Côte d’Ivoire: LE RHDP VIOLENT ET AVENTURIER?

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - LE RHDP VIOLENT ET AVENTURIER?

Leaders du RHDP. Image d'archives.

De Divo, sa ville natale, M. Banny a annoncé son intention de candidature,
et a souhaité que son parti politique, le Pdci, prenne sa « candidature en
considération », soutenant ne pas être «violent » et un « aventurier ».
Au-delà des considérationsfraternelles ou amicales, il serait bon d’analyser, de manière
objective, ces propos du candidat Banny dont les partisans, les intellectuels issus du RHDP,
vantent le pragmatisme de la Realpolitik. Il nous faut apprendre, en effet, à juger
des actes politiques posés par nos leaders politiques, à partir des
doctrines politiques qu’ils confessent. Pour avoir prôné comme doctrine
politique le « rattrapage ethnique », Alassane Ouattara a conduit ses
partisans à la légitimité de la violence, du mensonge dans la vie
politique ivoirienne, à l’usage des armes, au népotisme, à la
corruption. Il y a quelques années, le secrétaire général du régime
d’Abidjan Gon Coulibaly accusait Affi N’Guessan, sur les antennes d’une
télévision étrangère, d’avoir tué Guéï. Aujourd’hui, ce leader du
FPI refuse que Gbagbo soit porté à la tête de son parti politique par des
militants souverains acquis, dans leur majorité, à sa cause. Quant à
Banny, militant du PDCI, l’alliance de son parti politique avec le RDR, un
parti politique réputé violent, démontre qu’il a opté pour la
Realpolitik, une doctrine politique qui invite des hommes politiques à
fermer les yeux sur les exactions commises par leurs alliés, pour ne voir
que les intérêts politiques qu’ils peuvent tirer d’une alliance avec
ces derniers. C’est dans un tel contexte politique qu’il nous faut
analyser la candidature de Banny et d’Essy Amara qui, malgré l’appel de
Daoukro et tout le tapage médiatique autour de leur pseudo-bravoure, reste
un non-événement. Il n’y a rien d’insolite, rien de nouveau, puisque
Bédié, qui invite ses militants à une candidature unique, a eu à se
présenter contre Ouattara en 2010, et nous savons tous quel fut le
dénouement final de cette compétition politique. Évitons donc de mener le
peuple ivoirien en bateau, en faisant d’une brise une tempête. Bédié a
conduit ses partisans dans une aventure où il fut incapable d’assumer son
propre destin, de protéger le troupeau face aux fauves, de se battre pour
leur bien-être. Sommes-nous certains que Banny et Essy Amara n’adopteront
pas la même attitude que Bédié, en bradant leur propre victoire politique
à un Ouattara inéligible, prêt à créer un état d’exception, afin de
prendre des décisions exceptionnelles pour maintenir sa candidature et
demeurer au pouvoir ? Pourquoi soutenir des candidats du PDCI prêts à
concéder leur victoire à un Ouattara vaincu au premier tour, afin qu’il
soit installé de force à l’issue du second tour des élections
présidentielles, après l’assassinat, par exemple, de leurs militantes ;
les danseuses traditionnelles d’Adjanou ? Le PDCI pourrait être assimilé,
en effet, à un parti politique aventurier ; irresponsable, qui expose ses
partisans à des risques que le parti est incapable d’assumer. Les
questions fondamentales qui ont trait à l’organisation d’élections
transparentes, libres, à une véritable réconciliation entre les Ivoiriens
n’ayant pas été véritablement abordées par Banny et par Essy Amara,
nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper, que leur candidature
s’inscrit dans une stratégie politique qui vise à rendre légitime la
candidature de Ouattara, et à favoriser surtout son installation à la tête
du pays. Banny attirerait ainsi à lui, à travers sa candidature, tous les
Ivoiriens pro-Ouattara déçus de sa gouvernance, du rattrapage ethnique, et
Essy Amara, tous les habitants du Nord et les étrangers qui se sentent
