Transition/ Dr Boga Sako s’adresse au peuple: « Un soulèvement populaire contre Ouattara est la solution unique pour sauver la Côte d’Ivoire ». « Ce que je pense des candidatures des membres de la CNC »

Par IvoireBusiness - Dr Boga Sako s’adresse au peuple « Un soulèvement populaire est la solution unique pour sauver la Côte d’Ivoire de la dictature Ouattara ». « Ce que je pense des candidatures des membres de la CNC ».

Dr Boga Sako Gervais, président de la FIDHOP.

« DÉPÔT DES CANDIDATURES DE MEMBRES DE LA COALITION NATIONALE POUR LE CHANGEMENT :
« CE QUE J’EN PENSE… »

MES CHERS COMPATRIOTES,

Conformément à la Constitution ivoirienne du 1er août 2000, et au regard du Code électoral ivoirien, en son Article 52nouveau, le mardi 25 août 2015 marque la clôture des dépôts de candidatures à l’élection du Président de la République. La Commission électorale indépendante (CEI) ayant reçu ces candidatures, elle dispose de soixante-douze (72) heures, au plus tard, pour transmettre tous les dossiers au Conseil Constitutionnel.
Parmi les trente-trois (33) candidatures réceptionnées au total, figurent celles de personnalités de l’opposition significative ivoirienne, dont des membres de la Coalition nationale pour le Changement (la CNC).
Ainsi, les dépôts de candidature de MM. Charles Konan Banny, Mamadou Koulibaly, et Kouadio Konan Bertin, (mais également celle de M. Essy Amara), font l’objet de supputations de toutes sortes. Beaucoup leur attribuant (déjà) le qualificatif de « traitres » ; pour le bon plaisir du régime au pouvoir et du candidat inéligible du RDR et du RHDP.
L’argument le plus simpliste souvent invoqué, par les partisans et sympathisants de la CNC comme par ses adversaires, ceux qui ne veulent pas faire l’effort d’élargir leur champ d’analyses ou d’approfondir leurs réflexions, c’est de soutenir que, pour avoir toujours décrié la CEI, le fait de se rendre à son siège et de déposer entre les mains de son président contesté Youssouf Bakayoko un dossier de candidature, cela reviendrait à se dédire et à conférer une crédibilité à cette institution.
Et ils ajoutent que, en ayant demandé le report de l’élection présidentielle prévue pour se tenir le dimanche 25 octobre 2015, et en ayant exigé la mise en place d’une transition, le dépôt de ces candidatures constituerait une violation de la charte de la CNC qui a été signée le 15 mai 2015 et donc une renonciation à la ligne « radicale » soutenue par de nombreux Patriotes depuis le 11 avril 2011 et implicitement entretenue par la CNC dans sa charte.
POUR MA PART ;
En tant que citoyen ivoirien, bien plus imprégné de la vie sociopolitique de mon pays, la Côte d’Ivoire, que beaucoup de mes Compatriotes ; et surtout, en ma qualité de membre très actif de la Société civile ivoirienne, activiste pour les Droits de l’Homme depuis 1994, avec la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (la LIDHO), puis avec l’APDH (Actions pour la Protection des Droits de l’Homme), pour devenir, depuis le 30 janvier 2009, Président-Fondateur de la Fondation Ivoirienne pour l’observation et la surveillance des Droits de l’Homme et de la vie Politique (La FIDHOP) ; sans négliger l’honneur que j’ai eu d’avoir été l’un des tout-premiers membres de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI), institution étatique dans laquelle j’ai occupé la fonction de Secrétaire Exécutif au sein du bureau durant deux années… ;
Je ressens comme une obligation morale de clarifier les pensées de mes compatriotes, surtout ceux qui en ont besoin et qui sont disposés à m’écouter, afin que tous comprennent bien les enjeux du combat dans lequel nous nous retrouvons embarqués, pour la survie de notre Nation et de notre Côte d’Ivoire.
Aussi, voudrais-je partager avec vous, Mes Chers Compatriotes, mon interprétation des dépôts des candidatures des membres de la CNC, et de M. Essy Amara.
1. Deux raisons justifient, en effet, que les dépôts des candidatures des membres de la CNC suscitent tant de débats. D’une part, c’est sans doute parce que cette Coalition représente pour beaucoup d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens, dans le contexte actuel, un réel espoir ; même si la CNC ne constitue pas forcément l’unique alternative dans ce combat.
D’autre part, nous avons désormais la preuve que cette Coalition de l’opposition fait vraiment peur au pouvoir en place et au candidat problématique du RDR et du RHDP : tout tend à confirmer que tout candidat adoubé par la Coalition nationale pour le Changement (CNC) deviendra le futur Président de la République de Côte d’Ivoire. Mais à la seule condition que l’élection soit démocratique et transparente ; là se situe donc la vraie bataille à mener dès aujourd’hui !
2. Dès lors, il est bien aisé de noter que le non-dépôt de candidatures des personnalités issues de la CNC faisait partie, sans aucun doute, de la stratégie du régime d’Abidjan, afin de pousser les candidats « redoutables » de l’opposition ivoirienne, hors d’état de lui nuire.
Sinon, comment comprendre que le Chef de l’Etat Alassane D. Ouattara soit demeuré sourd, pendant longtemps, à tous les appels de la CNC à un dialogue républicain autour des conditions d’une élection démocratique, et qu’il n’a fixé cette éventualité de discussion avec l’opposition qu’au mois de septembre, c'est-à-dire après la clôture des candidatures ; et qu’il se soit lui-même précipité pour déposer très tôt sa candidature confligène ?
