Côte d'Ivoire: Et si les attaques de Bassam voulaient détourner notre attention du procès où Ouattara et la France sont malmenés en ce moment? Par Jean Claude Djereke

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Et si les attaques de Bassam voulaient détourner notre attention du procès où Ouattara et la France sont malmenés en ce moment? Par Jean Claude Djereke.

Alassane Ouattara à Bassam le 13 mars 2016, après les attaques terroristes contre des hôtels et les plages.

Selon Vincent Hugeux, dont on attend toujours qu’il batte en brèche la thèse de son compatriote Me Jean Balan (la mort des 9 soldats français à Bouaké début novembre 2004 n’est qu’un prétexte utilisé par Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin et Michel Barnier pour se débarrasser de Laurent Gbagbo jugé par eux peu accommodant parce qu’il refusait d’être un simple sous-préfet et de donner à la France autant que Félix Houphouët avait coutume de donner), les attaques de Grand-Bassam seraient le fait d’AQMI qui en veut terriblement à la France (mais est-il possible d’être sans griefs contre ce pays qui, en plus d’être hostile à tout acte de repentance pour ses nombreux crimes passés et présents, ne se gêne guère pour soutenir des rebelles sanguinaires et créer le chaos dans les pays dont il convoite les richesses tout en se vantant d’être la “patrie des droits de l’homme et de la démocratie”?). Une telle explication n’est vraie qu’en apparence et nous le démontrerons plus loin. Il y a une vérité dans l’analyse de Hugeux non seulement parce que 4 Français figurent parmi les personnes assassinées par les terroristes mais parce que la Côte d’Ivoire accueillerait aujourd’hui 15 000 francais, preuve que la France y est revenue en force, non pour construire routes, hôpitaux et universités (cela ne l’a jamais intéressé), mais pour piller les richesses des Ivoiriens. Reste que la vérité de Hugeux n’est qu’apparente. Par l’expression “vérité apparente”, je veux laisser entendre que le prétendu “spécialiste” de l’Afrique, en soutenant que les terroristes qui ont endeuillé notre première capitale voulaient punir la France, pourrait en réalité chercher à détourner notre attention des vraies raisons et des vrais commanditaires de ces attaques. Car comment croire que la France, dont les soldats sont stationnés non loin de Grand-Bassam ait été surprise par ces attaques? Comment accorder foi au fait que ses services de renseignement ignoraient ce qui se tramait contre elle? Si elle pense que les djihadistes lui en veulent et qu’ils peuvent l’attaquer partout et à tout moment, pourquoi n’a-t-elle pas anticipé en protégeant tous les sites sensibles susceptibles d’être visités par ses ressortissants? Et si les attaques de Bassam étaient un coup monté par un groupe de personnes (le temps nous permettra de savoir de qui il s’agit) embarrassées et gênées aux entournures par le procès de la Haye qui est devenu le procès de la France dans la mesure où on y apprend, jour après jour, que “la France est le père fondateur de la crise ivoirienne” et qu’un président africain qui ne fait pas son affaire ou ne lui est pas soumis sera débarqué ou assassiné illico presto? Hugeux évite de poser toutes ces questions, il élude les bonnes questions, parce qu’il émarge peut-être au budget du Quai d’Orsay, parce que, avec Dozon, Bousquet, Hofnung, Boisbouvier et d’autres petits bonimenteurs, il est chargé de vendre l’idée que la France n’intervient en Afrique francophone que pour sauver les Africains de la guerre civile, des tueries, de la famine, de l’ignorance, etc.

Le gouvernement ivoirien, lui, a parlé d’abord de 6, puis de 3 assaillants neutralisés. Quelle cacophonie! Si Karim Koné, rescapé du carnage, affirme qu’aucun terroriste n’a été tué par les forces dites spéciales (cf. “Notre Voie” du 15 mars 2016), d’où vient que Hamed Bakayoko ait parlé d’assaillants neutralisés? Quels sont ces “assaillants neutralisés” dont les corps ne sont pas montrés? Enfin, quand le Mali et le Burkina avaient été attaqués, n’avait-il pas claironné arrogamment que la capitale économique avait été bouclée et que les Ivoiriens pouvaient vaquer tranquillement à leurs occupations? Personne ne peut évidemment se réjouir du grand malheur qui a frappé Grand-Bassam, le 13 mars 2016. On ne peut que pleurer ces vies innocentes injustement et prématurément fauchées par des barbares sans foi ni loi. Mais qu’on ne nous prêche pas l’union sacrée autour d’un gouvernement de menteurs et d’incompétents! Qu’on ne nous invite pas à nous solidariser avec des individus qui ont usé et abusé du faux pour parvenir au pouvoir et dont les crimes sont en train d’être dévoilés peu à peu au monde par Sam l’Africain et d’autres témoins à charge! Non, les auteurs et commanditaires des attaques de Bassam ne réussiront pas à nous divertir. Les médias occidentaux, hier prompts à traiter Laurent Gbagbo de dictateur, d’assoiffé de pouvoir et de mauvais perdant, se taisent sur les “vérités” des avocats de la défense et de Sam (des vérités qui déconstruisent leur storytelling). Sans doute ont-ils choisi de ne pas suivre le procès de la France. Quant à nous, nous souhaitons que soit révélé tout ce qui a été fait contre Laurent Gbagbo et contre notre pays. Alors, le monde entier saura enfin ce qui s’est passé, qui a fait quoi, en Côte d’Ivoire entre le 24 décembre 1999 et le 11 avril 2011.

Une contribution de Jean-Claude DJEREKE