Scandale - Ouattara vole, ment, et appauvrit les ivoiriens: L'arnaque du Troisième pont. Les Universités sont surfacturées et les étudiants ponctionnés. Les paysans « volés » et les commerçants rackettés

Par Le Nouveau Courrier - Les projets bouclés par Gbagbo sont volés par Ouattara.

Ouattara ne fait pas ce qu’il a dit : Ivoiriens, le régime vous ment, vous vole et vous appauvrit !

Harceler les Ivoiriens à travers une communication propagandiste tous azimuts pour le voiler son incompétence à régler les problèmes auxquels il est confronté et à tenir ses engagements de campagne. C’est la stratégie que le régime Ouattara a choisi, trois ans après son avènement violent. Mais à y observer de près sa gouvernance, le pouvoir appauvrit les Ivoiriens. "Le Nouveau Courrier" met entre vos mains des éléments objectifs pour en juger vous-mêmes. Voici les chiffres et les données concrètes qui démasquent l'imposture.

Le régime se vante de "construire" le pays, de régler les problèmes des Ivoiriens. C’est cela l’essentiel, nous serine-t-il, et il n’a donc pas le temps pour des discussions avec l’opposition. Car, soutient Bruno Koné, il "ne pense pas que la majorité des ivoiriens soit d’accord avec le Fpi". La campagne de communication sur les "travaux" du régime est savamment planifiée et régulièrement distillée par ses relais médiatiques. Mais la réalité est toute autre.

Premièrement, le pouvoir n'hésite pas à "voler" éhontément des projets qui ont été bouclés sous Laurent Gbagbo, et à s'approprier le bénéfice de l'initiative PPTE qui est le fruit des efforts de l'exécutif précédent. Deuxièmement, derrière les chiffres mirifiques sur la "croissance", les Ivoiriens sont quotidiennement spoliés de diverses manières.
De l'art de s'attribuer les grands travaux de l'ère Gbagbo Le pouvoir Ouattara se gargarise d'un certain nombre de travaux d'infrastructures qui, en réalité, ont été, pour un grand nombre d'entre eux, bouclés sous Gbagbo. Ainsi de l'échangeur de la Riviera 2. Il suffit de fouiner un peu dans les archives de la Banque mondiale pour se rendre compte que ce projet a été approuvé le 3 juin 2010. Sous Gbagbo, donc. Après tout le travail technique et l'ingénierie financière. Ouattara ne fait donc que gérer l'héritage. Le reconnaître le grandirait, mais il joue au "messie" sur la base de ce qu'il n'a pas conçu. Malhonnête ! En réalité, la majorité des projets qui font l'objet des campagnes de propagande actuelles font partie du Programme d'urgence d'infrastructures urbaines (PUIUR). Lancé le 12 juin 2008, il court jusqu'au 31 mars 2014, et représente deux dons : le premier d'une valeur de 94 millions de dollars US, qui date de 2008 ; et le second d'une valeur de 50 millions de dollars US, qui a été accordé en juillet 2010. Sous Gbagbo, donc ! "En raison de performances jugées satisfaisantes par la Banque Mondiale", nous indique le site Internet du ministère des Infrastructures économiques, dirigé hier et aujourd'hui par Patrick Achi. Le régime Ouattara s'attribue aujourd'hui, aussi, la paternité du pont de Jacqueville. Et pourtant, il suffit de se référer à une interview accordée par Patrick Achi au site Inforoutes le 7 juillet 2009 pour se rendre compte qu'il ne dit pas, une fois de plus, la vérité. "Les obstacles majeurs dans le cadre d’un tel projet, c’est d’avoir des études qui sont terminées. C’est d’avoir un financement qui est bouclé. C’est d’avoir aussi une entreprise qui va le réaliser. Ces trois conditions étant réunies, on peut considérer que l’opération est effectivement bouclée. (...) La durée de la construction du pont est de 24 mois. Il faudra deux ans, entre la date de la pose de la première pierre et la date de l’inauguration. (...) Nous avons trois bailleurs qui sont la BOAD (Banque ouest africaine pour le développement), la BADEA (Banque arabe de développement), et le fonds de l’Opep dont le siège est à Vienne en Autriche. Et puis, nous avons l’Etat qui est toujours présent, apportant la part contributive de la Côte d’Ivoire. Le coût global du projet est de 18 milliards de francs CFA", affirmait-il à l'époque. Que n'assume-t-il pas ses propos aujourd'hui ?

