Scandale – Sentences procès des pro-Gbagbo: Simone Gbagbo 10 ans, Michel Gbagbo 5 ans, Affi N'guessan 24 mois (relaxe), Ake N'gbo 17 mois, Mme Bro-Grébé 24 mois, Général Dogbo Blé 20 ans

Par IVOIREBUSINESS - Sentences procès des pro-Gbagbo: Simone Gbagbo 10 ans, Michel Gbagbo 5 ans, Affi N'guessan 24 mois (relaxe), Ake N'gbo 17 mois, Mme Bro-Grébé 24 mois, Général Dogbo Blé 20 ans.

Une France 24.

Abidjan - Le parquet général a requis mardi dix ans de prison contre Simone Gbagbo, l’ex-Première
dame, désignée comme une protagoniste majeure de la sanglante crise
postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, malgré l’absence flagrante de preuves.
Les réquisitions du parquet sont libellées comme suit : Mme Gbagbo 10 ans, Michel Gbagbo 5 ans, Affi N'guessan 24 mois, Ake N'gbo 17 mois, Mme Bro-Grébé 24 mois, Gal Dogbo Blé 20 ans.
La peine exigée pour Affi N’guessan couvre largement sa période de détention provisoire. Il avait été arrêté le 22 avril 2011 et retenu un temps à l’hôtel Pergolas dans le sud d’Abidjan, avant d’être transféré à Bouna dans le nord est du pays. Le parquet a donc de fait requis sa relaxe.
Les auditions se poursuivent aujourd’hui mercredi 04 mars avec la plaidoirie des avocats des accusés.
La crise post-électorale, pour rappelle, est née du refus d’Alassane Dramane Ouattara de reconnaître sa défaite face au Président Laurent Gbagbo, déclaré élu par le Conseil constitutionnel la plus haute juridiction du pays.

Plus de 3.000 personnes ont péri entre décembre 2010 et mai 2011.

Mais si les deux camps se sont montrés coupables d’exactions, aucun
responsable pro-Ouattara n’est inquiété, nourrissant les accusations de
justice "politique" ou de "justice des vainqueurs".

L’avocat général Simon Yabo Odi a accusé Mme Gbagbo, épouse de
l’ex-président Laurent Gbagbo (actuellement détenu à La Haye où il doit être jugé par la Cour pénale internationale), de "troubles à l’ordre public",
"constitution de bandes armées" et "participation à un mouvement
insurrectionnel".

"Simone Gbagbo a bel et bien participé à la constitution de bandes armées à Abobo", une commune d’Abidjan dont elle était députée, a estimé M. Odi. "Ses hommes ont permis l’érection de barrages et participé à un mouvement insurrectionnel", a poursuivi le magistrat.

Le chef d’"atteinte à la sûreté de l’Etat", plus grave, qui a valu vingt
années d’emprisonnement requises contre une dizaine de ses co-accusés -dont le général Dogbo Blé, ancien chef de la garde républicaine-, n’a toutefois pas été retenu contre elle.

Ses avocats rejettent ses accusations. Contactés par l’AFP, ils n’ont pas
souhaité s’exprimer, réservant leurs commentaires pour leurs plaidoiries, qui se tiendront mercredi.

L’ex-Première dame s’est montrée très calme et attentive durant le
réquisitoire, qui a duré près de 4 heures. Elle est demeurée impassible
lorsque l’avocat général a enfin évoqué son cas, en toute fin d’audience.

Il y a huit jours, Simone Gbagbo avait eu l’air très à l’aise lors de sa
première audition après quatre années de silence public.

Confrontée à cinq témoins, dont deux ont affirmé l’avoir vu livrer des
armes à des jeunes d’Abidjan, elle avait calmement nié. "Je ne me reconnais pas dans les faits. Je ne connais pas ces personnes".

Parfois souriante, ironique ou cinglante, l’ex-Première dame s’était aussi livrée à une diatribe enflammée contre la France et le régime ivoirien actuel.

Simone Gbagbo, 65 ans, surnommée "la Dame de fer" ivoirienne quand son mari Laurent était au pouvoir, a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que redoutée comme "présidente" à poigne, souvent accusée d’être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans d’Alassane Ouattara, aujourd’hui au pouvoir, et qu’elle a toujours honni.

- ’Crimes contre l’humanité’ -

Elle est, tout comme son époux, accusée de "crimes contre l’humanité" par la Cour pénale internationale. Mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye au motif que la justice ivoirienne est en mesure de lui fournir un procès équitable.

82 personnes, presque toutes des soutiens de l’ex-président Gbagbo, sont jugées à ses côtés depuis fin décembre afin de déterminer leur rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011.

Ce procès, présenté comme le plus important pour la Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise, est entaché de nombreux manquements, aucune preuve matérielle n’ayant été fournie pour les confondre, dénoncent des organisations de la société civile et des sympathisants pro-Gbagbo.

Mardi, deux ans de prison ont par ailleurs été requis contre Pascal Affi
N’Guessan, le patron du Front populaire ivoirien (FPI), créé par Simone et
Laurent Gbagbo.

Seules les charges de "troubles à l’ordre public" ont été retenues contre
M. N’Guessan, qui comparait libre et souhaite représenter le FPI à la présidentielle d’octobre. Si les réquisitions devaient être suivies, sa peine
serait couverte par sa détention provisoire.

L’avocat général a aussi demandé 5 ans d’emprisonnement pour Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président Gbagbo, coupable selon le parquet d’"atteintes à l’ordre public" et "participation à un mouvement insurrectionnel".

"On a essayé de distribuer les peines", a dénoncé Me Mathurin Dirabou, un avocat de la défense. "Il y en a qui sont dans les mêmes cas, mais qui ont eu 24 mois ou 12 mois", a-t-il observé. Et de s’interroger : "Quel est le critère qui a détermine cette distribution de peines? Moi je n’en sais rien."

Lundi, l’avocat de l’Etat ivoirien, unique partie civile dans ce procès,
avait réclamé 3 milliards d’euros de dommages et intérêts aux accusés "pour tous les préjudices subis par l’Etat".

Eric Lassale