Côte d'Ivoire: Décès du journaliste Azo Vauguy

Par Fratmat.info - Décès d’Azo Vauguy, le poète, auteur de « Zakwato, le journaliste de culture qui savait "soulager sa jouissance esthétique"

Le journaliste, l'écrivain, le poète, l'homme de culture, auteur de « Zakwato », Azo Vauguy a rangé définitivement la plume, dans la nuit du jeudi 23 avril 2020.

Azo Vauguy n’est plus. Nous les plus jeunes appelons ce brillant journaliste et homme de culture, « Maître ». Le journaliste, l'écrivain, le poète, l'homme de culture, auteur de « Zakwato », Azo Vauguy a rangé définitivement la plume, dans la nuit du jeudi 23 avril 2020.

L’ami, le frère qui l’a accompagné témoigne : « Mon ami, mon frère, le journaliste, l'écrivain, le poète, l'homme de culture Azo Vauguy a rangé la plume. Pour toujours. Il faisait 22,16 de tension, ce jeudi 23 avril 2020, quand il a été admis au centre communautaire de Port-Bouët 2, où je l'ai déposé vers 20h10. A 21h 56, j'ai reçu la nouvelle de son décès tel un poignard chaud dans mon corps. Entre rage et impuissance, je succombe à la détresse... » Adieu l’artiste. Quand Etty Macaire lui pose la question de savoir (Ndlr : 2013), quelle image veut-il que les ivoiriens gardent de lui, Azo répond : « Je laisse libre court à leur appréciation mais ce que je sais et qui me désole, j’avoue que les hommes sont méchants et insatiables. Hypocrites et cupides. »

De tous les aînés que nous avons côtoyés dans le milieu Azo était le plus plaisant, accessible et surtout prompt à toute sollicitation intellectuelle. « Dans le milieu des lettres en Côte d’Ivoire le nom est bien connu et prononcé avec respect. Poète, chroniqueur et critique littéraire, il a œuvré, durant des années, en faveur du triomphe de l’esprit dans un pays souillé par la politique...», écrit Etty Macaire dans une interview qu’il a accordé à l’artiste parue dans « Le Nouveau Courrier du 15 mars 2013 et repris sur le blog ivoirecritique.blog4ever.com.

Quand Ettty Macaire, président de l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire lui pose la question, vous hantez le monde des lettres depuis des décennies. Dites-nous : qu’est-ce que la Côte d’Ivoire vous doit ? Azo Vauguy rétorque : « Dites à la Côte d’Ivoire qu’elle ne doit rien à Azo Vauguy. Moi, en tant qu’écrivain, en tant que journaliste de culture (je ne dis pas journaliste culturel puisque ce caractérisant adjectival ne me sied guère), je fais mon devoir. Quand je rencontre des créateurs et bien d’autres animateurs du monde des arts et que nous échangeons avec beaucoup de respect ponctué de reconnaissance, je suis heureux. Je sais que j’ai ajouté quelque chose à l’humanité. Je rappelle que la Côte d’Ivoire m’a fait Chevalier dans l’Ordre du mérite Culturel. C’est bien. Mais ce n’est pas cette distinction qui soulagera ma jouissance esthétique. »

Quand M. Etty lui demande si son nom Azo Vauguy a une signification particulière, l’on est subjugué par la réponse : « Je m’appelle AZO VAUGUY. C’est mon grand-père lui-même qui m’a donné son nom. Pour confirmer cette transmission métaphorique mais métaphysique qui fait de moi le double du père de mon père Gabriel AZO ZEOBAUD ZAOUROU, celui-ci m’appelait affectueusement « papa ». Mon grand-père était un artiste pluriel. Un homme charismatique. Ses admirateurs lui vouaient un véritable culte pour sa grande sagesse et sa virtuosité à la percussion, à la danse, au chant. Sa célébrité a marqué toute la région d’OURAGAHIO. A Siégouékou, son village natal, il était adoré. C’est le sens de son prénom AZO car AZO veut dire « adorer » en bété. Apprenez que le nom AZO VAUGUY ne m’a pas été attribué de façon fortuite. Ma mère m’a dit que sa grossesse n’avait que trois semaines quand mon grand-père lui a révélé à son grand étonnement qu’elle accoucherait d’un enfant de sexe masculin. Et qu’il faudrait que l’enfant porte exclusivement son nom. J’ai libéré le ventre de ma génitrice trois mois avant le terme normal, mais je suis né viable. Quatre coqs ont été offerts en sacrifice le jour de ma naissance, après que mon grand-père eut prononcé trois fois le nom que nous partagions désormais pour me souhaiter la bienvenue. Vous voyez que beaucoup de symboles ont animé ma naissance comme dans une légende. »

Par Salif D. Cheickna