’ai travaillé avec de grandes personnalités du parti. Je peux citer Mesdames Guéhi Valaire et Fatou Ouattara, par exemple. J’ai milité à la jeunesse FPI de Danané et à la cité universitaire de Yopougon. A Londres, j’ai été secrétaire adjointe à la section la persevérance. J’ai été présidente de CEREFPI (celle de réflexion du FPI-UK) après qu’un autre camarade ait dirigé ce groupe qui dérangeait certaines personnes sur le terrain. Tout ceci pour vous dire que j’aime travailler pour mon parti, pour mon pays et pour l’Afrique. La nouvelle organisation a une autre mission. Et, je viens vous dire que je ne me suis pas auto-proclamée president comme le fait croire la rumeur. Des femmes, en grand nombre et à plusieurs reprises sont venues me voir pour la mise en place de cette organisation. Ce sont elles qui m’ont choisie. Fallait-il me cacher derrière un mur d’excuses et fuir l’histoire qui m’appelle? Non! Je ne suis pas celle qui fuit les difficultés. Je préfère me battre et donner ce que je peux à mon entourage et au monde entier. Je ne suis pas une disciple d’un dirigisme notoire quelconque, j’aime me rendre utile.
A.F: Le noeud de notre rencontre d’aujourd’hui est le “Fundraising” que vous organisez depuis un moment et dont le clou aura lieu les 23 et 24 prochains, cette semaine pour être exact. Voudriez-vous parler des femmes que vous dirigez avec une autre combattante du nom de madame Marie-France Goré. Qui sont-elles?
R.D.D: Elles sont des Ivoiriennes et des Africaines de tout bord politique. Elles ont compris que la lutte pour notre liberté n’a pas de couleur politique. Lorsqu’un coup de fusil part dans la foule, il ne trie pas ses victimes selon l’appartenance politique. Il tue tout ce qui est sur sa trajectoire. Cela, elles l’ont compris voici pourquoi, spontanement, ells se serrent les coudes pour faire avancer les choses en Côte d’Ivoire et partout en Afrique. Car, ce qui se passe comme tragédie en Côte d’Ivoire n’est pas différent de ce qui se passe au Congo et ailleurs sur le continent africain.
A.F: Le “Fundraising” pour qui et pourquoi, si vous permettez cette question qui semblerait inappropriée pour certains?
R.D.D: C’est pour aider nos compatriotes vivant dans des conditions délabrées suite à l’invasion de la France et de ses alliés contre la Côte d’Ivoire, mon pays. Des Ivoiriennes et des Ivoiriens vivent dans des camps de réfugiés au Ghana, au Benin, au Liberia, au Togo, en Angola, en Afrique du Sud, etc. Il faut les aider tout de suite et le futur nous dira ce qu’il faut faire. Ils manquent de serviettes, de chaussures, de couchettes et parfois du minimal vital. Il faut aller vers eux pour leur dire qu’ils ne sont pas abandonnés.
A.F: N’y a-t-il pas de conflit entre votre rôle de présidente de l’OFFPI et l’actuelle présidence que vous assurez au niveau des Femmes Patriotes?
R.D.D: Pas du tout. J’ai eu le ‘okay’ de mon chef hiérarchique au niveau du FPI. Je lui ai dit que les femmes dont je parlais tantôt m’ont approchée et il ne s’y est pas opposé. Ma conscience est donc Claire. Je suis et je demeure la présidente de l’OFFPI; je n’ai pas démissionné et il n’y a pas de polémique ou de conflit d’intérêt. Car, tout ce que nous faisons va dans le même sens qui est le souci premier d’aider nos compatriots désoeuvrés.
A.F: Votre parrain est monsieur Alain-Toussaint, conseiller et porte-parole du président Gbagbo. Qu’est-ce qui explique ce choix?
R.D.D: D’abord, il est un membre du FPI. Comme vous le dites, il est conseiller du président Gbagbo. Ensuite, il est un homme qui fait entendre la voix des Ivoiriens là où l’on ne veut pas que cela arrive. Il est prêt à tout perdre pour faire passer le message des opprimés que nous sommes. Voici quelques traits qui expliquent, entre autres, notre choix sur sa personne.
