Société: À Calais, Cazeneuve encourage les migrants à demander l'asile en France

Par Lefigaro.fr - Société. À Calais, Cazeneuve encourage les migrants à demander l'asile en France.

• «Calais est pour moi le laboratoire de ce que la République peut produire de meilleur», a souligné Bernard Cazeneuve. Crédits photo : PHILIPPE HUGUEN/AFP.

o Par Delphine de Mallevoüe

«C'est la meilleure chance pour eux», a déclaré le ministre de l'Intérieur en visite, ce lundi, au centre d'accueil de jour. Mais les migrants craignent d'être renvoyés dans leur pays alors qu'ils gardent toujours espoir de rejoindre la Grande-Bretagne.

De notre envoyée spéciale à Calais

Quatre mois après son ouverture, le centre d'accueil de jour des migrants, à Calais, tourne à plein régime. Mille trois cents repas y sont servis quotidiennement tandis que sa capacité d'accueil est de quatre cents places. Excentré de la ville, à cinq kilomètres environ, il a «déchargé» Calais de ses nombreux squats et permis de «juguler les problèmes de sécurité dans le centre-ville», se satisfont les forces de police et la sénatrice-maire (UMP) de Calais, Natacha Bouchart.
Une «nouvelle jungle» s'est aussitôt recréée près du centre d'accueil, sur un terrain mis à disposition par la municipalité. Dans cette «jungle autorisée», comme on l'appelle aussi, des milliers de clandestins improvisent un quotidien avec des baraquements de fortune sur plus de vingt hectares. Selon les autorités préfectorales, Calais compte actuellement 2300 à 2400 migrants, soit un peu moins que les mois passés où ils avoisinaient les 3000. Encouragés par l'État à demander l'asile, ils sont 455 depuis le début de l'année à l'avoir fait, selon le ministère de l'Intérieur, 885 demandes ayant été formulées sur toute l'année 2014 et seulement 399 en 2013.
Avec le dispositif mis en place par le ministère de l'Intérieur, plus de 600 migrants ont d'ores et déjà été orientés vers des structures d'hébergement dans d'autres départements. Et «295 places seront ouvertes d'ici l'été pour les demandeurs d'asile, venant en priorité de Calais», a annoncé Bernard Cazeneuve qui s'est rendu ce lundi sur place. «Trop de migrants qui pourraient bénéficier de l'asile en France hésitent encore», dans l'espoir de gagner la Grande-Bretagne, a ajouté le ministre qui a souhaité «leur faire comprendre clairement que l'asile en France est la meilleure chance pour eux». Par ailleurs, 1700 éloignements ont eu lieu l'année dernière depuis Calais, a-t-il précisé en assurant sa «détermination sans faille» à «faire appliquer les lois de la République». Les quelques squats qui demeurent dans le centre «seront évacués dans les prochaines semaines», a-t-il assuré.
Mesurer l'ensemble de la politique menée à Calais
En venant à Calais pour la troisième fois en moins d'un an, le ministre de l'Intérieur voulait faire un point d'étape sur le fonctionnement du centre, qu'il avait lancé le 15 janvier dernier. Une visite qui avait également pour but de mesurer l'ensemble de la politique menée à Calais pour «humaniser les conditions d'accueil» et pour poursuivre l'effort policier de démantèlement des filières d'immigration clandestine, «qui font commerce de la misère et de la mort», a souligné Bernard Cazeneuve.
Selon les autorités locales, 6 filières ont été démantelées depuis le début de l'année. En 2014, ce sont 25 qui l'ont été «dont 9 spécialisées dans l'acheminement vers la Grande-Bretagne», a souligné Bernard Cazeneuve, soit «30% de plus que les autres années». Lundi matin encore, à Saint-Omer, un passeur kurde était jugé en comparution immédiate pour avoir transporté 19 migrants syriens et irakiens dans sa camionnette et commis un délit de fuite à un barrage d'autoroute. Il a été condamné à seize mois d'emprisonnement, qu'il devra purger avant d'être reconduit à la frontière.
Déterminé à voir sa politique accomplie sur le terrain, le ministre a d'ores et déjà fait savoir qu'il reviendrait sur place dans le courant de l'été. «Calais est pour moi le laboratoire de ce que la République peut produire de meilleur», a -t-il dit. À la direction départementale de la PAF, à Coquelles, devant le corps préfectoral, les élus et les forces de l'ordre, Il s'est satisfait de mener «une politique d'ensemble, cohérente», «avec humanité, exigence et réalisme», hors «des clivages politiques» car «les migrants ne doivent pas être les otages d'idées partisanes ou politiciennes». «La politique, ce sont des actes et des décisions, je veux être sur cette question le ministre de l'action (…) et je continuerai à venir ici pour voir l'adéquation entre les objectifs que l'on s'assigne et les résultats obtenus sur le terrain.»
«La politique de l'asile doit être une politique européenne.»
Bernard Cazeneuve
Une fois l'action de l'Etat français rappelée, le ministre a tenu à souligner que «la politique de l'asile doit être une politique européenne», «une mobilisation» où «chaque pays doit prendre sa part». «L'Europe connaît une grave crise migratoire» et «il est hors de question qu'elle laisse la Méditerranée se transformer en cimetière».
Malgré la baisse du flux de populations clandestines à Calais, la région et les autorités redoutent une affluence en mai et juin, ««très inquiètes de la vague de migrants qui arrive par l'Italie ces derniers mois», confie un policier de Calais. «Les mesures prises et la baisse annoncée sont très bien, reprend-il, mais quelle valeur ont-elles face aux arrivées qui vont doubler?»
Aujourd'hui, si le déplacement des réfugiés à cinq kilomètres du centre et la sécurisation de l'enceinte du port - avec l'édification d'une clôture barbelée sur des kilomètres - a permis de diminuer les tentatives d'intrusion massive vers les ferries qui traversent la Manche, les clandestins se sont reportés sur l'accès à Eurotunnel. «Il y en a des centaines qui déambulent le soir aux abords, sur les accès autoroutiers», témoignent un habitant de Coquelles. Des usages confirmés par la police. Selon un professionnel local du sauvetage en mer, les passeurs pourraient aussi désormais organiser plus facilement la traversée avec des zodiacs. La «nouvelle jungle» est en effet plus proche du port qu'avant, paradoxalement, et ce côté-ci de la mer, en raison de bancs de sables, n'est pas une zone de navigation commerciale, donc beaucoup moins surveillée.

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