Coup de tonnerre : les médias publics français, dont RFI en grève ce mardi

Par RFI - Les médias publics français, dont RFI en grève ce mardi.

Une poupée vaudou géante portant les logos de la télévision publique française, le 25 novembre 2008 à Paris. AFP - BERTRAND GUAY.

En France, il y aura sans doute beaucoup de musique à la radio et de rediffusions à la télévision ce mardi 28 juin. L'ensemble des syndicats de l'audiovisuel public appelle à la grève. À RFI, mais aussi à France 24 et MCD, à France Télévisions ou à Radio France, l'inquiétude monte à cause de l'annonce de la suppression de la redevance qui finance les médias publics.

La contribution à l'audiovisuel public, l'autre nom de la redevance, va disparaître. C'était la promesse d'Emmanuel Macron pour redonner du pouvoir d'achat aux Français. Elle s'élève à 138 euros par an et est payée, sauf exception, par tous les contribuables français possédant une télévision.

Les syndicats des journalistes ont calculé que la redevance coûtait seulement 38 centimes d'euro par jour aux Français, et que sa suppression impliquerait de trouver plus de 3 milliards d'euros annuels pour financer RFI, France 24, MCD, Radio France et France Télévisions.

Les syndicats craignent pour l'indépendance du service public : tous redoutent que les patrons de chaînes soient obligés de faire régulièrement l'aumône auprès des tutelles pour boucler leurs fins de mois. Ce n'était pas le cas avec une ressource comme la redevance, directement affectée aux médias.

Des alternatives sont possibles

Dans un rapport publié ce lundi, la fondation Jean-Jaurès, par la voix de la chercheuse Julia Cagé, propose une alternative : le maintien de la redevance, mais sous forme d'impôt progressif, pour qu'il pèse moins sur le budget des plus modestes. À l'heure du déferlement des fausses nouvelles et des guerres de propagande, le service public audiovisuel français doit avoir la « garantie de ressources pérennes et indépendantes des cycles politiques », affirme-t-elle.

L'autre inquiétude, c'est un projet de fusion de tout l'audiovisuel public, projet relancé par le Sénat. Fusion qui rendrait le secteur public plus fort face aux mastodontes du privé : Bolloré et TF1-M6, par exemple. Mais, toujours selon les syndicats, ce serait un projet synonyme de casse sociale et d'appauvrissement des contenus. Pour l'intersyndicale, l'audiovisuel public ne pourrait plus remplir ses missions premières : informer, éduquer et divertir tous les citoyens, sans la pression de faire de l'audience.

♦ Qu'est-ce que la redevance audiovisuelle ?

La redevance audiovisuelle est une taxe d'un montant de 138 euros en métropole et 88 euros outre-mer, elle ne concerne que les foyers qui détiennent un téléviseur : les autres ne la payent pas, même s'ils regardent des programmes sur ordinateur, tablette ou smartphone. Elle permet de financer les médias publics français (France Médias Monde, France Télévisions, Radio France, etc.). Cette ressource est devenue d'autant plus stratégique depuis la suppression de la publicité en soirée puis dans les programmes pour enfants, sur les chaînes du service public. Sa suppression entraînera un manque à gagner de plus de 3 milliards d'euros que l'État promet de compenser auprès des diffuseurs publics.

Par Sébastien Jédor

Nb: Le titre est de la rédaction.