Assoa Adou à Ouattara et Sarkozy : “Libérez Gbagbo et le reste suivra”

Publié le vendredi 30 septembre 2011 | Notre Voie - Le ministre Assoa Adou est le président de la coordination FPI en exil. Au terme de la grande réunion d’harmonisation des vues qui

Asso Adou, président de la coordination du FPI en exil.

Publié le vendredi 30 septembre 2011 | Notre Voie - Le ministre Assoa Adou est le président de la coordination FPI en exil. Au terme de la grande réunion d’harmonisation des vues qui

s’est tenue à Accra au Ghana les 17 et 18 septembre derniers entre les partisans du président Laurent Gbagbo, il a bien voulu s’exprimer pour la première fois dans les colonnes de Notre Voie. Tour à tour, il a parlé de sa coordination, de la réconciliation qui passe, pour lui, par la libération sans condition du président Laurent Gbagbo, de ses relations avec les autorités ghanéennes, de Sarkozy et de Ouattara.
Notre Voie : Comment est née la coordination des exilés FPI ?
Assoa Adou : Quand nous sommes arrivés au Ghana, nous avons pris des contacts ici et là avec nos camarades au fur à mesure qu’ils arrivaient. Et, du petit groupe de départ, nous sommes devenus un groupe qui a pris de l’importance. C’est alors que nous avons décidé de mettre en place une coordination. D’abord pour assurer le contact avec la direction du parti qui est sur place au pays. Ensuite pour suivre l’évolution des évènements au pays et donner notre point de vue.
Mais tout n’a pas été aussi facile que cela parce que nous étions ici avec le président Mamadou Koulibaly qui nous a quitté. On a eu une seule rencontre avec lui le 2 mai. Une rencontre au cours de laquelle nous ne sommes pas tombés d’accord quand il nous a dit qu’on ne peut pas parler de la libération du président Gbagbo, car, j’utilise ses propres termes, il ne faut pas évoquer les questions qui fâchent. Donc cette coordination est en contact permanent avec la direction du parti qui est sur place à Abidjan.

N.V. : Votre coordination reçoit la direction du parti. Cette rencontre était-elle nécessaire ?
A.A. : Bien sûr que oui, cette rencontre était très nécessaire. Parce que la direction du parti est en Côte d’Ivoire. Nous ne sommes qu’une simple coordination. Et la coordination ne peut aller dans un sens et la direction du parti dans un autre. Il faudrait que nous tombions d’accord sur nos objectifs communs. Ils sont donc venus et nous avons échangé et je peux vous dire que nous sommes en phase.

N.V. : Qu’est-ce que vous retenez essentiellement de cette rencontre ?
A.A. : Nos camarades de la direction et même les camarades qui sont au pays et nous, sommes d’accord qu’il est nécessaire que les Ivoiriens se réconcilient. Mais cette réconciliation ne peut pas se faire sans Gbagbo Laurent. C’est Gbagbo Laurent qui est le père de la démocratie en Côte d’Ivoire. C’est Gbagbo Laurent qui est le père de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire. C’est Gbagbo Laurent qui a mis en place les éléments de la modernisation de la Côte d’Ivoire. Que ça soit au plan économique, social et politique. Et c’est lui qui a été candidat aux élections présidentielles. Ce n’est ni Miaka, ni Akoun, ni Assoa Adou, ni aucun autre Ivoirien. Donc les deux protagonistes majeurs de la situation en Côte d’Ivoire, il y a Gbagbo Laurent et il y a Alassane Dramane Ouattara. Chacun doit conduire sa troupe à la table de négociation. Si ceux qui parlent de réconciliation ne plaisantent pas, le premier acte qu’ils doivent poser, c’est d’aller à Korhogo et de libérer Gbagbo Laurent. Donc la première décision à prendre, c’est libérer Gbagbo, lui donner la liberté de ses actes pour qu’il se concerte avec ses partisans avant d’aller à la table de négociation. Lui-même a dit, alors qu’il était aux mains des hommes de Ouattara au Golf Hôtel : «La phase militaire est terminée, passons à la phase civile».

N.V. : Comment avez-vous ressenti le départ de Mamadou Koulibaly ?
A.A. : Je voudrais d’abord rappeler que le Front populaire ivoirien, comme son nom l’indique, est un front. Donc il y a beaucoup de militants de bords différents. Lui, il a toujours dit qu’il est libéral. Peut-être qu’à un moment donné, il pouvait faire prospérer ses idées au sein du FPI. Aujourd’hui, il pense que ce n’est plus la peine, il va ailleurs et c’est ce qu’il a fait. Ça ne nous gène pas. Donc pour nous, son départ est la manifestation de la liberté. On adhère librement à un parti et on part aussi de là librement.

N.V. : Aujourd’hui, le gouvernement demande que les exilés rentrent au pays. Ne vous sentez-vous pas concernés ?
N.V. : C’est ce que je disais tout à l’heure. Quelle est la voie de passage obligée pour que la paix et donc la sécurité soit au pays ? C’est la libération de Gbagbo et de tous nos camarades arrêtés dont le président Affi. Ouattara et Sarkozy le savent très bien. Ils savent que s’ils maintiennent Gbagbo en prison, il n’y aura pas de paix en Côte d’Ivoire. C’est quand Gbagbo sera libéré que tout le reste va suivre et aller dans le sens souhaité par les Ivoiriens.

N.V. : Vous avez mis en place une coordination des militants FPI en exil ici à Accra. Quels sont vos rapports avec le pouvoir ghanéen ?
A.A. : Vous me donnez l’occasion de remercier le président ghanéen et son gouvernement. Nous remercions également le peuple ghanéen. Le Ghana nous a permis d’être en vie. Le Ghana a permis à des milliers d’Ivoiriens d’être en vie. Il y a ici au bas mot 200 mille Ivoiriens. Cela dit, notre coordination n’a pas de rapport particulier avec les pouvoirs publics. Cependant, nous avons de bons rapports avec les structures qui s’occupent des réfugiés. Il faut dire que les Ivoiriens vivent dans des conditions très difficiles. Beaucoup ont tout perdu et espèrent que la paix revienne très vite pour regagner le pays.

N.V. : Quel message adressez-vous à vos camarades militants qui sont au pays ?
A.A. : Il faut dire à nos camarades que notre première force c’est notre unité. Il faut que nous soyons unis. Il faut que les débats puissent se dérouler démocratiquement au sein des structures du parti. Mais une fois qu’une décision est prise, que tout le monde l’applique. Il faut aussi que nos camarades comprennent qu’après le coup d’Etat de la France et l’installation d’Alassane Dramane Ouattara au pouvoir, notre combat passe d’abord par la libération de notre leader Laurent Gbagbo et de tous les autres camarades. Quand ils seront libérés et qu’ils seront à la table de négociation en vue de la réconciliation, il faut bien sûr que le monde entier sache quelle est la vérité des urnes. Gbagbo a-t-il gagné les élections ? Ou Gbagbo a-t-il perdu les élections ? Parce que la réponse à cette question donne la réponse à une autre question extrêmement importante, celle de savoir qui est responsable du massacre des Ivoiriens ? Si c’est Gbagbo qui a gagné et que pour des raisons propres à la France on n’a pas voulu qu’il reste au pouvoir, alors il n’est pas responsable des massacres des Ivoiriens. C’est une question importante.

Interview réalisée à Accra par
Boga Sivori