Côte d`Ivoire : les résultats de la présidentielle invalidés

Le 03 décembre 2010 par Lemonde.fr - Toutes les frontières du pays ont été fermées jeudi soir, après l'annonce , par la commission électorale, de la victoire d'Alassane Ouattara. Mais le Conseil constitutionnel a estimé que ces résultats

n'étaient pas valides.

Paul-Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel, le 02 décembre 2010 à Abidjan. De Afp.

Le 03 décembre 2010 par Lemonde.fr - Toutes les frontières du pays ont été fermées jeudi soir, après l'annonce , par la commission électorale, de la victoire d'Alassane Ouattara. Mais le Conseil constitutionnel a estimé que ces résultats

n'étaient pas valides.

Bras de fer en Côte d'Ivoire entre le président sortant Laurent Gbagbo et son opposant Alassane Ouattara. Les résultats de la Commission électorale indépendante, qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur de la présidentielle de dimanche, ont été invalidés par le Conseil constitutionnel une heure après leur proclamation. L'institution, seule habilitée à proclamer les résultats définitifs, est présidée parun proche de Laurent Gbagbo. La tension est aussitôt montée d'un cran: dans la soirée, l'armée a annoncé la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays. Les autorités ont également ordonné «la suspension sans délai» de la diffusion des chaînes de télévision d'information étrangères, qui ont annoncé les résultats.

La Commission électorale indépendante (CEI) avait déclaré jeudi soir que l'opposant Alassane Ouattara avait remporté le second tour de la présidentielle avec 54,1% des voix, selon des chiffres provisoires que devait valider le Conseil Constitutionnel. Le président sortant Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, récolte environ 45,9% des voix.

Pour le Conseil Constitutionnel, la CEI a failli

Mais le Conseil constitutionnel ne l'a pas entendu pas de cette oreille. Le président du Conseil, Paul Yao N'dré, a rappelé que la CEI n'avait pas été capable de proclamer les résultats dans les 72 heures légales suivant le scrutin. La barre fatidique de mercredi minuit ayant été dépassée, «la CEI n'est plus à même de décider quoi que ce soit», a tranché Paul Yao N'dré.

Il a également affirmé qu'il venait d'envoyer une lettre au président de la CEI lui demandant de lui transmettre les documents relatifs aux contestations de vote dans le nord du pays, fief de Ouattara. Il a précisé que les décisions sur ces litiges seraient rendues dans un délai de 7 jours. C'est à cette date que devraient être proclamés les résultats définitifs.

Le camp Gbagbo allait dans le sens du Conseil. «Les résultats provisoires n'ont pas de validité juridique» puisque la CEI a annoncé les scores hors délai, a marteléle le directeur de campagne du président sortant. Une réaction qui suggère que le chef de l'Etat n'entend pas s'incliner. Après une campagne électorale agressive, le camp Gbagbo dénonce depuis dimanche des votes «frauduleux» dans le nord du pays, qu'il entend bien faire annuler par le Conseil constitutionnel. Lundi, des responsables pro-Gbagbo avaient même empêché la publication des résultats par la Commission électorale.

Ouattara propose un gouvernement d'union

Appelant au calme, Alassane Ouattara a exhorté, dans une première déclaration, au «rassemblement» pour la «paix». L'ex-premier ministre ivoirien, qui ne craint pas le verdict du Conseil, a rappelé à son «frère», Laurent Gbagbo, leur «engagement commun à respecter les résultats proclamés par la CEI». Ouattara a aussi promis de former «un gouvernement d'union».Ses partisans ont célébré à Abidjan et à Bouaké la victoire de leur champion.Toutefois des incidents entre les deux camps faisant des blessés, dont un grave, étaient signalés à Abidjan.

Dans un climat de méfiance mutuelle entre les deux camps, la tension n'a cessé de croître dans le pays depuis le scrutin, dimanche. Jusqu'à prendre un tour dramatique dans la nuit de mercredi à jeudi, quand des hommes armés ont attaqué à Abidjan une permanence d'Alassane Ouattara. Au moins huit personnes sont mortes et une quinzaine de personnes ont été blessées.

Inquiète, la communauté internationale, dont Paris et Washington, exhorte les deux candidats à respecter le résultat. Celui-ci doit clore une décennie de crise politique marquée par le report, six fois, du scrutin présidentiel. Jeudi, l'Elysée a demandé aux dirigeants et responsables ivoiriens de permettre l'achèvement rapide et «dans un climat apaisé» du processus électoral. Le Conseil de sécurité des Nations unies a prévenu jeudi qu'il était prêt à prendre des «mesures appropriées» contre quiconque y ferait obstacle.