Massacre de Kafolo: Téné Birahima Ouattara cherche absolument à impliquer Guillaume Soro

Par Mediapart - Attaque terroriste de Kafolo. Téné Birahima Ouattara cherche absolument à impliquer Guillaume Soro.

Guillaume Soro et Tene Birahima Ouattara. image d'archives.

COMMENT TÉNÉ BIRAHIMA OUATTARA CHERCHE ABSOLUMENT À IMPLIQUER GUILLAUME SORO

Par CHRIS YAPI L'enquêteur Tous Terrains

Le scandaleux ratage du système ivoirien de renseignement ayant conduit au massacre de 13 soldats par des terroristes à Kafolo fait rage. Téné Birahima Ouattara, responsable du renseignement ivoirien, se sentant sur la sellette, cherche à tout prix à se défausser sur son bouc-émissaire tout trouvé, Guillaume Soro. Une piteuse manoeuvre que nous analysons.

MASSACRE DE KAFOLO : TÉNÉ BIRAHIMA OUATTARA CHERCHE ABSOLUMENT À IMPLIQUER GUILLAUME SORO

Le scandaleux ratage des services de renseignement ivoiriens, qui a conduit au massacre de treize (13) pauvres soldats à Kafolo, est en train de tourner à l’affaire d’État. Le véritable coordonnateur national du renseignement, le Ministre Téné Birahima Ouattara est sur la sellette, car ce fiasco du Conseil National du Renseignement (CNR) placé sous son contrôle, il le sait, peut-être fatal à sa structure, à son crédit personnel et assurément destructeur pour le moral des troupes envoyées au front. Il lui faut donc trouver un coupable.

Alors, il a vite fait de choisir la voie du mensonge et de la manipulation pour dissimuler ses propres défaillances et trouver le suspect idéal. Ainsi, a germé dans son esprit l’idée machiavélique d’attribuer cet assassinat de masse et ce pour diluer la responsabilité du CNR, a un homme qu’il a toujours voulu anéantir : Guillaume Kigbafori Soro.

Il est allé jusqu’à mobiliser l’ensemble des services de renseignement de la Présidence de la République et tous les membres du service de renseignement du Groupement de Sécurité du Président de le République (GSPR), pour se déployer massivement dans la région du Tchologo sous prétexte d’investiguer. En fait d’investigation, il n’en sera point, car l’unique mission est de trouver à tout prix des éléments de preuves susceptibles de relier Guillaume Soro aux évènements de Kafolo.

C’est exactement ce que vous avez compris : il ne s’agit pas pour les services secrets de chercher la vérité, mais plutôt, de chercher à démontrer coûte que coûte, la culpabilité d’un ennemi désigné d’avance. En appui aux services secrets, des cyberactivistes seront reçus et briefés pour préparer l’opinion nationale à recevoir pour vrai les accusations que Téné Birahima Ouattara dit Photocopie s’apprête à déverser sur Guillaume Soro.

Souvenez-vous en 2016, lors de l’attentat de Grand-Bassam, le Ministre de l’Intérieur d’alors, Hamed Bakayoko s’était déjà essayé à ce petit manège. Il avait instruit la Direction de l’Information et des Traces Technologiques (DITT) de faire des triangulations des appels téléphoniques et avait osé pointer un doigt accusateur vers feu le Colonel Wattao, Guillaume Soro, Moustapha Chafi et le Président Blaise Compaoré. Il a fallu l’intervention énergique des Services secrets Marocains pour démontrer la vacuité de telles inepties.

Cette façon d’utiliser les services de renseignement à des fins politiciennes n’augure rien de bon pour la stabilité de notre pays, car en rien, on se ment à soi-même.

La preuve : au lieu de se concentrer et de profiler les groupes terroristes de la sous-région, le régime Ouattara a passé son temps à élaborer des Unes du journal Le Patriote comme pour préparer les Ivoiriens à regarder d’un œil inquisiteur M. Soro. Au bout du compte, rien n’a été entrepris contre les vrais terroristes et treize (13) de nos soldats ont payé cette bévue.

