CPI / Le procureur avoue enfin: " La France a tiré sur les manifestants à l'Hôtel Ivoire..."

Par EventNews TV - CPI. Le procureur avoue enfin " La France a tiré sur les manifestants à l'Hôtel Ivoire..."

Le procureur Mc Donald.

Deux coups de tonnerres ont secoué mardi 15 février 2016, le deuxième jour du contre interrogatoire du témoin de l’accusation Sam l’Africain. En effet, la défense du président Gbagbo conduite par Maître Altit Emmanuel a réussi dans un premier temps à mettre presque K.O le procureur Mac Donald en lui arrachant un aveu de taille sur la crise de 2004 en Côte d’Ivoire avant d’emmener le juge-président à donner par des propos révélateurs, sa propre opinion sur Laurent Gbagbo…

remier coup de tonnerre. Maître Altit à Sam l’Africain : « Vous dites que le président Laurent Gbagbo est démocrate est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples de ce que vous avancez ? » Sam l’Africain : « Avant, c’est le PDCI, le parti de M. Félix Houphouët Boigny, le fondateur de la Côte d’Ivoire qui existait quand le président Gbagbo est revenu en Côte d’Ivoire. C’est à son retour que le multipartisme est né. Il y a eu des mouvements et le président Houphouët Boigny a compris qu’il était temps d’accepter le multipartisme en Côte d’Ivoire. C’est grâce à Gbagbo qu’il y a eu le multipartisme en Côte d’Ivoire. La libéralisation de la presse, le Smig, ne plus mettre les journalistes en prison c’est grâce à Gbagbo.

Maître Altit à Sam l’Africain : « Vous dites que le président Laurent Gbagbo s’est toujours comporté en démocrate. Donc c’est votre témoignage que jusqu’au bout et jusqu’à la fin, il s’est toujours comporté en démocrate ? » Sam l’Africain : « Oui c’est ce que j’ai dit. Il s’est toujours comporté en démocrate. Puisqu’avec les discussions qui se passaient pour la crise il a toujours appelé à venir discuter et à venir dialoguer. Donc je considère que c’est un démocrate.

L'INTERVENTION INATTENDUE DU JUGE-PRÉSIDENT…

C’est à ce moment du procès que le juge-président qui écoutait jusque-là le témoignage du témoin avec beaucoup d’intérêt va alors sortir de son silence pour s’adresser à l’avocat du président Gbagbo : « Désolé maître mais c’est encore un démocrate. Il est encore là. Donc il l’est. Enfin même jusqu’à présent…»

Maître Altit qui croyait alors bien dire de préciser au juge qu’il voulait expliquer que Laurent Gbagbo est resté démocrate jusqu’à son renversement le 11 avril 2011, va recevoir cette réponse de la part du juge italien: « J’ai bien compris mais c’est juste que c’est un peu étrange à l’oreille » assurera le juge-président, laissant bien évidemment transparaître en filigrane que lorsqu’on est démocrate jusqu’à son renversement, on ne peut que être dans cet état d’esprit même quand on se retrouve en prison.

« L’ACCUSATION EST PRÊTE A ACCEPTER CET EXTRAIT…»

Deuxième coup de semonce porté à ce procès qualifié de la honte par un homme politique Français, l’aveu inattendu de l’adjoint de Fatou Bensouda. En effet, ce dernier, après que les images des tueries de l’armée française du 9 novembre 2004 à l’Hôtel Ivoire aient été montrées au témoin démontrant ainsi à la face du monde l’incontestable vérité de l’implication de la France officielle dans le renversement du président Laurent Gbagbo, s’est levé promptement pour reconnaître les faits : « L’accusation est prête à accepter cet extrait. Tout a été prouvé M. le président et il n’y a pas d’objection. Et l’accusation reconnait que les forces françaises ont effectivement tiré sur les manifestants. A ce stade de la procédure (…) l’accusation reconnait que les forces françaises ont effectivement tiré sur les manifestants et il y a eu plusieurs morts…» Même s’il arrive un peu tard, cet aveu de taille de l’équipe de Fatou Bensouda est bien la preuve que le Conseil de Laurent Gbagbo vient de marquer un grand point dans ce procès. Puisque jusque-là, l’accusation refusait catégoriquement toute allusion aux événements d’avant la présidentielle de 2010.

Totalement sonné, le procureur Mc Donald va alors demander et obtenir un huis clos alors que l'accusation s’apprêtait à projeter une vidéo témoignage sur la crise de l'ancien ambassadeur de la France en Côte d'Ivoire. Comme on le voit, la fameuse phrase du principal prévenu : «On ira jusqu’au bout » commence à prendre désormais toute sa dimension./.

AUGUSTIN Djédjé à Paris