Clash Cedeao-Mali: Alassane Ouattara chassé hier du Mali. Son avion empêché d’atterrir. Des milliers de maliens disent Non à son plan de sortie de crise

Publié le vendredi 30 mars 2012 | IVOIREBUSINESS - Après avoir été chassés hier du Mali par une foule excitée, les chefs d’Etat de la Cedeao mandatés pour régler la crise malienne se sont retrouvés d’urgence à

Jeune malien à l'aéroport de Bamako hier (29/03).

Publié le vendredi 30 mars 2012 | IVOIREBUSINESS - Après avoir été chassés hier du Mali par une foule excitée, les chefs d’Etat de la Cedeao mandatés pour régler la crise malienne se sont retrouvés d’urgence à

l’aéroport d’Abidjan autour d’Alassane Ouattara, pour prendre de graves décisions. Ce sont, le président en exercice de l'Union africaine (UA), Yayi Boni, les présidents Blaise Compaoré, Mahamadou Issoufou, Goodluck Jonathan et Ellen Johnson Sirleaf au Mali.
Comment en est-on arrivé là et pourquoi ont-ils été chassés du Mali, où leurs avions ont été empêchés d’atterrir?
Réunis en sommet mardi à Abidjan, les dirigeants de la Cédéao, qui ont auparavant suspendu le Mali de l'organisation, avaient décidé d'envoyer une délégation de six chefs d’Etat à Bamako jeudi pour trouver une issue à la crise née du putsch contre le président Amadou Toumani Touré (ATT), renversé à quelques semaines de la présidentielle du 29 avril.
Selon Djibrill Bassolé, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, la CEDEAO travaillait sur un compromis consistant en une "transition" dirigée par Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale dissoute par la junte. Pour se donner les moyens de leur politique, la CEDEAO avait également brandi la menace d’une intervention militaire en autorisant "la montée en puissance de sa force pour parer à toute éventualité".
Toutes décisions qui n’ont pas été du goût de la junte malienne. Ainsi, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE, junte) n'a donné aucun signe laissant penser à une acceptation du plan de la Cedeao. Bien au contraire, ces derniers ont accéléré la consolidation de leur pouvoir, adoptant une nouvelle Constitution consacrant la prééminence des militaires jusqu'aux élections présidentielle et législatives qui clôtureront la transition et dont la date n'a pas été déterminée. Aucun membre de la junte n'étant autorisé à se présenter à ces scrutins.

C'est donc dans cette ambiance que hier, le président en exercice de la CEDEAO, Alassane Ouattara devait se rendre, avec le président en exercice de l'Union africaine (UA), Yayi Boni, les présidents Blaise Compaoré, Mahamadou Issoufou, Goodluck Jonathan et Ellen Johnson Sirleaf au Mali. Pour mettre à exécution leurs propositions de sortie de crise et rétablir l’ordre constitutionnel.
Déjà à Bamako étaient présents le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et de celui de l'Intégration africaine de la Côte d'Ivoire, ainsi que les chefs d'état-major de l'espace CEDEAO. Mais une centaine de manifestants hostiles à la Cedeao et occupant le tarmac a empêché l’avion d’Alassane Ouattara et ses pairs d’atterrir. Ces derniers, pour des raisons évidentes de sécurité ont préféré rebrousser chemin et atterrir d’urgence à Abidjan, pour y tenir une réunion de crise.
Déjà la veille, des milliers de manifestants avaient manifesté dans les rues de Bamako pour apporter leur soutien à la junte militaire.
Et à l'issue de cette réunion d’urgence de la Cedeao hier à Abidjan, d’énormes sanctions contre la junte applicable dans les 72H.
Il s'agit de sanctions politiques et diplomatiques, économiques, financières et même des sanctions sportives et culturelles. En des termes clairs, les présidents de la CEDEAO ont décidé du « Gel des comptes du Mali à la BCEAO, du non approvisionnement des comptes de l’État malien dans les banques privées à partir de la BCEAO, du gel des concours financiers à partir de la BOAD et de la BIDC ». Il a également été décidé du « gel des avoirs des membres de la junte militaire au pouvoir et de leurs associés, de la fermeture au Mali de l'accès des Ports des pays côtiers de la CEDEAO ». Sans oublier la « suspension du Mali de toutes les instances de la CEDEAO, du rappel des ambassadeurs des États membres de la CEDEAO accrédités auprès de la République du Mali pour consultation, de l'interdiction aux membres de la junte militaire et leurs associés de voyager dans l'espace CEDEAO ». Pis, la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO a décidé de « fermer les frontières de leur pays respectifs au Mali sauf pour les aides humanitaires ».

En ce qui concerne les autres sanctions, il s’agit du « gel de la participation du Mali à toute activité sportive et culturelle au sein de l'espace CEDEAO.
Patrice Lecomte