Cinéma / En France depuis la crise postélectorale : Sidiki Bakaba interpelle Maurice Bandaman sur son statut et les conditions de son retour
Par L'Intelligent d'Abidjan - Sidiki Bakaba au Maurice Bandaman "Voici les conditions de mon retour au pays".
«Ombres et lumières», c’est le prochain film dans lequel les cinéphiles pourront apprécier le jeu de Sidiki Bakaba qui y campe le rôle d’un président africain dans un «pays imaginaire». «Un peu énigmatique», définit l’acteur qui joue N’krumah – un nom évocateur – partage un rêve. «Ce qui passe essentiellement, c’est le bonheur de son peuple sans toutefois se fermer au reste du monde», a confié en France Sidiki Bakaba au micro du confrère Philippe Kouhon de Diaspo Télévision. Ce film dans lequel Sidiki Bakaba a tourné tout le mois d’août (2013) est une réalisation du guadeloupéen Christian Lara. Avec lui, Sidiki Bakaba avait également tourné Héritage perdu au Gabon et au Cameroun.
En France depuis la fin de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, Sidiki Bakaba, ancien directeur du Palais de la Culture Bernard Belin Dadié, parle avec le journaliste de réconciliation, de sa profession, de son retour en Côte d’Ivoire, de l’ivoirité et de Maurice Bandaman. Ministre ivoirien de la culture et de la Francophonie.
«Je n’ai pas fui la Côte d’Ivoire, raconte Sidiki Bakaba. Je suis sorti légalement en ayant même demandé au ministre de la justice de ce régime et l’Ambassadeur Ally Coulibaly qui a d’ailleurs eu beaucoup de compassion quand je suis rentré pratiquement en ambulance en France».
De l’appel lancé par les autorités ivoiriennes précisément le ministère de la Culture et de la Francophonie pour le «retour des artistes» en Côte d’Ivoire, Sidiki Bakaba a souhaité qu’il n’y ait pas de distinctions entre les artistes et que le terme «artiste» ne soit pas attribué aux seuls chanteurs ivoiriens.
«Quand on dit artiste, on pense chanteur, on ne pense pas le cinéaste, le peintre, le sculpteur, le styliste – tous ceux-là que j’ai honoré pendant ces dix ans au Palais de la Culture. Un artiste est sans distinction un artiste. Quand j’entends dire tous les artistes ivoiriens, s’interroge Bakaba, est-ce que monsieur Maurice Bandaman pense que je ne suis pas un artiste ? Peut-être qu’il a le droit de le penser. Je ne suis pas un chanteur mais, je crois que je suis un artiste ! Quelqu’un qui est metteur en scène, acteur, réalisateur – une quarantaine de carrière internationale avant de venir servir pendant dix ans son pays…Je ne pense pas que le ministre puisse penser comme le petit peuple».
Dans la «vague de tentative de réconciliation» marquée par des rencontres qu’il y a eu en France avec les «artistes ivoiriens», Sidiki Bakaba se demande pourquoi il «n’a jamais été convoqué à une des rencontres». Serais-ce un mépris à son endroit de la part du ministre de la Culture Maurice Bandaman de ne pas évoquer son nom ? Si Sidiki Bakaba ne le pense pas, il ne cache pas sa surprise car ce n’est pas faute, admet-il, de n’avoir pas «fait un mouvement vers lui».
«A mon avis, dit-il, c’est tout sauf un mépris… Cela me surprend parce que ce n’est pas quelqu’un qui ne me connait pas. En tant que ministre de la Culture, il ne peut pas ne pas connaître le directeur qui a dirigé le Palais de la Culture pendant dix ans et qui lui a même rendu hommage. Comme tous les autres écrivains que j’ai honorés au palais de la culture, il a eu dans le panthéon sa présence».
N’ayant pas de réponses claires, Sidiki Bakaba évoque d’autres raisons. «C’est peut-être qu’il y a une autre raison. Ou je ne suis pas un artiste ou je ne suis pas Ivoirien parce qu’on dit ‘’artistes ivoiriens’’… Si je ne suis pas un Ivoirien – il peut peut-être le dire, il a le droit ! Parce qu’on a entendu cela longtemps en Côte d’Ivoire. Est-ce encore des choses qui restent ?
Sidiki Bakaba, 64 ans, «fils de l’Indénié précisément d’Abengourou», selon la précision qu’il fait, a-t-il besoin d’une autorisation du ministre Maurice Bandaman pour rentrer en Côte d’Ivoire ?
L’ancien directeur du Palais de la Culture qui n’oublie pas de mentionner que chez lui a été pillé, se demande où déposer ses valises s’il doit y retourner. «Quand on a pillé votre maison, quand on a tout pris et que vous n’avez peut-être plus une chaussure pour marcher à Abidjan, je crois que je ne doit pas faire honte aux Ivoiriens – pas à moi. On a beaucoup de noblesse, beaucoup de grandeur pour que j’aille dormir dans un salon ou à la mosquée», fait-il savoir.
Koné Saydoo