A.F: Des rumeurs font pourtant état de son départ du FPI?
R.D.D: Je ne peux pas vous satisfaire sur ce point. Je me demande sur quoi sont fondées ces rumeurs. Cependant, j’invite toute personne concernée par ces rumeurs de venir à notre manifestation du 23 et 24 prochains. Monsieur Alain-Toussaint sera présent. Il donnera une conférence et ce sera la meilleure occasion pour savoir tout sur lui.
A.F: Quel est le thème de la conférence qui sera dite par votre parrain?
R.D.D: Le thème est d’actualité et il est le suivant:
“Crise post-électorale en Côte d’Ivoire: y’a-t-il encore de l'espoir pour la démocratie?”
A.F: Pourquoi l’on devrait vous faire confiance lorsqu’on sait que des opérations semblables ont eu lieu et personne n’a osé faire un compte-rendu quelconque au public qui a soutenu ces actions?
R.D.D: C’est une question de confiance abusée certes, mais faut-il arrêter d’avoir des amis parce qu’on a été déçu auparavant? Les deceptions, sans les justifier, font parties de notre vie quotidienne. Je tiens à souligner avec insistance que nous n’avons pas été associées aux personnes qui ont abusé de la confiance publique. Il faut aussi que les Africains apprennent à bien gérer la confiance que leur donnent leurs compatriotes. De notre côté, nous avons notre parrain qui sera un grand témoin. Puis, nous promettons de venir vers vous, une fois que l’opération aura été accomplie, pour faire le compte-rendu au public à travers vos colonnes. Nous n’allons pas nous cacher parce que nous savons ce que c’est que faire confiance à quelqu’un. La chose publique est sacrée et nous n’allons pas décevoir notre engagement devant les homes, les femmes et surtout devant Dieu.
A.F: Comment comptez-vous acheminer tous les dons que vous recevrez?
R.D.D: Nous comptons sur la bonne volonté des Ivoiriens, des Africains et des amis de l’Afrique. Au niveau des femmes patriotes, nous nous battons chaque jour pour réussir cette opération. Nous espérons que notre intervention dans vos lignes nous aidera dans le sens de l’appel que nous lançons depuis des mois. Enfin, ces dons seront accompagnés jusqu’à destination.
A.F: Pensez-vous élargir votre nouvelle organisation à toute l’Afrique de façon effective?
R.D.D: Bien que oui. Les démarches sont très avancées dans ce sens. Mais, je vais m’arrêter là parce que nous aimons travailler dans le silence jusqu’au jour “J”.
A.F: Rêvez-vous de diriger votre pays un jour au plus haut niveau ou bien vous avez choisi de rester en Europe.
R.D.D: Je pense avoir ce qu’il faut pour servir son pays. Le moment venu, vous serez l’une des premières personnes à être informées. Je ne suis pas venue rester en Europe. Seules les conditions de mon pays me diront quand il faut rentrer.
A.F: Quel regard jeter vous sur votre pays après le kidnapping du Président Gbagbo, votre leader?
R.D.D: Je peux vous dire que les Ivoiriens sont prêts à reconstruire leur nation. Mais, la question ici est de savoir si les Occidentaux et les Américains sont prêts à nous laisser tranquilles. Est-ce que les bras séculiers de ces Européens sont prêts à laisser les armes et à comprendre que ceux qui les poussent à tuer leurs frères et soeurs ne sont pas là pour leur bien. En Occident, face à l’intérêt national, les divisions entre les partis politiques disparaissent. Il n’y a que l’Afrique où l’on vient au pouvoir avec une machette et une bombe venues de l’Occident. Le Président Gbagbo est en prison, mais les armes circulent. Alors, qui est le problème? On continue de tuer, de violer, de voler et de déplacer les paysans de leurs villages. Nous comptons organiser des conférences sur ce point pour informer le monde pris en otage par les politiques qui voient en l’Afrique leur gagne-pain. Veuillez donc accepter que je ne sois pas longue dans ma réponse.
A.F: Peut-on dire que votre parti a joué avec le pouvoir?
