Côte d’Ivoire : Embouteillage et CIEXIT, Par Dr Oyissé

Par Ivoirebusiness/ Débats et opinions - Côte d’Ivoire. Embouteillage et CIEXIT, Par Dr Oyissé.

Ville d'Abidjan centre d'Affaires du Plateau. Image d'illustration.

La bouteille Ivoire est au seuil de l’éclatement. Mais il ne faut en
souffler mot, le complexe de l’ivoirité plane, et ceux qui en profitent
l’exploitent pour bâillonner définitivement les plus récalcitrants.

Dans ce dispositif de neutralisation des téméraires, il est même mal perçu de
demander le pays d’origine de certains immigrés. Évoquer en Côte
d’Ivoire l’idée d’autochtone est un peccatum.

Par tactique ou naïve conscience, ce pays serait le seul de la sous-région sans autochtone, tous y
seraient indistinctement d’origine. Cette farce ou tendance ne peut
prospérer face à un peuple hautement conscient de son histoire et des
modalités de falsification en cours.

Il y a embouteillage, et cette manifeste évidence ne peut être mise sous boisseau. Des frontières
totalement ouvertes aux terres indûment occupées sous hymne de repeuplement
pernicieux du pays, l’explosion devient une quasi-certitude. Et c’est
cela qui articule la posture du Président Gbagbo qui prévient pour qu’on
évite ce qui peut encore l’être.

La volonté de minorer les réalisations
de son adversaire politique au plan des infrastructures n’efface en rien le
pan implicite de sa déclaration en phase avec le vécu des ivoiriens. Pour
en saisir la substance et l’urgence, rappelons : En 60 ans, c’est-à-dire
de 1960 à 2020, voici l’augmentation de la population dans 4 pays de la
CEDEAO :
Guinée 276%. Mali 285% ; Burkina 333% ; Sénégal 422% Côte
d’Ivoire 653%. Les chiffres relatifs à la Côte d’Ivoire sont proprement
affolants, d’où l’embouteillage constaté. Embouteillage signifie
remplissage de bouteilles avec des liquides.

Ce premier sens est interpellant. En effet, pour qu’il y ait remplissage, il faut que la
bouteille ait de l’espace en elle à même de contenir le liquide. Elle
doit dans sa configuration immédiate permettre cette possibilité. Le
remplissage est donc une possibilité et non une nécessité. La bouteille
peut être ce qu’elle est sans le liquide.

Elle existe en tant que telle avant qu’on ne la remplisse. Son identité ne peut donc être confondue
avec celle du liquide qui en remplit l’espace vide. Dire donc que la ville
d’Abidjan est embouteillée, c’est dire qu’elle a tout d’une
bouteille remplie qui a du mal à s’affirmer comme bouteille,
c’est-à-dire hors du liquide qui l’étouffe ou désagrège ses
articulations.

Idée que réitère l’autre sens du mot embouteillage qui
exprime une saturation due à une trop grande affluence de personnes,
d’usagers. Les autres synonymes sont encombrement, engorgement. Quelle que
soit la signification, il est évident que tout embouteillage pointe une
relative désagrégation de la bouteille et même du liquide qui est
contraint d’en épouser la forme pour prendre place en elle.

L’embouteillage défigure donc l’essence et/ou la forme des entités en
présence. Oui Abidjan est embouteillée comme l’est l’intégralité du
pays qui actuellement hurle sa difficulté à affirmer son authenticité.
Tout à l’intérieur de la bouteille Côte d’Ivoire est tellement
décomposé qu’il y a production de gaz susceptible de la faire exploser,
d’où le cri perçant qui émane d’elle et qu’on refuse d’écouter au
nom d’un mondialisme en posture de reconquête hystérique.

L’embouteillage de la Côte d’Ivoire est en propre l’actualisation de
ce processus d’expropriation générale contre lequel il est recommandé de
se taire ; l’idée de Nation doit baisser pavillon. Des juridictions et
instances outillées y veillent. Et gare à celui qui affirmera la primauté
du local sur l’international bêlant.

Mais, les ivoiriens doivent clairement exprimer les effets pervers de cet embouteillage malfaisant. Le
panafricanisme n’implique nulle part la nécessité d’effacer les
identités locales pour une soumission aux injonctions du mondialisme
déstabilisant. Vider en partie la bouteille Ivoire, voici la mission
ultérieure de tout acteur politique digne. Mieux, il faut un CIEXIT, le pays
y gagnerait en cohérence. Les ivoiriens n’ont demandé à personne de
remplir leur pays.

Une contribution de Dr Oyissé,
Suisse