Professeur DEDY Séri, Secrétaire National de la CURFP: Sur l’extradition de Gbagbo à la CPI et sur les élections législatives

Le 17 décembre 2011 par Correspondance particulière - Déclaration de la CURFP relative à l’extradition du président Laurent Gbagbo et aux élections législatives

Pr Dédi Séri.

Le 17 décembre 2011 par Correspondance particulière - Déclaration de la CURFP relative à l’extradition du président Laurent Gbagbo et aux élections législatives

Depuis l’extradition, le 29 novembre 2011, du président Laurent Gbagbo vers La Haye, la Cellule Universitaire de Réflexion et de Formation Politique du FPI (CURFP) a tenu trois (3) réunions successives: la première, le 30 novembre pour réfléchir sur les conditions du transfèrement du Président Laurent Gbagbo ; la deuxième, le 6 décembre, pour analyser sa première comparution ; enfin la dernière, le 12 décembre, à l’effet d’apprécier le résultat des élections législatives.
Au terme de ces rencontres de crise, et en se fondant sur l’actualité sous plusieurs rapports, la CURFP déclare solennellement que la déportation de Laurent Gbagbo constitue un fait sans précédant aussi bien dans l’histoire des peuples de Côte d’Ivoire que du monde moderne. Mais à la manière du boomerang, le transfèrement précipité du Woody de Mama produit en ce moment un effet que la « Communauté Internationale » en général, et les victimaires du Président Gbagbo en particulier n’avaient pas intégré à leur plan : il s’agit de ce vaste courant de sympathie pro-Gbagbo à travers le monde. Cet ostracisme viscéral anti-Gbagbo digne de la Grèce Antique, avec les souffrances physiques comme corollaire mais aussi les espérances qu’autorise, dialectiquement, un tel traitement, cristallisent les souvenirs de toutes les victimes, de toutes les intolérances qui ont fait progresser la cause de la condition humaine. Autrement dit, du haut de sa tribune dressée par la CPI, Laurent Gbagbo parlera le 18 juin 2012, au nom de toutes les minorités (ethniques, raciales, culturelles, religieuses, politico-idéologiques) et des hommes de génie, souffre douleur d’une intolérance de cartel autarcique contre productif à terme.
Pour la CURFP, le procès de Laurent Gbagbo - un leader politique charismatique - rappelle à la conscience universelle le souvenir de la condamnation, de la résistance mais aussi de la réhabilitation de figures exceptionnelles telles que Socrate, Jules César, Jeanne D’Arc, Galilée, Karl Marx, Alfred Dreyfus, Bolivar, Béhanzin, Général De Gaule, Samory Touré, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Salvador Allende, Amilcar Cabral, Mao Zedong, Agostino Neto, Thomas Sankara. Un procès refondateur en perspective car La Haye ne manquera pas de générer une thérapie des complexes dont souffrent les individus et les peuples opprimés.
I- Laurent Gbagbo comme Socrate et Galilée
Ils sont légion, ceux et celles qui se mobilisent en ce moment pour la libération de Laurent Gbagbo dont ils pensent, à juste titre, que le combat est noble et dépasse le cadre trop étroit d’une Côte d’Ivoire humiliée et sous occupation militaire. Ils n’ont pas tort parce que le prisonnier de la Communauté Internationale est d’abord et avant tout un esprit tourné vers l’invention de nouvelles perspectives productrices de valeurs par rapport au conformisme sclérosant et aux injustices de l’ordre dominant : la liberté de pensée et d’expression ; le doit des individus et des peuples au choix de leur destin. Et comme les hommes iconoclastes ou ceux qui ont pensé autrement furent exclus, persécutés ou bannis, Laurent Gbagbo n’a jamais eu peur de la prison, voire de la mort : « si d’aventure il m’arrivait quelque chose a-t-il toujours lancé à ses partisans, enjambez mon corps pour poursuivre la lutte ».
Pour avoir étudié les lettres classiques et l’histoire, Gbagbo sait, à la suite de Socrate, Jules César, Galilée, etc. ce que signifie être fidèle à la vérité.
En effet, condamné à mort (par absorption de la cigüe) pour avoir prétendument nié l’existence des dieux de la Cité, introduit des divinités nouvelles et corrompu la jeunesse athénienne, le père de la dialectique chère à Karl Marx préféra mourir plutôt que de se déjuger ou de trahir ses convictions intellectuelles et politiques.