R.D.D: Il y a eu des erreurs, beaucoup d’erreurs. Nous en parlerons et je pense que la direction du parti est en train de travailler dans le sens de réflexions approfondies pour remédier à cela.
A.F: Que dites-vous de la dernière sortie de Me Bourgi sur la Françafrique et surtout à propos du président Gbagbo?
R.D.D: Je voudrais savoir l’objectif visé par ce monsieur. On peut accuser, comme et quand on veut, quelqu’un qui n’est pas présent et qui n’a pas droit à la parole comme c’est le cas du président Gbagbo. Les dérapages sont partout. La preuve est que le nouveau pouvoir est déjà devenu très arrogant. Il faut se demander si ce sont les erreurs commises sous le FPI qui ont empêché le projet de société du président Gbagbo de se réaliser au complet ou les fusils des Soro et des ADO? Voici le sens du débat à mener. Monsieur Dramane disait avoir les solutions, qu’il les livre.
A.F: Pensez-vous que le FPI survivra au président Gbagbo?
R.D.D: Bien sûr. Pas de doute à ce niveau. Il nous faut de la volonté politique. Nous avons les femmes et les hommes pour revenir au pouvoir avec ou sans le président Gbagbo. Le FPI comprend de nombreux Gbagbo.
A.F: Serait-il exact de dire que le FPI réfuse de réflechir. Il se focalise uniquement sur la mise en liberté des détenus?
R.D.D: Vous savez, l’histoire nous montre que des partis sont arrivés au pouvoir à partir de l’étranger. Le FPI a de grands membres dans le monde entier. C’est certain qu’il reviendra au pouvoir. Il n’y a pas de réfus de réflexion au FPI. Les ministres renversés et autres membres de la direction se mobilisent déjà. Ils bravent la terreur du chef rebelle Dramane. La peur est presque vaincue.
A.F: Quelle est votre position face au départ du professeur Koulibaly du FPI?
R.D.D: Un sentiment de déception me traverse. Il n’a pas joué son rôle de numéro deux du régime. Il a choisi de trahir et le président Gbagbo et le peuple qui le voyait comme le successeur incontournable du Président Gbagbo. Il intervient partout et n’importe comment. Pourquoi court-il? Voici ce que je me demande.
A.F: Pensez-vous que monsieur Sylvain Oureto, président par interim du FPI est l’homme qui redonnera du tonus à votre parti?
R.D.D: La direction l’a choisi et elle sait pourquoi. Elle a sans doute jugé que c’est l’homme du moment. A la longue, elle pourra reviser sa position pour soit le maintenir à ce poste ou soit le remercier pour ce qu’il aura fait à un moment précis de l’histoire du parti. Rien n’est statique. N’oubliez pas que nous sommes en politique.
A.F: Sortons de votre pays et parlons du monde. L’invasion contre Kaddafi, la révolte en Egypte et ailleurs. Quand dites-vous?
R.D.D: C’est simplement de la colonisation aux pas de géant. Voyez-vous comment le président Mubarak a été humilié. Malade, on le juge depuis son lit. Mais, que font ces Africains qui se disent des sages? Rien du tout! Ils acceptent tout de l’Amérique et de l’Europe. La précipitation des évênements dénote de l’envie des Occidentaux d’appauvrir l’Afrique après l’avoir mise dans le chaos total. Nous devons nous lever pour nous battre, car notre indépendance, personne ne nous la donnera. Nous devons l’arracher avec tous les moyens
A.F: Nous voici à la fin de notre entretien. Merci madame la Présidente pour votre temps. Quel appel lancerez-vous aux femmes qui restent encore loin de vos actions?
R.D.D: Je dirai que le temps de la femme de cuisine de façon exclusive est passé. Il faut qu’elles se reveillent maintenant. C’est avec nos hommes, nos frères que nous construirons une Afrique meilleure. Il faut se débarrasser du complexe d’infériorité. Il faut que l’Africaine accepte qu’elle a de grands atouts comme toute autre personne. Elles doivent se mettre au service de leurs nations, de leur continent et de leur environnement. La marche est sans doute longue chez certaines, mais nous y arriverons.
Interview realisée par Sylvain De Bogou
Pour le compte de “Au-dela des Frontieres”