Scandale : Un interrogatoire de police annonce l’arrestation imminente de Banny et Anaky

Par Aujourd'hui - Scandale. Un interrogatoire de police annonce l’arrestation imminente de Banny et Anaky.

La CNC réunie le 22 juillet 2015 à Abidjan a désigné Konan Banny comme Président. Anaky Kobenan Innocent rejoint la CNC.

La nomination de Charles Konan Banny comme président de la coalition nationale pour le changement va sans doute accélérer la procédure de son arrestation mise officiellement en route depuis lundi à la Préfecture de Police, au Plateau. C’est là qu’un certain Bamba Souleymane a avoué, lors d’un interrogatoire visiblement arrangé, qu’une télévision mobile qui aurait coûté quelque 6 milliards à l’ancien gouverneur de la Bceao aurait transité par le Togo pour être opérationnelle dans une semaine. Quant aux armes, elles seraient déjà prépositionnées (où ? Aucune réponse) à la demande de l’ancien président de la CDVR.
Charles Konan Banny, président de la CNC
Comme Oulaye, Dano Djédjé, Moïse Lida Kouassi, Assoa Adou ou encore Justin Koua, tous des cadres du FPI arrêtés depuis des années, pour certains, et des mois, pour d’autres, Charles Konan Banny qui vient d’être désigné officiellement président de la CNC pourrait, dans les prochains jours, agrandir le cercle des personnalités détenues dans les goulags du pays. Une mise en place minutieuse de son schéma d’arrestation est en effet en route depuis lundi à la Préfecture de police du Plateau. Le scénario est le suivant : comme par hasard, un certain Bamba Souleymane né le 1er Octobre 1980 à Guiglo et dont les numéros de téléphone sont le 07-O7-96-98 et le 05-29-2222 a été arrêté le lundi 20 juillet dernier, chez lui à son domicile, par la police pour possession illégale d’armes à feu lors d’un contrôle de routine. Au cours de l’interrogatoire qui s’en est suivi dans les locaux de la préfecture de police, ce dernier, sans qu’il ne soit vraiment malmené ( voir l’interrogatoire) a avoué qu’il dispose d’une arme parce qu’il est un ex-combattant ayant combattu au quartier Gesco, sis à Yopugon, où il vit. Cette arme lui aurait été offerte par le « nommé Chat de son vrai nom Diarra Abou », souligne-t-il au cours de l’interrogatoire. Puis, arrive le chapitre politique. Là, on lit que ce Bamba Soulyemane s’est présenté comme un membre de la JPDCI, secrétaire adjoint à la communication au cabinet d’Essy Amara et de la CNC ; ce que personne ne confirme aussi bien parmi les proches de l’ancien président de l’union africaine et à la direction de la coalition nationale pour le changement. Et lorsqu’on lui pose une question somme toute banale sur ce qu’il pense de la vie politique en général et de la CNC en particulier, voilà les terribles « révélations » que Bamba Souleymane se croit obligé de faire : « une chaîne de télévision mobile à l’image de la TCI sera opérationnelle. Le matériel payé à hauteur de 6 milliards, déjà acheté par Banny avec l’aide de Chirac (ndlr l’ancien président français opposé à Sakozy et très houphouëtiste), transitera par le Togo. D’ici la semaine prochaine, ce matériel sera disponible », assure Bamba Souleymane, extrêmement sûr de son fait. Et le policier de demander « pourquoi la CNC ou alors Banny affirme que les élections n’auront pas lieu ? » En fait, tout est dans cette question que le policier veut mettre en adéquation avec les affirmations faites plus haut. Ceci, à savoir ce qu’il aurait dit, serait le fait avéré alors que l’élément intentionnel serait les éléments préparatoires de ce coup de force, notamment l’achat de la télévision mobile et les armes. Or, autre déconvenue, une telle déclaration n’a jamais été faite par Banny. Le policier ne dit d’ailleurs pas où elle fut prononcée par son auteur. Par ailleurs, le fait d’associer CNC et Banny montre clairement à quel point le personnage est ciblé à l’avance par le régime parce que jusqu’à preuve du contraire, les personnalités composant la coalition étaient jusque-là assez autonomes pour qu’on dise la « CNC ou alors Banny… » Mais à cette question, le nommé Souleymane ne s’embarrasse pas de fioritures et déballe encore tout. Il y aura donc, dit-il, « une transition de 18 mois qu’on n’a pourtant jamais entendu Banny évoquer. Il ( ?) passera le témoin à Banny et Mamadou Koulibaly. Banny et Anaky proposent des marches. Banny et Anaky optent pour les armes tandis qu’Essy Amara est pour l’organisation des meetings » Bref, bien souvent, le contenu des aveux est incompréhensible comme l’est également la prétendue opération araignée au terme de laquelle la CNC va autoriser qu’on tire sur les populations à l’effet de provoquer l’insurrection. « Marche et armes iront ensemble », confesse encore Bamba Soulyemane qui selon les informations qu’Aujourd’hui a glanées n’est personne d’autre que le prétendu proche d’Essy Amara qui avait été arrêté, détenu on ne sait dans quelles conditions avant d’être libéré. L’interrogatoire se termine d’ailleurs comme elle avait commencé : « qui sont les financiers ? » Réponse évidente: « c’est Banny et Anaky le ténor »… A la vérité, on aurait pu se contenter de rire de la grossièreté du montage si ce n’était pas la même technique qui a été utilisée pour arrêter tous ceux que le pouvoir accuse et qu’il jette en prison. C’est le même procédé qui a en effet conduit Hubert Oulaye, Moïse Lida Kouassi et Assoa Adou en prison. Mais c’est également par ce stratagème que des centaines d’anonymes sont écroués sans jugement et souvent sans inculpation. Comment en effet un homme à qui l’on demande des généralités sur la situation politique de la Côte d’Ivoire et sur la CNC peut-il se mettre à ce point à sa table au risque d’être accusé de coauteur dans le cadre de la préparation d’un coup d’état à venir ? A la vérité, il faut être en Côte d’Ivoire pour répondre à une telle question. D’autant plus que vous pouvez être présenté comme l’auteur de terribles aveux et on peut vous relâcher après. Mais quelques mois plus tard, on peut encore vous remettre en prison pour vous accuser des mêmes tentatives. Pour le reste, le projet d’arrestation des leaders de la CNC n’est pas nouveau. La DGSE en parle largement dans l’un de ses rapports que nous avons publiés. Selon ce document, Alassane Dramane Ouattara prévoyait déjà d’arrêter les leaders de la CNC avant la naissance du mouvement pour que celui-ci n’ait pas d’existence. Mais il avait finalement renoncé à ce projet, influencé par des réalités qu’il nous est impossible d’identifier. Mais avant ce coup de folie, l’ancien gouverneur avait eu droit à quelques amabilités du régime qui lui avait retiré toute sa garde de gendarmes alors qu’il y a droit. Ce coup de sang de Ouattara faisait suite aux accusations de détournement du budget de la CDVR évalué à 16 milliards par le chef de l’état. Ce que Charles Konan Banny continue de comparer à une plaisanterie de mauvais goût.

Sévérine Blé