C’est donc un autre piège que les Patriotes ivoiriens auront ainsi évité !
3. Aussi, avec tout le respect que j’ai pour chacune de ces personnalités, dont certaines d’entre elles sont de la génération de mon défunt géniteur, voudrais-je nous interroger : que représente aujourd’hui, politiquement, MM. Konan Banny, Essy Amara, Mamadou Koulibaly ou KKB, s’ils ne sont pas dits candidats ?
A quel titre, selon nous, M. Charles Konan Banny deviendrait-il le président unanime de la Coalition nationale pour le Changement, qui comporte pourtant en son sein des personnalités toutes aussi respectables que compétentes ?
A la vérité, c’est ce seul statut de candidats déclarés (même non encore validés) qui a conféré à ces personnalités, ces derniers mois, individuellement comme collectivement, une légitimité certaine, tant au plan national qu’international. Et c’est d’ailleurs en tant que candidat à la candidature de la présidentielle, que des millions de compatriotes, notamment les dits « pro-Gbagbo », ont accueilli en leur sein toutes ces personnalités ; et c’est certainement en cette qualité que le Président Laurent Gbagbo a été motivé à leur accorder des audiences à La Haye.
4. En outre, il me faut faire remarquer que, si certaines personnalités au sein de la CNC, ainsi que M. Essy Amara, sont bien tolérées et même mieux accueillies par les Patriotes ivoiriens, malgré leurs itinéraires politiques bien controversés et malgré leurs responsabilités, à des degrés divers, dans les crises successives auxquelles se trouve confronté notre pays depuis deux décennies, c’est parce que, dans ce combat contre ce régime dictatorial et violent que dirige M. Ouattara, ces personnalités sont devenues de précieux alliés, précisément parce qu’elles ont eu à travailler et/ou à soutenir, hier, le Chef d’Etat sortant.
Ceci n’est guère de la naïveté politique ; c’est plutôt faire preuve d’une intelligence politique surprenante et édifiante ! Ceux qui pensaient donc se jouer des Patriotes ivoiriens, se trouveront pris dans leurs propres turpitudes !
Car, si le Front populaire ivoirien (FPI) du Président Laurent Gbagbo, la seule vraie force de la CNC, existe encore aujourd’hui et qu’il se fait toujours entendre, malgré tout, c’est simplement parce qu’il a su user de cette intelligence politique et stratégique.
5. Enfin, le dernier argument, qui aide à comprendre et à plutôt utiliser ces dépôts de candidatures telle une autre arme de combat contre M. Ouattara et son régime dictatorial, se retrouve dans le Code électoral ivoirien, en son Article 56nouveau, alinéa 1er : « Dès réception des candidatures, celles-ci sont publiées par le Conseil constitutionnel. Les candidats ou les partis politiques les parrainant éventuellement, adressent au Conseil constitutionnel leurs réclamations ou observations dans les soixante douze heures suivant la publication des candidatures. »
En clair, ce sont les candidats déclarés qui ont le droit de contester juridiquement l’inéligibilité d’un autre candidat.
Notre combat continue donc !
En terminant cette adresse à Mes Chers Compatriotes, je tiens à soutenir, encore une fois, QUE NOUS SOMMES TOUJOURS EN GUERRE !
Il est peut-être vrai que les armes ne crépitent plus en Côte d’Ivoire, parce que l’autre protagoniste a refusé de combattre, afin de sauver des vies humaines. Cependant, le principal activiste de la guerre, qui s’illustre depuis la nuit cauchemardesque du 18 au 19 septembre 2002, lui il continue de sévir.
Dans cette Guerre, parce que nous refusons absolument de combattre avec des armes à feu destructrices de vies humaines, nous devons user de tous les moyens, de toutes les stratégies, démocratiques et politiques, pour atteindre nos objectifs. Mais sans jamais nous compromettre, ni compromettre notre combat, ni l’avenir de notre Nation.
Les dépôts de candidatures de MM. Charles Konan Banny, Mamadou Koulibaly, Kouadio Konan Bertin ou Essy Amara ne gênent donc pas notre combat ; bien au contraire ! Ces actes maintiennent ces personnalités dans le jeu politique et fait d’eux des interlocuteurs légitimes et crédibles !
Ces personnalités devraient donc continuer de bénéficier du soutien des Ivoiriennes et des Ivoiriens qui aspirent au changement ; jusqu’à ce qu’un seul candidat parmi eux ne décide d’aller à cette élection, dans ces conditions actuelles, en violant la charte de la Coalition nationale pour le Changement.
LE PLUS IMPORTANT POUR NOUS :
C’est que M. Alassane D. Ouattara et son régime dictatorial partent du pouvoir ! Et c’est à Nous, TOUS ENSEMBLE, de parvenir à cette fin, pacifiquement !
Pour ma part, je crains néanmoins que, par des élections, dans le contexte actuel et avec les conditions présentes ; avec ce régime RDR et RHDP au pouvoir, ce vœu ne demeure qu’une pure illusion.
C’est pourquoi, je ne vois qu’une SOLUTION UNIQUE, pour libérer notre pays et nos Compatriotes, afin de restaurer la Démocratie, l’Etat de droit et les Droits de l’Homme. Il s’agit du SOULEVEMENT POPULAIRE ; qui est la forme la plus achevée de la Démocratie.
J’Y CROIS !
PUISSE DIEU NOUS Y AIDER…

Fait à Genève, SUISSE, le 26 août 2015

Dr BOGA SAKO GERVAIS

•Enseignant-Chercheur à l’Université de Côte d’Ivoire ;
•Ex-Membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ;
•Président de la Fondation Ivoirienne pour Les Droits de l’Homme et la vie Politique (FIDHOP) ;
•Ecrivain-Essayiste.