C’est exactement dans cette logique implacable que se trouve Laurent Gbagbo dont Soro Guillaume estime qu’il serait aujourd’hui libre de tout mouvement, s’il avait fait preuve d’humilité en acceptant de discuter avec ses adversaires dès sa déportation à Korhogo. C’est que le prisonnier de la France à la CPI se pose encore et toujours la même question, lancinante et lourde de conséquence : qui a gagné l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 ? Comme la vérité se trouve toujours dans la durée et la pratique, la Communauté Internationale vient de lui donner raison en acceptant le recomptage des voix comme solution rationnelle en RDC après l’avoir déjà expérimentée avec succès à Haïti avant le scrutin présidentiel d’octobre / novembre 2010 en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo qui l’avait exigé un an plutôt pour la paix en Côte d’Ivoire et qui a reçu un déluge de bombes, apparaît aujourd’hui comme plus sage que les partisans d’une éthique politique à géométrie variable. Il peut donc triompher comme le savant italien Galilée qui a été réhabilité deux fois depuis sa condamnation par l’Inquisition (1633) pour avoir bousculé une certitude quasi-sacrée de l’époque et selon laquelle c’est le Soleil qui tourne autour de la Terre : la première fois, en 1992, c’est-à-dire 350 ans plus tard ; et la seconde fois, en 2010, l’Eglise ayant reconnu l’erreur judiciaire et admis que les restes de l’astrophysicien soient enterrés dans un cimetière chrétien.
A l’évidence Laurent Gbagbo dont les progressistes du monde entier et les hommes et femmes épris de justice réclament la libération, n’attendra pas un siècle avant d’être célébré comme l’un des plus illustres refondateurs du système des valeurs d’un certain monde et du monde tout court.
II- Laurent Gbagbo et les Patriotes ivoiriens comme les Protestants français sous Louis XIV
Comme la décennie 1990 qui sonna le printemps démocratique en Afrique, l’année 1598 fut pour la France d’Henri IV, un moment d’ouverture et de permissivité lié à la reconnaissance formelle des droits des protestants par le roi : liberté de culte, garanties juridiques et politiques. Mais comme dans les années 2000 où la mondialisation néo-libérale renonce à ses prétentions démocratiques au nom de ses intérêts économiques et idéologiques, la France de Louis XIV s’apercevant que la critique protestante ruinait l’unité de la foi catholique et la conception absolutiste du pouvoir, se résolut à supprimer les droits des protestants. Louis XIV révoqua purement et simplement l’Edit de Nantes (18 octobre 1685).
Les quarante trois (43) Résolutions prises à l’encontre de la Côte d’Ivoire par l’ONU pour le compte de certaines puissances étrangères de 2002 à 2011, rappellent étrangement le revirement spectaculaire de la France d’Ancien Régime. Mais y a-t-il vraiment une différence de nature entre l’Ancien Régime et la Droite française de 2011 ? Là-dessus, le doute n’est plus permis : de même que la révocation de l’Edit de Nantes provoqua la destruction systématique de lieux de culte « hérétique » et l’exil forcé de 300 000 protestants vers la Suisse, l’Allemagne, la Hollande, l’Afrique du Sud, etc, de même la Résolution 1975 du Conseil de Sécurité (31 mars 2011) a eu pour conséquence non seulement des milliers de morts, mais aussi le départ en exil de plusieurs centaines de milliers de pro-Gbagbo vers la sous-région ouest-africaine et ailleurs.
Honneur à Laurent Gbagbo le protestant politique de ce début de XXIème siècle, dont le combat nous permet de comprendre que le passé n’a jamais été aussi présent. Par malice sous manteau d’humanisme, l’Ecclésia des grandes puissances n’a de cesse de proclamer qu’elle a pour mission d’installer la démocratie dans les pays anciennement colonisés ; le temps a permis de constater qu’en réalité, ce qu’on recherche sous les Tropiques, c’est moins la vertu que l’or, c’est moins la paix que le désordre qui satisfait toutes les convoitises.
III- Laurent Gbagbo comme le capitaine Alfred Dreyfus
L’histoire de la France nous apprend qu’à la fin du XIXème siècle, un brillant officier de l’armée française, le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien, juif d’origine alsacienne, fut accusé d’avoir livré des documents secrets à l’ennemi (l’Allemagne). Le 22 décembre 1894, sans preuve, il fut condamné pour trahison « à la dégradation militaire et à la déportation à perpétuité dans une enceinte fortifiée ». Ce sera l’île du Diable en Guyane.
