Interview - Amon Ago Marthe, vice-présidente du FPI chargée de la coordination des actions pour la libération de Laurent Gbagbo "Le FPI doit être en première ligne du combat pour la libération de Laurent GBAGBO"

Par Le Temps - Amon Ago Marthe, vice-présidente du FPI et coordinatrice des actions pour la libération de Laurent Gbagbo "Le FPI doit être en première ligne du combat pour la libération de Laurent GBAGBO".

Amon Ago Marthe, coordinatrice des actions pour la libération de Laurent Gbagbo

Le Temps- Pensez-vous qu’il était nécessaire pour le FPI de créer une Vice Présidence en charge de la coordination des actions pour la libération du Président Laurent GBAGBO ?

Amon Ago Marthe: - Oui ! Parce qu’il importe que les différentes organisations qui luttent pour la libération du Président Laurent GBAGBO fédèrent leurs actions. Comme symbole, je vous donne l’image de la brindille de balai et du balai constitué de plusieurs brindilles. Si une brindille de balai toute seule ne peut faire tomber un verre à boire posé sur une table ou posé au sol, par contre, plusieurs brindilles assemblées devenues un balai peuvent faire aisément basculer le verre. Par conséquent, ce qui est à saluer, c’est l’initiative de la création de cette coordination prise par le FPI, parti politique fondé par le camarade Laurent GBAGBO lui-même et qui l’a dirigé jusqu’en octobre 2000. Non seulement le FPI doit être en première ligne du combat pour la libération de Laurent GBAGBO, mais il a aussi le devoir d’en coordonner toutes les actions.

Le Temps - Comment comptez-vous faire libérer le Président Laurent GBAGBO, alors qu’il s’agit d’une affaire judiciaire aux mains de la CPI ?

AAM: Penser que l’affaire Laurent GBAGBO est purement judiciaire est une méprise grave. C’est ignorer ce qui l’a conduit à la CPI et ceux qui l’y ont conduit. Le Président GBAGBO lui-même a recentré le débat lors de l’audience du 28 Février 2013 à la CPI lorsqu’il a posé la question « qui a gagné l’élection présidentielle de Novembre 2010 ?». L’affaire Laurent GBAGBO est donc d’abord politique avant d’être judiciaire. Nous allons par conséquent utiliser toutes les armes politiques pour le faire libérer. D’ailleurs, le monde entier a pris note de l’insuffisance des preuves à sa charge et de sa détention curieuse qui heurte le principe sacro saint de la présomption d’innocence qui doit profiter à tout inculpé.

Le Temps - L’on entend dire qu’il faut entrer dans le jeu politique ; pensez-vous que cela peut contribuer à la libération du Président Laurent GBAGBO ?

AAM:- Non ! Parce que l’entrée dans un jeu politique suppose qu’on en connait les règles, et que les acteurs vont les respecter. Or, en 2010, les acteurs actuels sont ceux-là même avec qui nous avons joué et qui ont refusé notre victoire en violant les règles du jeu. Pire, avec la complicité des arbitres du jeu, nous avons été malmenés ; le capitaine de notre équipe arrêté et conduit à la CPI. C’est pourquoi nous leur disons : asseyons-nous, faites revenir notre capitaine le Président Laurent GBAGBO, nos joueurs et supporters qui sont en prison ou en exil pour que nous discutions des incidents qui ont eu lieu, afin de trouver un règlement à l’amiable, avant la reprise d’une nouvelle compétition. Comprenez donc que nous ne pouvons passer en pertes et profits le contentieux électoral de 2010, au risque de voir se répéter les mêmes incidents.

Le Temps- Comment comptez-vous coordonner les actions pour la libération de Laurent GBAGBO, quand on sait que les organisations sont souvent jalouses de leur autonomie ?

AAM: Notons bien qu’il s’agit de coordination et non de fusion ou de direction d’actions ; ce qui laisse intacte l’autonomie de chaque organisation. Aussi la coordination exige-t-elle un plan d’ensemble, une vision commune qui doit être la boussole qui guidera tous les acteurs qui œuvrent pour la libération de Laurent GBAGBO. Ensuite il faudra un cadre de retrouvailles de ces acteurs pour échanger, s’informer et s’épauler afin de créer une synergie dans les actions. En deux mots, je dois œuvrer à l’élaboration d’une vision commune et à la création d’une fédération des acteurs.

Le Temps- Pensez-vous que la participation à l’élection présidentielle en 2015 pourra contribuer à la libération du Président Laurent GBAGBO ?

AAM: Pensez-vous que le FPI doit attendre sagement 2015 pour faire libérer son candidat Laurent GBAGBO ! Soyons sérieux. Laurent GBAGBO était le candidat du FPI en 2010, il a gagné l’élection présidentielle, on l’a maltraité et jeté en prison. Si le FPI l’abandonne à son sort, qui peut prendre ce parti au sérieux, en être son candidat et subir le même sort en cas de victoire en 2015 ? A moins qu’il ne s’agisse d’accompagner simplement les autres et non pour gagner.

Le Temps- Pensez-vous qu’avec la création de ce poste, le FPI met désormais en première ligne de ses priorités la question de la libération du Président Laurent GBAGBO ?

AAM: Au niveau des organes que sont le Comité Central, la Convention et même au niveau des militants de base, le FPI a toujours fait de la question de la libération du Président Laurent GBAGBO sa première et même son unique priorité. Peut-être que dans ces temps-ci, la direction c'est-à-dire le Secrétariat Général n’a pas suffisamment posé des actes qui traduisent cette volonté. Dans ce contexte, la création d’une vice-présidence chargée de la coordination des actions pour la libération de Laurent GBAGBO est bienvenue.

Le Temps - Votre dernier mot

AAM: Je salue et je remercie toutes les personnes éprises de justice qui s’impliquent ou soutiennent la cause de Laurent GBAGBO, victime du complot d’une confrérie internationale qui fait fi du respect du droit et de la dignité des peuples militairement faibles. Dans la foi et dans l’espoir d’une victoire certaine, mobilisons-nous davantage pour obtenir sa libération.

Propos recueillis par LE TEMPS