Bozouma Kangah, membre du Bureau politique du PDCI-RDA : « Rattrapage ethnique, le serpent d’eau de la déchirure nationale »

Par Le Nouveau réveil - Bozouma Kangah, membre du Bureau politique du PDCI-RDA « Rattrapage ethnique, le serpent d’eau de la déchirure nationale ».

Le nouveau gouvernement ivoirien du 4 septembre 2019.

Le RDR, pardon ! Le RHDP et le rattrapage ethnique comme expression politique d’une vérité dévoilée... Qui l’eût cru ! Nous en sommes là, non pas dans un mauvais rêve mais dans notre réalité ivoirienne d’aujourd’hui. De mémoire d’Ivoirien, on se frotte les yeux et on n’en revient pas. Quelle régression !

Le rattrapage ethnique, on a beau retourner la chose dans sa tête pour la repousser, c’est bel et bien et de manière définitive le programme politique concocté dans le secret de sa case que nous sert sur la place publique le RDR, avec la même constance, depuis près de 10 ans… à côté de son programme économique et contre ce programme ; ceci, malgré les dénonciations et le danger qu’il constitue de fait au regard de la cohésion nationale et de l’idéal de fraternité tracé par le Père fondateur.

Comme l’hydre de Lern - ce serpent d’eau à plusieurs têtes qui se dédoublent chaque fois qu’on les coupe - l’un après l’autre, l’un avec l’autre, sans faiblir, le rattrapage ethnique s’est emparé de tous les secteurs de la vie nationale et fait ses ravages. Ses visages de monstre sont terriblement reconnaissables à travers un découpage électoral déséquilibré, des nominations discriminatoires aux postes clés( pour ne pas dire plus) de l’administration, des sociétés d’Etat, de l’armée et les différents concours de la fonction publique, etc., son dernier développement étant le « tabouret », métaphore brutale dont l’analyse politique renvoie à la notion d’épuration comme ultime moment d’un long processus d’exclusion. « Ou vous êtes RHDP ou vous libérez le tabouret !». Etre ou ne pas être, pourrait-on dire...

L’ex Président de l’Assemblée Nationale Guillaume Soro, comme beaucoup d’autres Ivoiriens devenus indésirables, en a fait les frais avec un tel mélodrame qu’on en vient à considérer où peut bien mener tout ça !... Il est vrai qu’une case, fût-ce celle du Rassemblement des Républicains, ne peut contenir un pays aussi vaste, pluriel et multiethnique comme la Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny. Il fallait y penser ! Les symboles ne trompent pas, ils parlent plus qu’on ne croît. En avions-on le tympan, nous n’en serions pas là… Le rattrapage …. proféré consciemment (et non dans un flux labial non maîtrisé) depuis les bords de la seine par écrans interposés et reçu avec ahurissement par les Ivoiriens. Etait-ce la réponse directe à l’ivoirité ? Eh bien ! si c’était le cas, ce fut une faute politique que ceux-ci, dans leur immense majorité, ont du mal à comprendre…

Comme aimait à le dire le Président Laurent Gbagbo, « le temps est un autre nom de Dieu ». Avec le recul du temps, les Ivoiriens ont bien fini par se rendre compte que l’ivoirité, ce concept porquétien de l’identité culturelle ivoirienne, avait été galvaudé puis instrumentalisé à des fins de pouvoir. Que désormais, il n’accroche plus. La dernière intervention, en tant que leader politique, du Président Bédié sur l’orpaillage clandestin organisé à l’échelle nationale par des étrangers armés, et la tentative avortée des caciques du RDR de s’en saisir à des fins de propagande anti xénophobes, en est la démonstration cinglante. Quel Ivoirien ne serait pas fier de se dire Ivoirien ? Quel Ivoirien ne serait pas fier de Tidjane Thiam, de Didier Drogba, de Wilfried Koffi, de Cissé Cheik, d’Armand Gauz et de Marie-Josée Ta Lou quand ils gagnent parce qu’ils sont Ivoiriens ?

Alors qu’on arrête ce débat hors de propos, tendancieux et intentionnellement culpabilisant de l’ivoirité, car il n’émeut plus personne.

Le Gouverneur Dakouri parlait avec à propos du passage du RDR au RHDP comme d’une opération de blanchiment d’un passé sanglant, le lourd passé du RDR. Aujourd’hui, cette opération est devenue le plâtre du rattrapage ethnique, un plâtre bien illusoire qui ne trompe plus la grande masse des Ivoiriens indésirables. Les transfuges du PDCI hélas ! S’en rendent maintenant compte qui, convaincus ou contraints, avaient cédé à la ruse ou aux menaces d’un RHDP habillé du drapeau de la transethnicité et du rassemblement national.

Et pourtant ! Et pourtant ! Houphouët Boigny, le Père fondateur, avait indiqué la voie avec force. L’histoire retient les Compagnons de l’aventure de 46, des compagnons multiethniques, et une géopolitique critiquée en son temps comme une gestion féodale de l’Etat, mais qui se révéla être la gouvernance politique la mieux adaptée à la spécificité ivoirienne. Alors devant cette déchirure nationale, résultat du rattrapage volontairement et politiquement ethnique de la gouvernance RDR, que faire ?

Prendre son bâton de pèlerin et prêcher, prêcher contre vents et marées et jusque dans le plus petit campement la bonne parole de la réconciliation nationale comme Maurice Kakou Guikahué. Proposer une alternative démocratique fondée sur la réconciliation nationale et la paix à travers une plateforme non idéologique voulue par le Président Bédié, le Président Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. En tant que militants et sympathisants du PDCI-RDA, du FPI, du Comité Politique et membres de la Société civile, tous, nous devons œuvrer, main dans la main, à ce que cette plateforme de l’espérance du peuple ivoirien se matérialise et atteigne son but.

Bozouma KANGAH,
Membre du Bureau politique du PDCI-RDA