trahis par le régime d’Abidjan. A l’issue du premier tour, à l’instar
de Bédié, Banny et Essy Amara trouveront, certainement, les mots justes
pour demander à leurs électeurs de voter pour Ouattara. Certains partisans
du PDCI et des Ivoiriens affirment que Bédié a sauvé la Côte d’Ivoire,
en scellant une alliance avec Ouattara. Cet acte politique aurait évité
l’extermination des Ivoiriens par les partisans de ce dernier. Qu’est-ce
qui a bien pu changer avant les élections présidentielles de 2015 ?
Ouattara a toujours avec lui des milices qui n’ont pas encore
rendu les armes, des mercenaires prêts à lui offrir leur vie pour cinq
millions de francs Cfa, et qui assument, désormais, des fonctions
importantes au sein de l’armée ivoirienne. Il a toujours avec lui la
justice ivoirienne et Fatou Bensouda, cette procureure mandingue de la CPI,
prête à défendre tout gouvernement mandingue, en déportant à la Haye
tous ceux qui s’opposeraient au mandingue Ouattara, candidat de la
Communauté internationale. Si Banny et Essy Amara, à l’issue du premier
tour, n’invitent pas leurs électeurs à soutenir la candidature de
Ouattara, parce que soucieux des intérêts des Ivoiriens et non de ceux de
la France, ils feront la fin de Gbagbo. Le dénouement final de cette
aventure politique de Banny et d’Essy Amara est, par conséquent,
prévisible. Des militants du PDCI sont victimes d’empoignades,
d’offenses, de la part de militants aveugles et violents du RDR pour voir,
à la fin, leurs voix concédées à Ouattara. Les violents dont parle Banny
à Divo sont les partisans du rattrapage ethnique, les aventuriers sont,
paradoxalement, ses propres amis du PDCI-RDA, partisans de la diplomatie et
des compromissions. Des danseuses traditionnelles baoulé ne peuvent être
assassinées à cause du PDCI par des partisans du RDR, et voir leurs
leaders, des faux pasteurs, trinquer avec leur chef Ouattara. Le bon pasteur
donne, au contraire, sa vie pour ses brebis, pour son peuple. Ce dernier a
été déporté à la Haye. Il s’agit de Laurent Gbagbo livré à ses
bourreaux par des taupes chargées de l’incriminer en vain. Aucun peuple
n’a conquis sa liberté au moyen de la diplomatie. La diplomatie conduit
aux compromissions, et les compromissions à notre propre aliénation, à une
autre forme d’esclavage, de dépendance. Se réjouir à la vue d’un pont
construit par Ouattara, le candidat de la Communauté internationale, nous
fait penser à ces chefs indigènes africains émerveillés face à leur
propre image reflétée par un miroir offert par le Blanc. Il suffit de
vanter l’égo, l’amour propre des chefs africains, et les descendants des
négriers peuvent, de nouveau, s’emparer de notre or, de nos richesses.
Leurs mercenaires nous assassinent et nous distribuons à chacun d’eux cinq
millions de francs Cfa, par le biais de Ouattara, en guise de remerciement.
Est-ce que nous nous rendons compte que tout cet argent est celui des
contribuables ivoiriens, notre argent et non celui de Ouattara ou du RDR. On
se trouverait vraiment en Côte d’Ivoire dans un monde de névrosés où
nos bourreaux, les partisans de la violence sont adulés, vénérés, de peur
qu’ils nous assassinent, et les artisans de paix sont en prison, sous
prétexte que leur position politique met en danger une nation ivoirienne
déjà sous perfusion, en agonie. Tant que ne seront pas abordées les
questions qui fâchent véritablement le régime autoritaire d’Abidjan,
favorable au parti unique, nous considérerons que la candidature de Banny et
d’Essy Amara s’inscrivent dans un jeu politique propre à tous les
partisans de la Realpolitik. Évitons de tomber, de nouveau, dans ce piège
politique tendu par le gouvernement français secret du régime d’Abidjan
qui tire les ficelles des marionnettes de la vie politique ivoirienne. Isaac

Une contribution de Pierre Bangoret (Écrivain)