Neuf journaux suspendent leur parution, l`émetteur de la RTI attaqué : la presse ivoirienne rattrapée par l`impasse politique

Le 02 mars 2011 | Reporters sans Frontières - Le 1er mars 2011, neuf journaux privés ont décidé de suspendre temporairement leur parution pour protester contre les pressions et

menaces qu`ils subissent de la part des autorités proches de Laurent Gbagbo. Deux jours plus tôt, l`émetteur de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), contrôlée par le camp Gbagbo, avait été attaqué par des partisans d`Alassane Ouattara lors d`affrontements dans le quartier d`Abobo, à Abidjan.

Un titrologue.

Le 02 mars 2011 | Reporters sans Frontières - Le 1er mars 2011, neuf journaux privés ont décidé de suspendre temporairement leur parution pour protester contre les pressions et

menaces qu`ils subissent de la part des autorités proches de Laurent Gbagbo. Deux jours plus tôt, l`émetteur de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), contrôlée par le camp Gbagbo, avait été attaqué par des partisans d`Alassane Ouattara lors d`affrontements dans le quartier d`Abobo, à Abidjan.

Enfin, Reporters sans frontières a appris qu`un employé de l`imprimerie du groupe La Refondation, société éditrice du quotidien Notre Voie, proche du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo), a été assassiné à coups de machette et de gourdin, le 28 février, dans la commune de Koumassi, un quartier sud d`Abidjan.

Reporters sans frontières est chaque jour plus inquiète pour la situation de la liberté de la presse en Côte d`Ivoire. L`organisation apporte son soutien aux journaux privés qui, victimes de harcèlement et de menaces, connaissent des heures noires et ont décidé de dénoncer une situation devenue impossible pour la presse. Nous craignons que les mesures liberticides prises par le Conseil national de la presse et la guerre médiatique que se livrent Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara n`amènent la presse, déjà très polarisée dans ce pays, à se radicaliser davantage.

Le Conseil national de la presse "nouvelle version" passe à l`action

Le 25 février, dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision publique RTI ( http://news.abidjan.net/v/6079.html), le Conseil national de la presse a annoncé la suspension pour une semaine (soit six parutions) du quotidien Le Nouveau Réveil, proche d`Alassane Ouattara. Trois autres quotidiens pro-Ouattara, Le Patriote, Nord-Sud, Le Jour Plus, ont été frappés par des amendes d`un à deux millions de francs CFA (entre 1 500 et 3 000 euros).

Les autorités reprochent à ces journaux d`avoir publié des "images insoutenables et choquantes" et des commentaires faisant "une apologie de la violence" et de la "révolte", après des affrontements à Abidjan entre manifestants pro-Ouattara et les forces de l`ordre fidèles à Laurent Gbagbo.

Dans une déclaration envoyée à Reporters sans frontières, Denis Kah Zion, directeur général et gérant du Nouveau Réveil, a précisé que le journal avait décidé d`accepter sa suspension uniquement "pour préserver la vie des travailleurs".

Début février, la direction du CNP avait été limogée et remplacée par des personnalités toutes proches de Laurent Gbagbo. Reporters sans frontières avait alors dénoncé "une décision arbitraire et politique destinée à reprendre la main sur cette institution" (http://fr.rsf.org/cote-d-ivoire-un-recul-de-vingt-ans-pour-la-10-02-2011,39530.html).

"Le gouvernement de Laurent Gbagbo vient de procéder à un véritable accaparement du Conseil national de la presse. (…) Etant donné la couleur politique des personnes qui viennent d’être cooptées par le camp Gbagbo pour assurer la direction du CNP, nous pouvons craindre que cette institution soit entièrement détournée de sa mission de régulation, et qu’à l’avenir elle sanctionne durement les médias et journalistes d’opposition mais protège en revanche la presse dite bleue, proche de Laurent Gbagbo", avait déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l`organisation.

"Une telle manœuvre risque de renvoyer la Côte d’Ivoire vingt ans en arrière en ce qui concerne la liberté de la presse", avait-il ajouté.