Au lendemain de l’attaque de Kafolo, les agents de renseignement, comme des termites, ont été déployés dans la région du Tchologo. Mais, jusqu'à présent, ils n’ont rien obtenu de tangible, de concret. Il faut savoir que leur feuille de mission comprenait deux axes :

1- Trouver un individu suffisamment proche de Guillaume Soro pour être considéré comme un de ses relais sur place et ayant un lien quelconque avec les terroristes.

2- Démontrer que ce relai s’est rendu récemment à Kong ou à Kafolo, avant le déclenchement des attaques contre la base avancée des Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI).

Dans la masse d’informations recueillies, lors des investigations menées de Ferké jusqu’aux plus petits villages de la région, il n’est ressorti que de maigres éléments. Dans les notes de renseignement, deux prénoms ont été cités pour ne pas dire suggérés: un certain Fidèle et un certain Phillippe qui seraient supposément proche de Guillaume Soro et seraient soupçonnés d’avoir fait au moins un voyage sur Kong, donc potentiellement des terroristes. Quelle niaiserie !!!

Selon leurs fiches transmises à Téné Birahima Ouattara, le nommé Philippe serait originaire de Togoniéré et supposé avoir été un garde du corps de Guillaume Soro.

Ce Phillippe serait très ami à un certain Fidèle, qui lui serait propriétaire d’une entreprise de vente et de location de véhicules à Ferké.

On imagine la joie de Photocopie et du Colonel Ibrahim Gon Coulibaly dit Gauze (patron du GSPR) quand on leur a présenté ces éléments sensés couler leur ennemi intime.

Mais, leur joie sera de courte durée, tant ces éléments vont aggraver leur déception et leur désespoir.

Chris Yapi a interrogé ses sources au sein de la communauté du renseignement. Il peut vous dire qu’aujourd’hui, la manipulation au sein de ces services fait peine à voir et met mal à l’aise des agents professionnels, qu’on oblige à se comporter en petits colporteurs de ragots et en officine de fabrications d’intrigues.

Du nommé Fidèle.

La note de renseignement calomnieuse indique que le nommé Fidèle aurait pour activité la location et la vente de véhicules.

Il ne faudra pas longtemps aux relais de Chris Yapi pour établir qu’il ne peut s’agir que de M. Koné Yétinin Fidèle, né en 1986 et natif du village de Togoniéré, bien connu à Ferké. Il y a quelques années en effet, il avait monté une petite affaire d’achat-vente et de location de véhicules. Ce business a connu des difficultés à cause de la crise, contraignant le jeune homme à mettre la clé sous le paillasson. Il s’est reconverti dans la construction.

Mais surtout, chose intéressante, M. Koné Fidèle est le petit-frère du Commandant Koné Ardiouma Herman, anciennement aide de camp de Guillaume Soro. Sauf qu’il n’a jamais été membre de la sécurité de M. Soro. Mieux, la triangulation de son numéro de téléphone établi qu’il n’a aucune connexion avec les terroristes et n’a jamais mis les pieds à Kong. Ce chrétien pratiquant, à ce jour, s’interroge sur le méchant qui peut vouloir perturber sa quiétude.

Du nommé Philippe.

Le seul Philippe connu dans la région du Tchologo est un photographe. Son atelier est situé en face de la station Total. Ce Phillippe n’est pas de Togoniéré et ne peut avoir été membre de la sécurité rapprochée de Guillaume Soro. Et il n’y a jamais eu de Philippe dans la garde rapprochée de M. Soro. Il n’est pas allé à Kong et n’a jamais mis les pieds à Kafolo, non plus. Le hic ! Alors, comment coincer Guillaume Soro, puisque si ces précisons sont faites, les accusations s’effondrent d’elles-mêmes ?

Chris Yapi s’est donc posé la question de savoir comment les services de renseignement d’un pays comme la Côte d’Ivoire pouvaient autant se tromper et transmettre des fiches sur des individus qui n’existent pas, notamment le fameux Philippe ? Après discussion avec ses sources, Chris Yapi a réalisé qu’il pourrait s’agir d’une probable confusion entre les prénoms Philippe et Félix !

Si l’on prend les éléments contenus dans la note de renseignement comme critères de croisement et de recherche, notamment le fait qu’il serait originaire de la ville de Togoniéré, ensuite qu’il aurait été membre de la sécurité de Guillaume Soro et enfin qu’il serait proche d’un certain Fidèle : il n’y a que le Commandant de gendarmerie Koné Ardiouma Herman qui remplisse ces critères.

