Dialogue pouvoir-opposition: l'absence du FPI de Gbagbo, du PIT de Wodié, et de LIDER de Koulibaly, dénoncée par l'opposant KKS

PROTESTATION RELATIVE AU DIALOGUE SUR LA REFORME DE LA COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE

Excellence Monsieur le Président de la république,

Depuis plus d’un quart de siècle, le peuple de côte d’Ivoire, ne connait que douleur, larme et sang. A l’origine et au cœur de cette souffrance, les consultations électorales. Ainsi, en 1990 l’on a déploré officiellement 3 morts, 30 en 1995, 300 en 2000, et 3000 en 2010 pour lesquels les commissions électorales ont été à chaque fois incriminées.

C’est dire toute l’importance et la place de ces commissions dans la préservation de la paix et de la stabilité de notre pays. Sans oser m’ériger en donneur de leçons, les lourds antécédents ainsi rappelés et notamment ceux encore vivaces dans notre esprit obligent et commandent à la plus grande humilité et à la plus grande circonspection dans le traitement de ces dossiers.

C’est la raison pour laquelle, je viens respectueusement par la présente, avec la même promptitude et la même énergie que celles avec lesquelles j’ai salué votre décision du 06 décembre d’accéder au réexamen de la CEI, conformément à l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, élever une vive protestation quant à la confidentialité et à l’opacité qui semblent envelopper d’entrée ces consultations si attendues par tous les ivoiriens et objet de tant d’espoir, au mépris manifeste et à l’attitude excursionniste affichés à l’égard de certains partis et personnalités politiques.

Qui sont les participants à ses assises ? Comment sont-ils choisis ? Sur quels critères ? Quels sont les termes de référence ? De tout cela, les ivoiriens ne savent rien. Tout semble se passer comme dans un bois sacré, avec quelques initiés dont le manque de solidarité et l'attitude complaisante et complice ne sont pas moins troublants.

Et puis, Monsieur le Président, qu’espère t on en excluant le FPI de Gbagbo, le PIT de Wodié, le lider de Mamadou Koulibaly ? Pour ne citer que ceux-là.
Monsieur le Président, sauf votre respect, le consensus autour des conditions d’organisation des élections, donc autour de la commission électorale indépendante, est vu par tous comme l’ultime espérance pour des élections paisibles en 2020. L’échec n’est donc pas permis.

C’est pourquoi, et je parle d’expérience pour avoir été candidat, le débat sur la CEI ne doit pas être comme en 2010, l’affaire de quelques personnes qui s’enferment pour décider de tout (nous en connaissons le résultat). Le débat sur la CEI doit être national. Il doit impliquer toutes les forces politiques et civiles. Il doit être conduit avec une responsabilité aiguë, une haute conscience et un sens élevé de l’état.

Entre nous Monsieur le Président, dans quel état d’esprit se trouve-t-on en face d’un Premier Ministre de la république, essayant, en sa qualité de Président du dialogue sur la Commission Électorale Indépendante, de rassurer les acteurs politiques sur sa bonne foi à offrir des chances égales pour la compétition quand, 24 heures seulement avant, à propos de la même compétition, il martelait presqu'en jurant devant ses partisans en délire : ‘’qu’ils veulent ou non 2020 on va prendre… qu’ils soient d’accord ou non, on va prendre… que ça leur plaise ou non, on va prendre… 2020 tchoco tchoco (entendez à tout prix) on va prendre’’ ?
Franchement !

Le moins que l’on puisse dire au vu de la première journée c’est que ça commence mal.

Tout en espérant, que vous voudrez bien prendre toutes dispositions utiles pour rectifier le tir, et dans l’attente de l’ouverture de la grande concertation nationale pour la réconciliation nationale, préalable aux élections aux lendemains paisibles et sereines, veuillez croire, Excellence Monsieur le Président, en l’assurance de ma très haute considération.

Abidjan, le 22 Janvier 2019
Konan Kouadio Siméon (KKS)
Président d’Initiatives Pour la Paix