Troisième pont : une véritable arnaque

Le troisième pont et ses échangeurs n'ont pas été conçus par l'actuel régime d'Abidjan. Il figurait déjà en 1996 dans les « 12 travaux de l’Eléphant d’Afrique» sous Henri Konan Bédié. C'est l'instabilité chronique créée de ces dernières années qui a retardé sa mise en œuvre. Malgré tout, Gbagbo l'avait relancé à 2010. Qu'est-ce que Ouattara a apporté au projet ? Premièrement, il a fait exploser le coût du pont (qui est passé de 75-80 milliards de FCFA à 125 milliards - le Premier ministre Daniel Kablan Duncan admettait le 11 janvier 2013 qu'il pourrait aller jusqu'à 175 milliards de FCFA, voire plus, sachant qu'une convention signée stipulait que le gouvernement devait payer une subvention de 50 milliards de FCFA dès avril 2012 et que tout retard entraînerait des coûts). Deuxièmement, il a réinstauré une formule à péage là où Gbagbo l'avait supprimée. L'addition sera salée pour l'Ivoirien ordinaire : 700 FCFA par passage ! Sans oublier que la Convention qui lie Bouygues à l'Etat prévoit également une exonération de TVA, de taxes sur les opérations bancaires (TOB), de droits de douanes et taxes douanières sur les biens et services acquis locale- ment ou importés dans le cadre de la construction, l’entretien et l’exploitation du 3ème pont « à compter de la date de signature de la Convention de Concession et jusqu’à la date du dernier remboursement des sommes dues au titre des Accords de financement ». Ce qui signifie que la Côte d’Ivoire va encore perdre plusieurs milliards francs CFA d’impôts divers. Non seulement l’Etat finance quasiment la construction du pont, mais malgré le péage, le contribuable va rembourser les prêts de financement sur… 30 ans. C’est une véritable arnaque ! Et cette arnaque est vendue comme une prouesse aux Ivoiriens.

Universités : on surfacture et on ponctionne les étudiants

Le candidat du RDR annonçait la construction de 5 universités en 5 ans. Il n’a jusque-là fait que changer les noms des universités publiques et transformé les URES de Daloa et de Korhogo en uni- versités sans réformes véritables ni investissements conséquents. Des détournements ont été révélés dans la réhabilitation des universités qui a coûté plus de 110 milliards francs Cfa. Malgré cela, le chef de l’Etat ne prendra pas de sanctions contre les prévaricateurs, à part le limogeage d'un lampiste, le DAAF du ministère de l’enseignement supérieur). Il ira jusqu'à féliciter le ministre, pourtant donneur d'ordres du DAAF en question. « Bacongo, je suis fier de toi », disait Alassane Ouattara le 3 septembre 2012, lors de l’ouverture offi- cielle des universités après deux années de fermeture. Lors du séminaire gouver- nemental le 31 mars 2014, le régime a annoncé la création de trois nouvelles universités cette année : Bondoukou, Man et San-Pedro. Soit à un an des prochaines élections. Alassane Ouattara prévoyait également dans son programme de gouvernement une bourse pour les meilleurs étudiants parce qu’ils sortent rapidement du sys- tème éducatif et coûtent moins cher à l’Etat. Curieusement, c’est sous sa gouvernance que les frais d’inscription dans les universités publiques ont connu une explosion vertigineuse en juillet 2012. Ces frais sont passés de 6 000 à 100 000 francs CFA pour les étudiants ivoiriens en licence, 200 000 francs CFA pour ceux qui sont en master et 300 000 FCFA pour le Doctorat. Soit une augmentation qui se situe entre 1 600% et 5 000% ! C’est inédit. C’est finalement après la vive protestation que ces augmentations excessives ont suscité que le 8 août 2012, le gouvernement décide de maintenir les frais d’inscription à 30 000 francs CFA pour les étudiants en licence. Toutefois, il précise que l’application des coûts fixés initialement est reportée dans 3 ans. Soit à partir de la rentrée 2015 ; l’année prochaine donc.

Austérité pour les fonctionnaires et travailleurs du privé

Alors que le gouvernement parle d’augmentations aujourd’hui, il avait déjà réduit indirectement les salaires des fonctionnaires par l’augmentation des cotisations sociales à la Caisse générale de retraite des agents de l’Etat (Cgrae). Le taux de cotisation est passé de 18% à 25%. 8,33% étant à la charge du fonctionnaire contre 6% par le passé, et 16,67% à la charge de l’Etat. De plus, la durée des cotisations a été allongée de 5 ans. Idem pour les travailleurs du secteur privé. Le gouvernement a décidé de l’augmentation du taux de cotisation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) qui est passé de 8 à 12% en 2012, puis à 14% depuis janvier 2013. Ces augmentations impliquent mécaniquement une réduction de leur pouvoir d’achat.

Comment les paysans sont « volés »

Contrairement au matraquage du gouvernement qui déclarait en fin d’année dernier dernière avoir versé des sommes « record » aux paysans, les acteurs du pilier de l’économie ivoirienne sont plutôt « volés », selon l’expression du Professeur Mamadou Koulibaly. « Notre Etat vole le pays. Ce n’est pas moral et les conséquences sont là. Les paysans sur lesquels repose le succès de ce pays sont aussi les plus pauvres », s’indignait-il dans une tribune le 28 mars dernier. En effet, explique l’ancien président de l’Assemblée nationale, pour la campagne intermédiaire 2013- 2014, le gouvernement a fixé le prix du kilogramme de cacao à 750 francs CFA au lieu de 908 francs CFA qui représente les 60% du prix sur le marché international que Ouattara avait juré de respecter. De leur côté, les producteurs de caoutchouc naturel prédisaient, fin 2013, la faillite de la filière hévéa cette année si le harcèlement fiscal du gouvernement ne cessait pas. Le gouvernement a en réalité ajouté trois nouvelles taxes, alors qu'il prélevait déjà 25% sur le bénéfice industriel et commercial des sociétés du secteur. Les usiniers ont été sommés de payer 5% de leurs chiffres d'affaires, une taxe de 7 500 FCFA par hectare planté et la TVA au moment de l'exportation. Une TVA qui doit en principe être remboursée par le gouvernement puisque l'hévéa est exporté. Mais qui ne l'est pas vraiment.