Totalement abusée par cette machination, l’opinion exigea même la peine capitale pourtant prohibée depuis 1848. Et c’est cet obstacle que les geôliers du capitaine Dreyfus ont tenté de contourner en lui suggérant de se suicider. Il se refusa à poser cet acte, décidé qu’il était d’aller jusqu’au bout pour que la vérité fît le procès du mensonge. Elle ne tarda pas à se faire jour. En effet, à la suite de nombreuses enquêtes diligentées en raison d’une foule de zones d’ombre dans ce qui fut appelé « l’affaire Dreyfus », on découvrit le vrai coupable, le commandant Walsin-Esterhazy, un ancien membre du contre-espionnage français.
C’est alors que le courant antisémite français multiplie les opérations d’intoxication destinées à créditer, malgré l’évidence du faux, la thèse de la trahison.
En dépit de cette prestidigitation, l’opinion est désormais au courant d’une machination diabolique dont la découverte décuple l’énergie des dreyfusards, dreyfusistes et autres dreyfusiens. Le 13 janvier 1898, Emile Zola, apparaît comme le porte-drapeau des dreyfusards dressés contre les anti-dreyfusards. Il publie dans L’Aurore le célèbre « J’accuse », dénonçant tous ceux qui, par haine antisémite ou par volonté de nivellement par le bas, ont comploté contre le capitaine Dreyfus. Le procès de l’illustre bagnard sera révisé et le 19 septembre 1899, le prisonnier de l’île du Diable, gracié. Sa réhabilitation interviendra le 12 juillet 1906.
Comme dans le cas de Dreyfus, « l’affaire Gbagbo » est en train d’avoir de profondes conséquences sociales et politiques dans les relations Nord-Sud. La Côte d’Ivoire s’achemine vers une bipolarisation à l’image du monde entier aujourd’hui partagé entre les gbagbophiles et les gbagbophobes, entre les progressistes et les réactionnaires.
On observe qu’un courant de sympathie pro-Gbagbo s’empare de bien des militants RHDP. Le RDR, le PDCI, le MFA et l’UDCY entendent de plus en plus en leur sein des cris d’indignation dont l’expression la plus aboutie est sans conteste le très faible taux de participation au scrutin législatif du 11 décembre 2011 auquel ces militants ne sont pas étrangers.
Comme Dreyfus dont le procès a dévoilé le caractère pernicieux de l’antisémitisme, l’affaire Gbagbo est en train de poser les bases d’une véritable thérapie pour guérir l’Afrique de ses complexes.
IV- Laurent Gbagbo comme Jules César et bien d’autres refondateurs du monde
Parce que la crise post-électorale qui a débouché sur la déportation de Laurent Gbagbo à Korhogo, puis à La Haye constitue le prolongement d’une tentative de coup d’Etat muée en rébellion en septembre 2002, le Woody de Mama doit être considéré comme un des plus irréductibles résistants de l’histoire. Il ne peut que triompher, quoi qu’il advienne, puisqu’il compte au nombre des refondateurs du monde tels que Jules César, Karl Marx, Gandhi, Nelson Mandela, etc.
En effet, lorsque par exemple, on met en perspective le parcours exceptionnel de l’empereur-écrivain romain Jules César, avec celui du président historien ivoirien Laurent Gbagbo, on découvre, à des degrés divers, d’étonnantes similitudes, qu’il s’agisse de leurs origines, de leurs visions du monde et de l’engagement manifesté aux côtés des opprimés. Toutes choses qui leur ont valu bien des adversités de la part des forces réactionnaires.
S’il est vrai que Jules César naquit dans une éminente famille patricienne, il est tout aussi incontestable que cet homme avait une vision opposée à celle de son milieu d’origine. Ainsi que le rappellent les historiens, César s’est battu jusqu’à sa mort pour l’émancipation des plébéiens. Il fut une vie pour les autres.
Laurent Gbagbo certes, n’appartient pas à une famille de type aristocratique. Il est issu d’un milieu plutôt modeste, du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, en pays bété, une société égalitaire dans laquelle l’individu ne naît pas chef, mais le devient au regard de ses qualités humaines et de son mérite personnel. Son père, le sergent-chef Koudou Paul, a pris part à la Deuxième Guerre mondiale aux côtés des Patriotes français. Comme Jules César, Laurent Gbagbo a étudié la civilisation gréco-romaine. Et ce qu’il faut souligner, c’est l’originalité de l’engagement politique de l’un et l’autre. On est tenté d’affirmer à première vue, que Jules César a plus de mérite que Laurent Gbagbo sur le terrain de la générosité et de l’humanisme, dans la mesure où la perversité égoïste pousse généralement les classes possédantes à rejeter toute idée de partage et de don de soi. Mais ce n’est là qu’une apparence, entendu qu’un pauvre devenu riche peut être plus égoïste et plus retord et cruel, n’hésitant pas à gommer ses origines au lieu d’aider à relever le sort des plus démunis. Laurent Gbagbo n’a pas renié ses origines. Il n’a pas non plus persécuté les classes possédantes, lui qui a toujours affirmé que gouverner c’est donner et rassembler. Au sens propre comme au figuré, le sens de la responsabilité et de la générosité a amené les deux hommes d’Etat à franchir plusieurs fois le Rubicon.