En effet, le Commandant Koné :

- Est originaire de Togoniéré. Son père y est le chef de village ;

- Il a été l’aide de camp de Guillaume Soro ;

- Il est le frère aîné du nommé Koné Yétinin Fidèle.

Enfin pour tout couronner le Commandant Koné Ardiouma Herman est connu sous le prénom de Félix dans son village ! Ceci expliquerait la confusion possible entre Phillippe et Félix qu’un agent étourdi de renseignement de Téné Birahima Ouattara a pu faire dans son rapport. Cela aurait pu à tort détruire la vie et la réputation d’honnêtes citoyens.

La vérité rétablie sur cette curieuse confusion, l’on peut se poser la question de savoir quels sont les liens avec le Commandant de Gendarmerie Koné Ardiouma Félix dit Herman ? Il est tout simplement en prison, à la MACA, après avoir longtemps séjourné au Camp commando de Koumassi. Il ne peut pas avoir été en contact avec les terroristes de Kafolo et ne s’est assurément pas rendu à Kong.

Il n’a pas pu organiser un attentat qui a nécessité un tel degré de coordination entre les djihadistes de plusieurs villes, de pays différents et de groupes armés distincts.

Le complot pour l’incriminer tombe à l’eau et ne saurait prospérer. Jusqu'à présent donc, il n’y a aucun élément matériel solide permettant de faire un lien entre les djihadistes de Kafolo et Guillaume Soro comme le veut désespérément Téné Birahima Ouattara.

Et le rapport officiel du Groupement, Documentation et Recherche (GDR), le service de renseignement de la Gendarmerie nationale est formel : cette attaque est bel et bien l’œuvre d’un groupe de djihadistes salafistes peulhs reliés à l’État Islamique au Grand Sahel (EIGS) et Téné Birahima Ouattara a eu accès à ce document. D’ailleurs, des membres du gouvernement ivoirien n’accusent aucun homme politique de l’opposition d’avoir partie liée avec cette affaire.

Ainsi, le Ministre de la Défense, Hamed Bakayoko après l’attaque contre nos soldats a déclaré officiellement : « C’est une attaque terroriste. (…) On avait des informations sur cette menace de narcotrafiquants alliés aux terroristes pour avoir un accès à une zone portuaire. La Côte d'Ivoire était effectivement dans la zone de mire. Nous avons pris des dispositions, nous ferons le point de cette attaque et renforcer notre présence autour de la frontière ».

Les éléments détaillés dans le rapport des relevés d’écoutes téléphoniques opérées dans le cadre de l’opération Octopus indiquent clairement qu’il s’agit de l’œuvre de djihadistes de la « Katiba Hamza ». Les services de renseignement américains (notamment l’antenne locale de la CIA) ainsi que les services français et burkinabè sont clairs : l’attaque de Kafolo est une attaque terroriste qui intervient en représailles aux opérations armées ivoiro-burkinabè dans le Parc de la Comoé. Nulle part n’est effleurée l’implication d’un homme politique ivoirien, ni M. Bédié ni M. Soro. Seul Téné Birahima Ouattara veut y voir un attentat de Guillaume Soro, sans craindre le risque de ridiculiser notre pays.

Les membres de la communauté du renseignement ivoirien, sont inquiets du bric à brac auquel ses membres sont contraints de s’adonner sur injonction de Photocopie. Ils se disent que ce dernier est en train d’introduire dans leur communauté les maladies mortelles des services secrets : la politisation et la manipulation de l’information, la rendant du coup inefficace et dangereuse pour la sécurité nationale.

Avant de quitter le fauteuil présidentiel, Alassane Ouattara devrait s’atteler à dépolitiser les services de renseignement ivoiriens pour qu’ils retrouvent leur pleine efficacité et ne soient pas aveuglément conduits vers leur éclipse et leur disqualification face à la lutte dangereuse contre le terrorisme international.

Dans une publication ultérieure, j’établirai les responsabilités dans les ratés et les fautes graves commises, qui ont facilité la survenue de l’attentat de Kafolo.

CHRIS YAPI NE MENT PAS.

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