Le secteur privé et les commerçants rackettés

Ouattara a même fini par désenchanter le secteur privé par sa politique d’étranglement fiscal qui empêche les hommes d’affaires de mener efficacement leurs activités et détourne les investissements vers d’autres pays. Le secteur privé manifeste vertement son exaspération. « La richesse d’un pays se bâtie à long terme et non dans la mise en place d’une politique fiscale étouffante. Cette politique n’est pas bonne pour notre pays », s’indignait le 25 mars der- nier Jean Kacou Diagou, le président du Patronat ivoirien, pourtant membre émi- nent du RHDP, la coalition au pouvoir. Il a de quoi s'inquiéter. En effet, les données disponibles sur le site de la BCEAO donnent à voir une augmentation inédite des impôts directs. Entre 2010 et 2013, le PIB de la Côte d'Ivoire a augmenté de 14%. Pendant ce temps, les impôts directs touchant les entreprises et les particuliers en Côte d'Ivoire ont crû... de 91%. Soit les entreprises étaient trop peu taxées sous Gbagbo - ce qui n'est pas vrai -, soit le gouvernement a accru sa pression sur le secteur privé de manière inédite et suicidaire pour l'économie. En effet, le tissu des entreprises en Côte d'Ivoire est majoritairement composé de PME, voire de TPE (très petites entreprises). Avec quoi le petit patron investira-t-il ou embauchera-t-il, au sortir d'une guerre qui a détruit l'outil de production, s'il est à ce point dépouillé ? "Un contribuable qui payait en 2013, 36 mille par mois est passé en 2014 à 86 mille par mois. Celui de 52 mille par mois en 2013 paie 160 mille par mois en 2014", a récemment expliqué Farikou Soumahoro, porte-parole d'un collectif de commerçants. Avant d'accuser, selon le site Internet Koaci, l'opérateur Webb Fontaine (appartenant au mari de Fanta Ouattara, la fille d'Alassane Ouattara), de "surévaluer les importations".
Couverture médicale, emploi : le fiasco Ouattara ne fait pas ce qu’il a promis.
Prenons son ambition de créer un million d’emplois d’ici 2015. C’est le flou total sur la question de l’emploi. Pour masquer son impuissance à juguler le chômage inquiétant, le gouvernement demande de faire la distinction entre chômage et sous-emploi. Il se plait même à comptabiliser les emplois précaires liés aux grands travaux d’infrastructures, les travaux à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO). D’ailleurs, le régime qui affectionne l’agitation des chiffres afin des fins de propagande s’est curieusement gardé de donner le nombre d’emplois créés à ce jour lors du dernier séminaire gouvernemental qui faisait pourtant le bilan des activités de 2013. En outre, son projet de couverture médi- cal universel (CMU), mal calqué sur l’Assurance maladie universelle (AMU) de Gbagbo (et pour cause, Ouattara pro- mettait très démagogiquement que les assurés ne paieraient que 1000 FCFA pour bénéficier des soins), peine à se concrétiser. La politique de gratuité des soins puis de gratuité ciblée a lamenta- blement échoué : absence de médicaments, prise en chargé quasi-inexistante… La mort tragique du jeune mannequin Awa Fadiga a été le révé- lateur d'une imposture. Qu’en sera-t- il de l’efficacité de la CMU que le régime veut lancer cette année ?
"Gbagbo kafissa"

Ce n'est pas par militantisme politique que les femmes malinké des marchés d'Abidjan ont créé la formule "Gbagbo kafissa" ("Gbagbo était mieux"). Entrepreneuses fragiles, mères aux prises avec la réalité de l'explosion des prix de première consommation, elles savent mieux que quiconque que le gouvernement appauvrit les Ivoiriens en dépit des campagnes de communication envahissantes. Une source proche du ministère de l’Economie et des Finances assurait que le pouvoir avait commandité un sondage d’opinion pour jauger la perception des Ivoiriens sur son action. Résultat ? La majorité des sondés a estimé que les mesures du gouvernement ne contribuaient pas à améliorer leurs conditions de vie. Le régime d’Abidjan a donc décidé de mettre l’accent sur la communication pour voiler son incapacité à faire changer les choses. D’où les affiches redondantes et diffuses dans la ville d’Abidjan et à l’intérieur du pays sur le moindre acte posé.

Par Benjamin Silué

NB: Le titre est de la rédaction.