Jules César l’a franchi au moins quatre fois, refusant tour à tour de se plier à l’ultimatum de Pompée ; d’occuper la charge de prêtre de Jupiter « pour être à l’abri des vengeances » ; de prendre comme épouse une patricienne ; de rompe avec les milieux pauvres ; de châtier tous ceux qui ont trahi la République. A ceux qui lui donnaient ces conseils, il répondit : « il ne faut pas décevoir les Dieux lorsqu’ils vous ont accordé leur confiance, il faut également gagner la confiance des hommes. Donc rassembler autour de soi non seulement ceux qui vous aiment, qui ont choisi de se battre avec vous, mais aussi ceux qui ont trahi. Voilà ce qu’il faut à Rome ». Ami de la Plèbe et des milieux défavorisés, Jules César connaissait tout le monde et tout le monde le connaissait. Et grâce à cette sociologie pratique du milieu romain, il apprit bien des choses sur les mœurs et tendances de son époque.
Sous ce rapport aussi, la vie de Laurent Gbagbo est parfaitement comparable à celle de Jules César. En effet, comme étudiant, Laurent Gbagbo ne s’est pas cantonné égoïstement dans les amphithéâtres et bibliothèques d’Abidjan, de Lyon et de Paris pour une élévation sociale personnelle assurée. Il s’est battu pour l’autonomie syndicale en milieu étudiant, ce qui lui valut sa première prison en août 1969 et la deuxième en avril 1971 ; comme soldat prisonnier, il contribua à l’amorce d’un sentiment de fierté nationale par l’introduction de chants martiaux traditionnels dans la formation militaire ; devenu chef de l’Opposition ivoirienne après six années d’exil forcé (1982-1988), il poursuivit le combat de la liberté qui lui valut sa troisième prison (18-02-1992). Arrivé au pouvoir le 26 octobre 2000, il met en pratique sa vision du social à travers la politique de refondation, un système qui impulse aussi bien la mobilité économique, socioculturelle que la mobilité politique. En quelque sorte, la décastisation de la Côte d’Ivoire. De l’avis des observateurs neutres, la refondation en tant qu’expérience historique de la tolérance et de l’ouverture, n’a d’égal, (hormis les réformes agraires et sociales sous César et son successeur Auguste) que celle de Byzance au Xème siècle. C’est qu’avec la refondation, des gens issus de milieux modestes ou n’appartenant pas à la famille biologique et politique du président Gbagbo, sont désormais nommés à de hauts postes de responsabilité.
En définitive, Jules César et Laurent Gbagbo, c’est le même combat non seulement au regard de leur humanisme, mais aussi par rapport aux réactions de leurs adversaires vis-à-vis de leur philosophie politique et sociale.
Nés dans l’adversité et ayant évolué dans l’hostilité ouverte, et pour s’être engagés aux côtés des "oubliés" ou "sous-sol de l’humanité" de leur époque, Laurent Gbagbo est persécuté aujourd’hui comme Jules César hier, par ceux qui n’avaient pas intérêt à ce que le plus grand nombre de leurs concitoyens vivent libres, mieux et en bonne santé.
