"Alpha Condé"-"Laurent Gbagbo": le noir et le rouge ou l'histoire d'une ambition politique commune

Le 19 novembre 2010 par IvoireBusiness - "Alpha Condé", un nom désormais gravé dans le marbre de l'histoire politique guinéenne et

Alpha Condé, Président élu de la Guinée.

Le 19 novembre 2010 par IvoireBusiness - "Alpha Condé", un nom désormais gravé dans le marbre de l'histoire politique guinéenne et

africaine, car entré par la grande porte de l'alternance démocratique guinéenne. Opposant historique, professeur émérite qui a su donner depuis toujours libre à des exégèses universitaires à la Sorbonne à Paris pendant des années jusqu'à son retour au bercail dans les années 70-80! Combattant de la liberté, idéaliste de surcroît, membre de l'internationale socialiste, il a été toujours proche de "Laurent Gbagbo" durant cette longue carrière d'opposant parsemée de vicissitudes et aujourd’hui de grandeur à la faveur de son élection à la tête de la Guinée...
Quant à "Laurent Gbagbo", opposant téméraire, constant et persévérant qui a fait de la tactique politicienne son second métier, il a pu braver le pouvoir autocratique du vieux "Houphouët" lors des premières élections multipartites en Cote d'ivoire en 1990. Il accède au pouvoir en 2000 après des élections étayées par une révolution populaire sans précédent en Afrique francophone. Le dénominateur commun à ces deux leaders est leur appartenance à une nouvelle classe de politiciens africains chevronnés de gauche auréolée par une stature intellectuelle iconoclaste et novatrice dans une Afrique où l'on s'était vite accoutumé au parti et à la pensée uniques!
"Alpha Condé" vient certes d'emboîter le pas à son ami de longue date "Laurent Gbagbo" en lui montrant le chemin de la nouvelle alternance démocratique africaine. De son côté, "Laurent Gbagbo" lui renverra l'ascenseur, s’il est réélu, le 28 novembre comme pour magnifier l'entrée de l'Afrique dans une nouvelle ère politique! Son atout majeur: une assise populaire et urbaine électoraliste, lui qui a remporté le district d'Abidjan, le grand Ouest et l'immense majorité de la région lagunaire au premier tour! Il lui RESTE à "grappiller" une partie de l'électorat du V baoulé, du Sud-ouest et du Nord -Ouest pour asseoir définitivement son hégémonie politique fédératrice. Et cela va de soi, car plus que jamais, il n'est pas sans savoir qu'aucun terrain politique n'est à négliger pour son plébiscite le 28 novembre prochain... Féru de verdeur communicative, il n'est pas passé par quatre chemins pour convaincre les populations du Sud-ouest par ce message récent et parleur:" Votez pour celui qui a fait revenir "Bédié" de l'exil, et non pour celui qui a fait partir "Bédié" en exil, faisant une allusion directe et perspicace au parrain occulte du coup d'état du 24 décembre 1999 contre le régime de "Bédié"... C'est à travers ce regard croisé politique que nous nous inspirons de l'ouvrage de la confrère "Catherine Nay"(journaliste à l'organe de presse français "l'express" et membre du service politique de la radio française de notoriété "Europe 1": un portrait moral et politique de l'ex président "François Mitterrand"("le noir et le rouge"-histoire d'une ambition sortie dans les années 80 ). Elle écrivait que "L'inspiration du nouveau Président "Mitterrand" en 1981 fut peut-être tout simplement politique. Depuis un siècle, la gauche est exclue du pouvoir en France... Elle n'y a campé qu'en de rares et furtives occasions. En s'inclinant au panthéon sur les tombes de "Jean Jaurès"(le prophète inspiré du socialisme français, l'homme à l'âme généreuse d'origine modérée comme le nouvel élu, patriote mais pacifiste, progressiste mais tolérant, héros idéal), de "Jean Moulin"( le résistant, l'ancien préfet de la 3ème république française, devenu délégué clandestin du "Général De Gaulle" dans la France occupée, qui avait su lui s'entendre avec les communistes) et de "Victor Schœlcher"(dont l'œuvre a été étudiée dans tous les programmes scolaires de l'Afrique francophone, qui fut ministre de la marine sous la révolution de 1848 et libérateur des esclaves, et dont la tombe se trouvait fort opportunément sur le parcours présidentiel. Il est l'illustration édifiante du bon blanc émancipateur des opprimés de toutes races et de toutes conditions, et cette posture devrait aller tout droit au cœur des tiers-mondistes fervents qui hantent nombreux le parti socialiste et ses abords).
Le vainqueur socialiste renouait le fil si longtemps brisé. Il enracinait de nouveau la gauche dans le terreau de l'histoire... "La leçon politique que retireront les deux leaders africains (Alpha Condé et Laurent Gbagbo), sera surtout d'intérioriser davantage les vertus de patriotisme, de résistance et de dignité en réhabilitant enfin les figures emblématiques de l'histoire africaine: un bel exemple aux nouvelles générations dans une Afrique en perpétuelle mutation postcoloniale.

Yves T Bouazo-Journaliste-consultant en communication politique