Un an après son arrestation: Tout sur la nouvelle vie de Simone Gbagbo dans sa ‘’cellule’’ d’Odienné

Le 06 juin 2012 par L'INTER - Comment l’ex-Première Dame passe ses journées? Son état d'esprit et ce qu’elle fait avec son entourage à

Odienné, capitale de la région du Kabadougou. En ce mois de mai 2012, le temps est au soleil et aux averses sporadiques. Dans la cité du Denguélé, les populations vaquent tranquillement à leurs occupations.

Simone Ehivet Gbagbo parmi ses avocats à Odienné.

Le 06 juin 2012 par L'INTER - Comment l’ex-Première Dame passe ses journées? Son état d'esprit et ce qu’elle fait avec son entourage à

Odienné, capitale de la région du Kabadougou. En ce mois de mai 2012, le temps est au soleil et aux averses sporadiques. Dans la cité du Denguélé, les populations vaquent tranquillement à leurs occupations.

Peu se soucient de l’actualité politique, contrairement aux populations de la capitale administrative ivoirienne où la vie reste toujours rythmée par la situation d’après crise post—électorale. Abidjan n’a-t-elle pas été le principal théâtre des opérations ? L’on peut comprendre donc que ses habitants gardent encore des souvenirs vivaces de ces événements. Ce qui n’est pas le cas pour les Odiennekas, dont la ville abrite pourtant l’un des acteurs majeurs de cette crise, une prisonnière de taille, en la personne de l’ex-Première Dame Simone Ehivet Gbagbo. Cela fait un peu plus d’un an que l’épouse du président déchu, Laurent Gbagbo, est en résidence surveillée dans un duplex au quartier Hèrèmankono d’Odienné, si l’on en croit notre guide.

Selon une source bien introduite dans cette villa cossue, Simone Gbagbo a fini par se familiariser à son nouvel environnement. Elle aurait gardé le même état d'esprit qu'au début de la crise post-électorale, donnant l'impression qu'elle ne regrette rien des actes qu’on lui reproche. Selon notre interlocuteur, l’ex-député de la commune d’Abobo et présidente du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI) à l’Assemblée nationale est restée égale à elle-même, avec la même intelligence qui l'a toujours caractérisée. « C'est vraiment une femme intelligente. Je crois que si elle avait la possibilité de rejouer le même rôle qu'elle avait, elle n'hésiterait pas », souffle un visiteur, sortant de la résidence avec qui nous prenons langue. « Même si elle regrette, elle ne le laisse jamais transparaître. Dans nos discussions, nous évitons de parler de politique. Mais je puis vous assurer qu'elle est dans les mêmes dispositions d'esprit que lors de son arrivée ici. Si elle avait un téléphone portable, elle ne tarderait pas à organiser une résistance », révèle avec sourire, notre informateur. Mme Gbagbo a droit à trois repas par jour. Et c'est la mairie qui s'occupe de l'intendance.

A son réveil à partir de 9h, elle prend son petit déjeuner et s'installe devant la télévision pour s'enquérir de l'actualité nationale et internationale. A midi, après son repas, elle se donne quelque temps de lecture. A partir de 17h, elle fait plusieurs tours du bâtiment principal de la villa jusqu'à la transpiration. C'est une manière pour elle de garder la forme. Les soldats qui assurent la sécurité de l’épouse de Laurent Gbagbo sont interdits de se familiariser avec elle. Simone, selon nos informations, semble l'avoir compris puisqu'elle évite également toute discussion avec ces soldats, à part la salutation quotidienne qu'elle leur lance chaque fois qu'elle entame sa séance de footing. « Elle a gardé intactes ses convictions religieuses. Au cours d'une discussion, quand nous avons abordé le chapitre de la polygamie, elle s'y est fermement opposée. C'était l'une des rares fois où je la voyais hors d'elle-même », nous a souligné un autre informateur. « Je comprends pourquoi elle avait de l'emprise sur son époux. Très intelligente, Simone a une forte personnalité », a renchéri une source au sein de la résidence.

Il faut dire que l'ex-première Dame n'est pas aussi isolée qu'on le pense. Elle reçoit la visite de ses proches. Il y a une dizaine de jours, des membres de sa famille ont pu échanger avec elle. Celle qui a partagé la vie de l'ancien président, Laurent Gbagbo, aujourd'hui à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, parlerait très bien le Malinké. «J'ignore si elle parlait correctement le Malinké. Mais aujourd'hui, en un an, elle parle parfaitement la langue. Sa capacité d'adaptation à son environnement est surprenante. C’est une femme que nous respectons pour ses convictions », a indiqué un visiteur.

Un habitant d'Odienné, qui semble au fait des informations au sein de la résidence a confié que l'ex-Première dame avait tenté de quitter sa résidence. Pour aller où ? «Je ne sais pas. En tout cas, un jour, la rumeur de sa tentative de fuite a circulé ici », rétorque-t-il. Pour en savoir davantage, nous interrogeons une autre source. « Tout ce qu'on raconte est faux. Simone n'a pas la personnalité d'une fugitive. Même s'il n'y a aucune surveillance autour de la résidence, elle n'irait nulle part. A Abidjan, n'a-t-on pas dit qu'on payait pour la regarder comme si on était au zoo. Tout cela, ce sont des mensonges qui sont bons pour alimenter les causeries sans importance», a indiqué notre interlocuteur. Qui a indiqué la présence, à ses côtés, de temps en temps, de l'évêque d'Odienné, Antoine Koné, bien que n'étant pas de la même tendance religieuse (Simone Gbagbo étant devenue chrétienne évangélique). Aujourd'hui, avec le départ de son médecin personnel (celui-ci avait été arrêté en même temps qu'elle à la résidence présidentielle le 11 avril 2011), Mme Gbagbo est suivie par un médecin du Centre hospitalier régionale (CHR) d'Odienné.

Y.DOUMBIA (Envoyé spécial à Odienné)