Il faut savoir que toutes les crises qui ont secoué Rome sous César et celles qui secouent l’Afrique, notamment la Lybie de Kadhafi et la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, plongent leur racine dans le refus que les dominants opposent à la décastisation du monde, c’est-à-dire aux mesures de rééquilibrage des forces sociales, politiques et économiques en présence. Un fait saillant pour illustrer la thèse du complot qui a abouti à l’assassinat de César, d’une part, et à la déportation de Laurent Gbagbo, d’autre part : face aux réformes impulsées par César comparables à celles imaginées par Laurent Gbagbo, il faut savoir que ce sont les nostalgiques de l’ordre ancien (Optimates, RHDP) qui sont à l’origine des rébellions mises en place pour annuler les mesures en faveur des pauvres. S’agissant plus particulièrement de la Côte d’Ivoire, on se pose la question de savoir qui, en dernier essor, avait intérêt à ce que la guerre soit préférée à une solution politique négociée. Assurément la mondialisation et les modalisateurs avec la Droite française comme centre nerveux de l’oligarchie ploutocratique de la FrançAfrique. Et là-dessus, Joseph Ki-Zerbo a raison qui soutient que l’Afrique est le continent le plus infériorisé pour avoir été divisé et dominé du XVIème siècle jusqu’à nos jours. Ce constat est d’autant pertinent que ce qui s’est passé à Rome il y a 2000 ans, se poursuit sous nos yeux : de même qu’ « à Rome des bandes parcourent les rues, menaçantes, tuant tous ceux qui leur paraissent hostiles », de même à Abidjan comme à l’intérieur du pays (Yopougon, Agboville, Touleupleu, Duékoué, etc.) la violence FRCI/Dozo a fauché et continue de faucher des milliers de vies humaines.
A qui attribue-t-on ces massacres qui ne font que provoquer un recul historique pour notre pays ? A Laurent Gbagbo, répondent la CPI et la France qui l’accusent d’avoir « confisqué le pouvoir perdu dans les urnes », et osé préconiser le recomptage des voix. La justice internationale ayant abondé dans le même sens et après la phase de la première comparution, Laurent Gbagbo interviendra le 18 juin 2012. Une date qui fait sursauter ceux qui savent à quoi elle renvoie dans l’histoire d’un pays comme la France, en liaison avec ses anciennes colonies dont la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo. Le Général De Gaul sera donc présent à La Haye ce 18 juin, pour écouter le discours du fils du sergent Koudou Paul. Mais avant que Laurent Gbagbo ne parle, ses partisans et tous ceux qui sont épris de justice, manifestent en sa faveur. A leur manière. Certains, par milliers, envahissent la petite ville de La Haye ; d’autres crient leur indignation aussi bien à l’étranger qu’en Côte d’Ivoire ; d’autres encore viennent de boycotter les législatives en signe de protestation. Le peuple ivoirien a encore eu droit à un scrutin malmené par les ingérences extérieures ayant provoqué la guerre post-électorale du 28 novembre 2010. En effet, alors que le PDCI-RDA accuse le RDR de fraudes massives, de bourrage d’urnes, d’achat de conscience et de bien d’autres anomalies tendant à gonfler artificiellement le taux de participation, l’Ambassade des Etats-Unis certifie et valide le scrutin, estimant qu’il est tout à fait équitable, nonobstant le boycott des législatives par le FPI/CNRD et le peuple dans son ensemble. Comme si l’on pouvait déclarer intrépide et vainqueur quelqu’un qui assène des coups à son adversaire pendant que celui-ci est étreint par la foule.
Sur la base de ce qui précède, la CURFP :
- condamne la déportation de Laurent Gbagbo à la CPI, une opération dont le caractère cavalier, clandestin et illégal soulève de graves questions ;
- rend hommage à Laurent Gbagbo, ce Socrate, ce Jules César, ce Galilée, ce protestant politique, ce capitaine Dreyfus, ce Général De Gaule, ce Lumumba, ce Sankara du XXIème siècle, pour sa brillante prestation lors de sa première comparution le 5 décembre 2011 ;
- l’assure de son soutien dans le cadre de cette épreuve qu’il vit en direct sur la place publique du village planétaire ;
- félicite
-les diasporas africaines ainsi que les mouvements d’Occident épris de justice et de paix, qui ont exprimé leur indignation face à l’enlèvement du président Gbagbo et qui luttent en ce moment pour sa relaxe pure et simple ;
-les militants FPI/CNRD et le peuple ivoirien dans son ensemble, qui ont boycotté le scrutin législatif du 11 décembre dénonçant ainsi le caractère illégitime du pouvoir en place ;
- demande aux soutiens extérieurs du RHDP, notamment la France, de se ressaisir en faisant preuve de retenue et de responsabilité éthique dans le conflit qu’ils ont provoqué en Côte d’Ivoire suivant la politique du deux poids deux mesures, puisqu’ils ont refusé le recomptage des voix en Côte d’Ivoire alors que cette solution pacifique avait emporté leur adhésion à Haïti d’abord, et maintenant en RDC ;
- encourage le FPI à tenir ferme au sujet de la satisfaction de ses exigences pour la normalisation de la vie politique, la décrispation et la cohésion sociales, toutes choses devant valoir condition pour sa participation aux prochains processus électoraux.

Pour la CURFP
Professeur DEDY Séri
Secrétaire National de la CURFP