Coup d’état manqué de Diendéré-Soro risque des poursuites: L’enquête progresse vers Abidjan

Par Aujourd'hui - Burkina/ Coup d’état manqué de Diendéré. L’enquête progresse vers les autorités Ivoiriennes. Soro risque des poursuites.

Alassane Ouattara et Guillaume Soro à l'hôtel du Golf en 2011. Image d'archives.

En une seule journée, les relations entre Abidjan et Ouaga, pas au beau fixe depuis le coup d’état manqué du général Diendéré, a pris un véritable plomb dans l’aile hier. Les enquêteurs burkinabé ont perquisitionné le domicile ouagalais de Guillaume Soro et, en retour, Ouattara a rappelé dans la même journée son ambassadeur en poste au pays des hommes intègres.

Au Burkina Faso, l’enquête sur le putsch manqué du général Diendéré avance. Mais bien plus, vers les autorités ivoiriennes qu’on imaginait déjà aisément visées par l’accusation des autorités burkinabè. A l’époque, l’accusé n’avait pas été identifié, encore moins les djihadistes qu’il avait gagés. Mais depuis hier, on à peu près un portrait- robot du pays soupçonné. Ce portrait a été fait par les responsables de l’enquête eux-mêmes. Car en plus de la purge qui se poursuit dans les rangs des officiers burkinabè qui ont un lien avec la conjuration de septembre dernier, les enquêteurs ont autorisé hier la perquisition du domicile ouagalais de Guillaume Soro, le président de l’assemblée nationale ivoirienne. Protégé de Blaise Compaoré durant le temps de la rébellion armée en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro avait été de la mission de sauvetage visant à sauver le soldat Blaise. Le retour de celui-ci au pouvoir ne peut donc que plaire à Soro. Mais les autorités burkinabè ont plus que de simples analyses. Car selon La Lettre du Continent, Koné Zakaria, militaire très proche d’Alassane Dramane Ouattara, était en relation permanente avec le général Diendéré au moment du putsch. Sa mission était en effet de faire remonter toutes les informations relatives au coup d’état en temps réel au chef de l’état ivoirien. C’est dire que Ouattara était bel et bien au courant au point que son refus de condamner la tentative de coup d’état ne peut pas être assimilé à une simple précaution afin de mieux s’informer. Selon toujours La Lettre du Continent, le général Diendéré et le colonel Koné Zakaria ont des atomes crochus depuis la rébellion armée de 2002 qui a scindé la Côte d’Ivoire en deux. De sorte que lorsqu’il y eut des passes d’armes entre Soro et Koné Zakaria, c’est le généra Diendéré qui joua les pacificateurs avant de convaincre le second à se replier à Ouagadougou. La Lettre du Continent insiste sur cette affinité en révélant que Diendéré ne peut pas venir en Côte d’Ivoire sans passer la nuit chez Koné Zakaria. Or selon les premières informations qui ont circulé sur le coup d’état et qui n’ont d’ailleurs jamais été démenties, trois jours avant la tentative de coup d’état, le général Diendéré était à Abidjan, à Bouna selon certaines sources. Cette information a été ensuite reprise par la radio anglaise BBC qui a également évoqué l’implication d’Abidjan. Et même si les autorités burkinabé n’ont jamais clairement parlé de la Côte d’Ivoire comme étant intervenue dans le putsch de septembre, en revanche, elles n’ont jamais non plus fait mystère de la présence d’un pays étranger derrière les conjurés. Ce pays étranger a d’ailleurs aussi été accusé d’avoir utilisé les services de groupes terroristes djihadistes pour renforcer les putschistes. Mais même non identifié, les autorités ivoiriennes font parie des soutiens les plus résolus de Blaise Compaoré. Le chef de l’état ivoirien a d’ailleurs mis en branle sa diplomatie et ses réseaux pour faire revenir Blaise Compaoré et ses soutiens dans le jeu politique de son pays. Il a même également menacé publiquement les autorités de la transition, estimant que l’exclusion n’était pas acceptable. La suite, elle, se passe de tout commentaire puisque la Côte d’Ivoire n’a jamais condamné le coup d’état tandis que la sous-région n’a pas été avare en condamnations et que l’UA a traité les conjurés de terroristes, les menaçant même de geler leurs avoirs à l’étranger. En fait, les relations entre Abidjan et Ouaga n’étaient plus au beau fixe depuis quelque mois, puisque la transition se savait régulièrement agressée par le régime ivoirien. Mais depuis la tentative de putsch, la situation s’est empirée. Et même si officiellement Ouaga n’a pas commenté les déclarations d’Alassane Dramane Ouattara qualifiant le Burkina Faso de l’un des pays les plus pauvres du continent africain et du monde, celles-ci ont certainement ajouté une charge supplémentaire à la crise de voisinage. La perquisition du domicile de Guillaume Soro à Ouagadougou et la réaction plutôt musclée de Ouattara qui a immédiatement rappelé son ambassadeur, montre également qu’on est entré dans une phase de passe d’armes entre les deux pays. Que vont alors faire les enquêteurs burkinabè qui ont officiellement déféré hier le général Diendéré à la prison militaire du pays ? Vont-ils remonter vers Abidjan soupçonné d’avoir partie liée avec le coup d’état manqué au Burkina Faso ? Le moins qu’on puisse écrire, c’est que l’enquête s’est dangereusement rapproché des autorités ivoiriennes au point qu’elle ne peut désormais que déstabiliser l’un et l’autre des deux pays.

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Nb: Le titre est de la rédaction.