Crise post-électorale en Côte d’Ivoire et au Gabon : Et si la solution était le recomptage des voix ?

Par IvoireJustice - Crise post-électorale en Côte d’Ivoire et au Gabon. Et si la solution était le recomptage des voix ?.

Ping-Gbagbo en 2011 à propos du recomptage des voix en Côte d'Ivoire.

Elections présidentielles gabonaises 2016. À quelques différence près, on est en plein dans un remake de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011, un pays, deux présidents. Le recomptage des voix est une fois encore réclamé au Gabon pour trancher les résultats. Ce qui avait été refusé en Côte d'Ivoire, en 2010.

Par Emmanuel Dabo

Le procès à la Cour Pénale Internationale (CPI) de l’ancien chef d’État ivoirien Laurent Gbagbo a repris ce mardi 31 aout 2016. Une reprise qui coïncide avec les remues ménages de l’élection présidentielle gabonaise. Élection dans laquelle, s’est illustré de façon très négative un proche du chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara. Le dénommé Mamadi Diané, désormais ex-conseiller du chef de l’État ivoirien, est accusé d’ « ingérence » dans le processus électoral au Gabon. « Il aurait d’abord introduit des « hackers » au Gabon pour diffuser de faux procès-verbaux et pirater des données gouvernementales… (et) suggéré au principal adversaire d’Ali Bongo Ondimba de provoquer la démission des membres de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) », livre Jeune Afrique.

Les accusations portées contre Mamadi Diané, proche d’Alassane Ouattara, viennent jeter le discrédit aussi bien sur le processus électoral gabonais mais aussi ivoirien. Et déjà, les Ivoiriens s’interrogent. « Affaire Mamadi Diané : la révélation du « complot » de la CEI (ndlr : Commission Electorale Indépendante) contre Gbagbo en 2010 ? Et si le conseiller spécial de Ouattara ne voulait qu’appliquer au Gabon une méthode qui a déjà fait ses preuves en Côte d’Ivoire ? Faire subir au président sortant Ali Bongo le même sort qu’a connu le président sortant Laurent Gbagbo ? » Ce sont là, les questions que se posent César Djédjé Mel, journaliste à l’infodrome.com. Car se souvient-il, « en 2010, Diané était là au même poste à côté de Ouattara, a effectué les missions avec les ministres de Ouattara dans le règlement de la crise, en faveur de son patron ».

Cette situation post-électorale au Gabon, si similaire à celle qu’a connu la Côte d’Ivoire, a de quoi interpeller les citoyens sur la contribution des acteurs au processus électoral en Afrique et sur la nécessité de recompter les voix en cas de contentieux.

« Contre » et « pour » le recomptage des voix

Difficile d’admettre, pour une partie des Ivoiriens, que le recomptage des voix peut être une solution à la crise électorale au Gabon ; pour la simple raison qu’en 2010, en pleine crise post-électorale en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo adversaire d’Alassane Ouattara avait appelé au recomptage des voix. Ce qui lui avait été refusé. Jean Ping, alors président de la Commission de l’Union africaine (UA) a déclaré : « la réouverture des résultats de l’élection serait une grave injustice et un précédent fâcheux. L’Union Africaine (UA) ne reviendra pas en arrière. Il y a des gens qui demandent de recompter les voix. Les opinions sont libres. Les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. Mais, nous, notre position est claire (…) On ne reviendra pas en arrière, pas de recomptage, parce que Gbagbo a perdu les élections ».

6 ans plus tard, candidat malheureux à l’élection présidentielle de son pays, il appelle au « recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote ». Ce, avec le soutien de la France, de l’Union Européenne (UE) et des Nations Unies. Pourtant en 2010, ceux-ci avaient refusé cette requête à Laurent Gbgabo. Une requête qualifiée alors par Jean Ping d’ « injustice ». Avant de clamer tout haut « On ne reviendra pas en arrière, pas de recomptage, parce que Gbagbo a perdu les élections ». Il est même allé jusqu’à dire « que la règle de la démocratie est de se plier aux résultats des urnes »

Le revirement de position de Jean Ping, aujourd’hui, à la fois étonne et suscite des interrogations. Pourquoi Jean Ping appelle-t-il au recomptage des voix dans son pays au Gabon alors que 6 ans en arrière, il le refusait en Côte d’Ivoire ? Etant joueur et ne faisant plus partie du corps arbitral, ses vues changent. Il s’auto proclame victorieux avant même que la commission électorale ne se prononce. En plus, il accuse de fraude électorale son adversaire Ali Bongo. Si aujourd’hui touché de plus près, il change ses positions vis-à-vis du recomptage des voix. On se croirait comme dirait l’autre dans « une politique-politicienne » où chacun prêche pour sa propre chapelle. Sinon, rien d’autres ne peut justifier ce revirement de situation, si ce ne sont l’ambition et les intérêts politiques.

Et si on s’inspirait du cas américain ?

En novembre 2000 aux Etats-Unis d’Amérique, l'élection de G.W. Bush à la présidence des États-Unis en novembre 2000 a permis de lever un coin de voile sur les dysfonctionnements du système électoral américain. Un contentieux électoral oppose Georges W. Bush à Albert « Al » Gore, dans l’état de Floride. En application du Code électoral de l'État, on procède alors à un recomptage automatique des votes à l'issue duquel Georges W. Bush reste vainqueur.

À l’instar du cas Américain, le recomptage des voix est, et aurait pu être, tout comme il est souhaité aujourd’hui au Gabon, un moyen d’éviter la crise qu’a connu la Côte d’Ivoire avec 3000 pertes en vies humaines.

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