« Disparition du journaliste Guy André Kieffer »: Gbagbo n'étant plus au pouvoir mais l'enquête toujours au point mort. RSF aux trousses de Ouattara et lui demande de faire toute lumière

Par IVOIREBUSINESS – RSF demande des comptes à Ouattara dans l’affaire Kieffer, et confirme indirectement l’innocence de Laurent Gbagbo et Simone Gbagbo.

ABIDJAN (IVOIREBUSINESS) – Après plus de deux ans de silence, l’Ong de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF), demande au gouvernement Ouattara de tenir enfin sa promesse de faire toute lumière sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer.
En effet, RSF a déploré hier mardi 15 avril 2014, que l’enquête sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, disparu en 2004 sur un parking à Abidjan, n’ait toujours pas abouti, dix ans après sa disparition, malgré le transfèrement du Président Laurent Gbagbo à la CPI et l’emprisonnement de son épouse Simone Ehivet Gbagbo, tous les deux vers qui les enquêtes étaient exclusivement dirigées.
En effet, le couple présidentiel Gbagbo était accusé par le juge Patrick Ramaël, en charge de l’enquête, de faire obstacle à la manifestation de la vérité dans l’affaire Kieffer.
Opposant, Alassane Ouattara avait fait de l’affaire Kieffer, la priorité de ses priorités. Mais une fois arrivé au pouvoir, l’affaire Kieffer ne l’a plus intéressé, au grand dam du frère de Kieffer et de l’épouse du journaliste, Osange Silou Kieffer.
Cette dernière n’hésitait pas à parader sur les chaînes de télévision du monde entier pour exiger que Laurent Gbagbo lui rende son mari.
Aujourd’hui, plus de 10 ans après la disparition de Kieffer et trois ans après l’arrivée de Ouattara au pouvoir, l’enquête est toujours au point mort, pourtant les principaux suspects comme le couple Gbagbo et Michel Legré le beau-frère de Simone Gbagbo, sont soit en prison, soit dans la nature.
Et la promesse d’Alassane Ouattara de faire toute la lumière sur la disparition du journaliste franco-canadien, toujours pas tenue.
RSF, sortant de son long sommeil, appelle enfin à poursuivre la mobilisation, et demande à Alassane Ouattara de tenir sa promesse. Selon l’ONG, "la mobilisation doit continuer, plus forte que jamais, afin que justice soit faite dans l’affaire Guy-André Kieffer". "Ce 16 avril marquera le triste anniversaire de la disparition du journaliste Guy-André Kieffer", écrit RSF, dans un communiqué transmis à l’AFP. "Dix années pendant lesquelles les enquêtes judiciaires amorcées n’ont pas abouti, les témoins et inculpés se sont soudainement dédits, les gouvernements qui se sont succédés en France et en Côte d’Ivoire ont envoyé des signaux mitigés quant à l’avancée de l’enquête", poursuit le texte. Le juge français Patrick Ramaël, en charge de l’enquête, a abandonné ses enquêtes dirigées exclusivement contre le camp Gbagbo. Il a même récemment sollicité selon "La Lettre du Continent", un poste de Conseiller juridique auprès de Ouattara, ajoutant un peu plus au malaise et à la confusion.

Avec ce coup de gueule de RSF, c’est indirectement Laurent Gbagbo et Simone Ehivet Gbagbo qui sont blanchi dans la disparition du journaliste, car ils ne peuvent plus être accusés de faire obstruction à la manifestation de la vérité.
L’ONG de défense des journalistes évite désormais soigneusement de d’accuser le couple Gbagbo, ou de demander qu’ils soient de nouveau entendus dans cette affaire.
Plusieurs observateurs attentifs de la scène politique ivoirienne s’étonnent que Laurent Gbagbo n’étant plus au pouvoir et étant même à la CPI, l’enquête n’ait pas connu comme il se devait, un coup d’accélérateur.
Guy-André Kieffer enquêtait, dit-on, sur des malversations en Côte d’Ivoire, notamment dans la filière cacao, dont le pays est premier producteur mondial.

Ces observateurs pensent qu’il est désormais temps que les enquêtes se tournent vers le camp Ouattara.
Pour marquer le coup, RSF organise une campagne d’affichage à Abidjan à partir de mercredi jusqu’au 1er mai pour demander au chef de l’Etat Alassane Ouattara, de respecter sa promesse faite en avril 2012 de "ne protéger personne", et de faire toute la lumière sur la disparition du journaliste franco-canadien. Le journaliste indépendant a disparu, le 16 avril 2004, sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu’il avait dit-on rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Etrangement, Michel Legré, encore moins Simone Gbagbo, n’ont plus jamais été entendus sur l’affaire Kieffer, comme du temps de la présidence de Laurent Gbagbo, où pratiquement chaque mois, le juge Patrick Ramaël était à Abidjan pour interroger les proches du Président Gbagbo, parmi lesquels, Michel Legré, Simone Ehivet Gbagbo, et feu l'ex-ministre de l’Economie et des Finances Paul-Antoine Bohoun Bouabré.

Patrice Lecomte