Résistance de la presse indépendante ou pro-Ouattara

En réaction aux sanctions prononcées par le Conseil national de la presse et pour protester contre ce qu`ils considèrent comme un "harcèlement inacceptable", neuf titres privés ont décidé de ne plus paraître pour une durée indéterminée. Il s`agit entre autres du quotidien indépendant L`Intelligent d`Abidjan, et des journaux d`opposition Le Nouveau Réveil, L`Expression, Le Patriote, Le Jour Plus, Le Mandat, Le Démocrate, et Nord-Sud.

Tous ces journaux privés se sont réunis dans le Collectif des journaux pour la sauvegarde des acquis du 28 novembre 2010. Dans un communiqué dont Reporters sans frontières a obtenu une copie, ce collectif "rejette vigoureusement les décisions illégales du CNP" et "note avec une grande inquiétude la poursuite du harcèlement judiciaire et policier, à travers les convocations répétées de journalistes à la police criminelle".

Le Collectif déplore également la disparition de Ouattara Yacouba, chauffeur pour le quotidien Nord-Sud, dont on reste sans nouvelles après son enlèvement par des inconnus.

L`émetteur de la RTI attaqué, des journaux proches du camp Gbagbo déchirés

Dans la nuit du 26 au 27 février, le centre émetteur de la RTI, situé dans le quartier d`Abobo à Abidjan, a été bombardé pendant des combats entre les forces de sécurité pro Gbagbo et des partisans d`Alassane Ouattara. Cette attaque a entraîné la coupure du signal hertzien de la RTI dans la région de la capitale.

"Bien que cette chaîne soit actuellement un instrument de propagande outrancière pour le camp Gbagbo, un incident de ce type n`est pas de nature à calmer les esprits. Nous condamnons, quel que soit le contexte, les attaques armées contre les médias et moyens de diffusion", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Enfin, l`organisation a appris que, le 1er mars 2011, des groupes de personnes identifiées comme proches du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ont attaqué des kiosques à journaux et des vendeurs à la criée pour détruire ou déchirer les journaux pro-Gbagbo qui, eux, continuent de paraître. Des menaces pèsent également sur Edipresse, une filiale de l`ex-NMPP, qui distribue les journaux.
Crise postélectorale : Le CPS proroge le mandat du groupe de haut niveau de l’UA
Le 02 mars 2011 | AIP

Abidjan - Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a prorogé, lundi, le mandat du groupe de haut niveau pour le règlement de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.

Selon un communiqué du CPS dont copie est parvenue mardi à l’AIP, en sa 263ème réunion tenue lundi à Addis-Abeba, le mandat du Groupe de haut niveau est prorogé, "en vue de lui permettre de poursuivre et parachever" ses propositions de sortie de crise, "au cours du mois de mars 2011".

Conformément au communiqué de la 259ème réunion du 28 janvier, "une solution politique d’ensemble" des présidents de la Mauritanie, du Burkina Faso, de la Tanzanie, du Tchad et de l’Afrique du Sud, constituant le panel des chefs d’Etat de l’UA, devrait être "contraignante" aux parties ivoiriennes impliquées dans la crise née de la divergence des résultats du second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre.

En attendant la publication du rapport sur leurs activités, vendredi à Nouakchott, au cours d’une réunion tenue sous la présidence du chef de l’Etat mauritanien, le Conseil exprime sa "grave préoccupation face à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en Côte d’Ivoire" et "en appelle à toutes les parties pour qu’elles fassent preuve de la plus grande retenue et s’abstiennent de toute action pouvant compliquer davantage cette situation déjà difficile".

Du 21 au 23 février, les présidents Mohammed Ould Abdel Aziz de Mauritanie, Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Jakaya Kikwete de Tanzanie et Idriss Déby Itno du Tchad, à l’absence de Blaise Compaoré du Burkina Faso, ont séjourné à Abidjan, en vue d’évaluer la situation postélectorale ivoirienne, rappelle-t-on.