Raïla Odinga, médiateur de l’Union Africaine, à Abidjan : Réussira-t-il, comme il l’a promis, à déloger Gbagbo par la force si besoin ?

Le 03 janvier 2011 par IvoireBusiness – Le flamboyant Raila Odinga, Premier ministre du Kenya, est arrivé ce matin à Abidjan pour tenter de faire plier Laurent Gbagbo et le faire partir du pouvoir.

Raila Odinga, Premier ministre kényan, à son arrivée à Abidjan le 03 janvier 2011.

Le 03 janvier 2011 par IvoireBusiness – Le flamboyant Raila Odinga, Premier ministre du Kenya, est arrivé ce matin à Abidjan pour tenter de faire plier Laurent Gbagbo et le faire partir du pouvoir.

Nommé médiateur de l’Union africaine dans la crise ivoirienne, il déclarait le 17 décembre à Naïrobi: « Gbagbo doit partir ou être délogé, par la force si besoin ».
L’Union africaine ne pouvait pas trouver médiateur plus zélé en la personne du Premier ministre kényan, qui agit plus en pyromane qu’en homme de consensus dans le dossier ivoirien. Il croit dur comme fer en l’option militaire.
Autant dire qu’avec les trois autres Chefs d’Etat, médiateurs de la Cedeao, sa mission s’annonce des plus périlleuse, car le Président Laurent Gbagbo n’a jamais affiché son intention de rendre le tablier au profit d’ADO, bien au contraire, il entend exercer pleinement le pouvoir que lui a confié le peuple de Côte d’Ivoire.
Déjà à son départ de Nairobi, Raila Odinga a commencé à mettre un peu d’eau dans son vin. Il a déclaré venir à Abidjan pour faire de son mieux et trouver une solution pacifique à cette crise tout en affirmant qu`il s`emploierait à "protéger la voix du peuple de Côte d`Ivoire".
Réputé proche d’Alassane Ouattara qu’il reconnait comme Président et de Koffi Annan, ancien secrétaire général de l’Onu et bête noire de Laurent Gbagbo, il va tenter d`obtenir, avec les trois présidents en exercice d`Afrique de l`Ouest, le départ de Laurent Gbagbo de la présidence ivoirienne tout en assurant Alassane Ouattara reconnu par la communauté internationale du soutien de l`UA.
Il est déjà certain qu’il n’aura aucun mal à assurer Ouattara du soutien de l’UA, mais force est de reconnaître qu’il lui sera difficile d’obtenir le départ du pouvoir de Laurent Gbagbo.
S’il persiste dans sa logique d’envoyé zélé, alors ce sera le clash avec ce dernier, qui fort de son soutien populaire et de celui du Conseil constitutionnel, s’est permis le luxe il y a quelques semaines, de ne pas prendre Nicolas Sarkozy et Barack Obama au téléphone.
En termes d’échelle d’importance, Raila Odinga ne représente rien devant Sarkozy et Obama. Pas même devant les trois Chefs d’Etat Yayi Boni du Benin, Ernest Koroma de Sierra Léone, et Pedro Pirès du Cap Vert. Ces derniers avaient dû revoir, la dernière fois à Abidjan, leurs prétentions envers Laurent Gbagbo à la baisse.
Autant dire que Raila risque lui aussi « de ravaler son cigare ».

Patrice Lecomte