Persécution judiciaire des pro-Gbagbo : Jeune Afrique trahit le « plan secret » du régime Ouattara

Par Le Nouveau Courrier - Persécution judiciaire des pro-Gbagbo. Jeune Afrique trahit le « plan secret » du régime Ouattara.

Proches du Président Laurent Gbagbo.

En gros, on feint de tout faire, par esprit démocratique, pour que l'opposition participe au scrutin ; mais on multiplie les provocations, les règles biaisées et les pièges pour qu'elle y renonce !

En sont-ils arrivés au point où ils s'estiment tellement puissants qu'ils se
donnent le droit d'exprimer leur cynisme sans aucun frein ? En tout cas, dans sa dernière édition, l'hebdomadaire Jeune Afrique, qui consacre sa « cover -story » à Simone Gbagbo, se demandant si elle va comparaître à « un procès pour l'Histoire », relaie des confidences assez scandaleuses de proches de l'actuel maître d'Abidjan.

Dans son numéro à paraître aujourd'hui, Jeune Afrique donne la parole à des proches de Ouattara qui expliquent qu'ils instrumentaliseront les procès contre les pro-Gbagbo à venir pour leur faire du chantage et lézarder encore plus un mur déjà fissuré. Ainsi, ils « prophétisent » que Pascal Affi N'Guessan ne devrait pas retourner en prison. « Il faut qu'il soit candidat l'an prochain. C'est lui qui porte les couleurs du FPI, et il est raisonnable. Mais les cadres du FPI qui sont en liberté provisoire ne seront pas tous acquittés. Il faut qu'il y ait des condamnations. D'abord pour le principe. Et puis parce que cela nous donnera des marges de négociation face au FPI avant l'élection », explique ainsi un « conseiller à la présidence ». Jeune Afrique décode ses propos : « En clair, les opposant les plus radicaux pourraient bien être frappés d'inéligibilité ». On pourrait rajouter que s'ils sont condamnés à une peine plus lourde que la période qu'ils ont déjà fait en prison, ils retourneront « au trou » durant la période électorale, pour coller une « paix royale » à Ouattara.

Attiser les querelles internes

Jeune Afrique donne la parole à Mamadou Koulibaly, dont l'analyse de la situation n'est pas inintéressante : « Alassane Ouattara va utiliser ce procès pour attiser les querelles internes au sein du FPI. Au bout du compte, on risque de se retrouver avec un FPI qui va s'entre-déchirer et qui va boycotter 2015. Mais Alassane Ouattara s'en fiche », pronostique-t-il. Avant de révéler que lors de sa visite à Abidjan, François Hollande a indiqué aux opposants qu'il « ne faudrait pas qu'on s'attende à ce que la France dise qu'une victoire d'Alassane Ouattara en 2015 ne serait pas légitime sous le simple prétexte que l'opposition aurait boycotté le scrutin ». Le sachant, Alassane Ouattara fait donc tout pour que l'opposition se trouve dans une situation de fragilité et dans un nœud de contradictions rendant impossible toute participation pouvant prêter à conséquence. « Après avoir effacé Henri Konan Bédié de la course pour 2015, Alassane Ouattara est-il tenté de se débarrasser aussi d'une candidature d'Affi N'Guessan », se demande Jeune Afrique sous la plume faussement ingénue du journaliste françafricain multi-cartes Christophe Boisbouvier. « Si le FPI s'exclut de lui-même, oui », conclut Mamadou Koulibaly, histoire de faire comprendre le point d'aboutissement de la logique cynique du pouvoir, soutenu éhontément dans son entreprise par la France et les États-Unis. En gros, on feint de tout faire, par esprit démocratique, pour que l'opposition participe au scrutin ; mais on multiplie les provocations, les règles biaisées et les pièges pour qu'elle y renonce !

Philippe Brou